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Affaire Khalifa : Le grand déballage (1er partie)

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  • Affaire Khalifa : Le grand déballage (1er partie)

    Quand Rafik Khalifa signait des documents au nom de la République
    Khalifa avait ses entrées partout en Algérie. Il était consacré meilleur manager de l’année. Il a même été décoré par le président de l’Assemblée nationale, Karim Younès. Il se rapprochait du président Bouteflika fraîchement élu à la tête de l’Etat algérien. Il financera, comme on verra plus loin, les actions de la diplomatie parallèle et ira jusqu’à signer des contrats au nom de la République algérienne. Il était pratiquement un super-ministre sans portefeuille. Il était à la fois craint et respecté.

    Quelque 500 000 dollars ont été déboursés par Khalifa pour payer l’opération de lobbying engagée par le gouvernement algérien en vue de séduire l’administration, les membres du Congrès et les milieux d’affaires américains
    Ce matin, mardi 2 avril, s’ouvre à Blida le procès de ce qu’il est convenu d’appeler, l’escroquerie du siècle. Il s’agit de l’affaire du golden boy algérien, Rafik Moumen Khalifa. Un jeune homme qui avait défrayé la chronique européenne en juin 2001 lorsqu’il avait damé le pion aux grandes enseignes du monde du sponsoring et de l’industrie, tels le japonais Sony ou la grande chaîne de parfumerie Marionnaud ou Orange, l’opérateur européen de téléphonie pour succéder au géant suédois Ericson comme sponsor maillot du club phocéen, l’Olympique de Marseille. Un illustre inconnu qui venait proposer la meilleure offre au richissime propriétaire de l’OM, feu Robert Louis Dreyfus pour que s’affiche sur la tunique des joueurs marseillais un nom typiquement arabe «KHALIFA» accolé à une abréviation anglaise «AIRWAYS». Le contrat portait sur un apport annuel de pas moins de 18 millions de Francs français (l’Euro n’existait pas encore) et mise à la disposition du club d’un Airbus pour une durée de cinq années.
    Ce grand coup qu’il croyait avoir réussi, Khalifa le regrettera à jamais. Car en paraphant le contrat de l’OM, il attira sur lui l’attention des services secrets français. Du coup, il venait de signer l’acte final de son aventure. Une aventure énigmatique qui refuse encore de livrer tous ses secrets. Et ce ne serait pas une parodie de procès tenue en début de l’année 2007, qui réunit au banc des accusés 104 lampistes et 150 témoins dont trois ministres en fonction (juste de quoi jeter de la poudre aux yeux), qui réussira à faire toute la lumière sur une affaire qui a coûté au Trésor public algérien plus de deux milliards d’euros.
    Réfugié à Londres, Rafik Khalifa, qui fait aussi l’objet d’une information judiciaire, en France, pour « banqueroute, abus de biens sociaux et blanchiment de capitaux », à la suite de la faillite en juillet 2003 de la compagnie aérienne Khalifa Airways, sponsor de l’OM, n’est pas non plus disposé à livrer les noms de ses protecteurs et parrains. Ces derniers le lui rendent bien puisqu’ils font tout pour empêcher son extradition en dépit de l’existence d’une convention entre l’Algérie et le Royaume-Uni.

    En désespoir de cause, il fondait tous ses espoirs sur Ali Benflis

    Pour répondre à ses accusateurs, Khalifa s’est muré dans un silence qui en dit long sur son déficit en matière d’arguments plausibles. En tout et pour tout, il effectua trois sorties médiatiques au moment où se tenait son procès à Blida. Elles étaient toutes décevantes. Dans les entretiens qu’il avait accordés à la chaîne qatarie Al Jazeera, au quotidien français Le Figaro et à un hebdomadaire arabophone algérien, Rafik Moumen Khalifa avait parlé pour ne rien dire. Il s’entêtait à affirmer que sa banque n’était nullement en faillite et tentait de faire glisser l’affaire sur le champ politique en inventant un règlement de compte entre lui et le président Bouteflika. Cette belle invention, Khalifa la doit à Ali Benflis, l’ex-secrétaire général du FLN et candidat malheureux à la présidentielle en 2004 qui avait transformé son PC de candidat en studio dédié à la chaîne KHALIFA NEWS qui émettait à partir de Londres. Une chaîne qui se lança corps et âme au service d’Ali Benflis avec le résultat qu’on connaît. Il avait cru en l’ex-Premier ministre car ce dernier bénéficiait du soutien de quelques généraux dont feu Mohamed Lamari, Khaled Nezzar, Fodil Cherif et quelques grosses cylindrées de la presse nationale. Les assurances données par les colonels Hocine Chiat et feu Hadj Zoubir faisaient ressortir que l’institution militaire jouait la carte Benflis. De quoi croire fermement aux chances de l’ancien directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika en 1999.
    RAK s’accrochait, alors, à Benflis présenté comme le candidat de l’Armée. A cette époque, le glas avait déjà sonné pour lui. Sa chaîne de télévision, qui émettait à partir de Paris, avait fermé. Sa compagnie aérienne battait de l’aile et la banqueroute pointait du nez.
    RAK n’avait plus pour seul espoir de sauver son holding qu’une victoire d’Ali Benflis, l’homme qui tomba dans les bras du golden boy au stade 5-Juillet, alors qu’il était Premier ministre, au grand étonnement de Gérard Depardieu et d’un grand nombre d’invités au match de football Algérie-Olympique de Marseille.
    Malgré les menaces qu’il avait proférées au moment où son empire agonisait, RAK n’a pas donné un seul nom de ses protecteurs ni de ses mentors. D’ailleurs, en avait-il vraiment ou était-il si malin qu’il avait réussi à bluffer tout le monde y compris les hommes les plus puissants du régime ?
    De leur côté, ses complices jugés en Algérie, eux non plus, n’ont rien révélé sur les véritables commanditaires de l’escroquerie du siècle. Ils se sont limités à citer quelques noms de ministres convoqués par le tribunal en qualité de témoins. Parmi ces derniers, certains avaient largement leur place au box des accusés. L’un d’eux, le secrétaire général de l’organisation, Abdelmajid Sidi Saïd, qui avait reconnu devant le tribunal avoir signé un faux document pour renflouer les coffres de la banque de Khalifa avec l’argent des assurés sociaux. Tout comme il reconnut d’autres forfaits qu’il dit avoir commis par ce qu’il a appelé « le pouvoir de l’habitude. » Il s’est dit « responsable mais pas coupable ». Ce témoin quittera le tribunal libre et sans la moindre inquiétude, à bord d’une limousine blindée. Il laissera derrière lui le secrétaire national de l’administration et des finances de la centrale syndicale, Abdelali Meziani la facture du « responsable mais pas coupable » par deux années de prison.
    Il en est de même pour un agent de la Police des frontières exerçant à l’aéroport d’Alger d’où Khalifa sortait des sacs bourrés de dollars et d’euros à destination de la France. Ce policier reconnut avoir été corrompu par le milliardaire qui lui avait offert une voiture. Il ne sera pas non plus inquiété. Ce ne sont là que deux exemples parmi tant d’autres, qui relèvent parfois du burlesque, sur un procès dont le moins qu’on puisse dire était destiné à jeter de la poudre aux yeux pour éloigner les soupçons qui pesaient sur les véritables instigateurs de l’escroquerie du siècle. A aucun moment ne fut cité un seul haut responsable de l’appareil de l’Etat. Lorsque l’avocat général cite le nom du fils de l’ancien chef d’état major de l’armée algérienne, le général Mohamed Lamari, la presse- présente en force pourtant au tribunal- ne semblait pas prêter attention. C’était comme un lapsus qui ne méritait pas le moindre commentaire des journalistes présents.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Qui voulait piéger Bouteflika ?

    Au cours de ce procès, on n’évoquera pas non plus la relation étroite qu’entretenait Khalifa avec les plus hautes sphères du pouvoir. Il est bon de rappeler que des ministres faisaient appel à Rafik Khalifa pour régler certaines de leurs factures. Ce qui a été le cas de la ministre de la Culture qui avait demandé au golden boy de se substituer à son département ministériel pour payer le cachet du comédien égyptien Adel Imam, venu se produire à Alger, pour une somme mirobolante. Et ce n’est pas tout.
    Un document dont un quotidien algérien avait publié certains articles en fac-similé montre que les succès de la diplomatie algérienne auprès de la puissance américaine ont été financés par Rafik Khalifa, à la demande expresse du président Bouteflika lui-même. Quelque 500 000 dollars ont été déboursés par Khalifa pour payer l’opération de lobbying engagée par le gouvernement algérien en vue de séduire l’administration, les membres du Congrès et les milieux d’affaires américains.
    Qu’est-ce qui a obligé le président Bouteflika de faire appel à des fonds privés pour une telle opération de charme, alors que les entreprises d’Etat, dont la toute puissante société pétrolière Sonatrach, étaient en mesure de le faire ? Il est impensable que ce soit la lourdeur bureaucratique de ces institutions et de ces entreprises, qui l’ont obligé d’user de ce stratagème. Car, en Algérie, devant la volonté du chef, tous les subalternes se plient en quatre pour exécuter ses ordres. Des sources bien informées accusaient feu le général Larbi Belkhir, à l’époque, directeur de cabinet du président de la République et architecte du système algérien, n’est pas étranger d’être l’instigateur de ce « coup de génie » qui tenait coûte que coûte à impliquer le chef de l’Etat dans l’escroquerie du siècle. D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que Rafik Khalifa engagea dans son staff d’avocats, Abdelghani Bouteflika, le frère du Président qu’il rétribuait sans lui confier la moindre affaire.
    Rafik Khalifa se méfiait sérieusement du président Bouteflika qui n’avait pas manqué de manifester ses doutes quant à la réussite du golden boy algérien. C’était au début de son premier mandat en 2000 alors qu’il visitait le chantier du nouvel aéroport international d’Alger, le président, agacé par la répétition à tout bout de champ du nom de Rafik Khalifa, lança à l’adresse de l’assistance «c’est qui ce Khalifa ?» Une interrogation qui laissait entendre qu’il ne portait pas l’homme dans son cœur et qu’il allait s’occuper de lui.
    La réaction du Président fit trembler toute la faune qui protégeait le jeune milliardaire. On se rendait compte que Bouteflika ignorait même qu’Abdelmoumen Rafik Khalifa est le fils de son ancien collègue Khalifa Laroussi, ex-ambassadeur d’Algérie à Londres aux premières années de l’Indépendance. Au cours d’une communication téléphonique avec feu Larbi Belkheir, dans le cadre de la réalisation de ce dossier, et alors qu’il était en poste à Rabat, lui-même avoua qu’il n’avait pris connaissance de la filiation de Moumen que lors de la soirée organisée à la présidence en l’honneur des invités de marque du golden boy qui n’étaient autres que l’actrice Catherine Deneuve et l’acteur Gérard Depardieu venus, à Alger, assister à la rencontre de football qui avait opposé la sélection nationale à l’Olympique de Marseille, en contrepartie d’une prime de 30 000 euros. Evidemment, l’organisateur du match ne pouvait être que Rafik Abdelmoumen Khalifa. Ce dernier ne pouvait espérer meilleure irruption au cercle du président de la République.

    Il signe un accord avec une compagnie américaine au nom de la République

    Là où il met les pieds, Khalifa sort le chéquier. Y’a pas mieux pour impressionner et surtout montrer qu’il n’a rien d’un pique-assiette. C’est dans cet esprit qu’il prit en charge le financement de l’opération de lobbying qui portait sur un accord signé avec la boîte de communication la Good Works qui s’engageait à mettre en œuvre son savoir-faire et ses réseaux relationnels à tous les niveaux de l’administration US, du Congrès, des médias et des milieux d’affaires US en vue de promouvoir l’image de l’Algérie. Elle devait surtout combattre l’image négative de l’Algérie auprès des médias, des officiels et de l’opinion américaine, notamment du fait du terrorisme, des problèmes sociaux et de l’instabilité politique qui a caractérisé l’Algérie durant la décennie sanglante.
    L‘accord avec Good Works a été signé du côté algérien par Rafik Khalifa au nom de la République Algérienne Démocratique et Populaire. Mais comme le ridicule ne tue point, celui qui signait des documents d’une si grande importance au nom de la République algérienne s’est trouvé quelques années plus tard, poursuivi en justice pour escroquerie et association de malfaiteurs. Si l’escroc est tout indiqué, il n’en demeure pas moins que les malfaiteurs qui se sont associés à lui demeurent protégés par on ne sait quelle force occulte.

    Il a profité de l’opacité du système

    Certes Khalifa a escroqué du monde, mais il n’en demeure pas moins qu’il est un escroc pas comme les autres. « Sans des protections solides dans les plus hautes sphères de l’Etat, il n’aurait jamais réussi son coup. » C’est ce que ne cesse répéter la vox-populi. On a beau chercher des noms dans les hautes sphères de l’Etat, il s’avère que tous ceux qui ont été révélés à l’opinion publique se disent victimes d’intox pour ne pas dire qu’ils se sont empressés de se plier en quatre devant lui croyant qu’il était tout simplement associé à de puissants généraux de l’Armée. D’autres avouent tout simplement, comme me le disait feu Larbi Belkheir « quel mal y avait-il à faire affaire avec lui du moment que tout le monde en faisait » en réponse à la question que je lui avais posée au sujet de sa fille dont la boîte de communication avait un contrat avec le holding Khalifa.
    Rusé comme il était, Khalifa ne démentait jamais les relations supposées qu’on lui prêtait avec tel général ou telle personnalité influente. Bien au contraire, il nourrissait la rumeur et l’amplifiait tant elle le servait. Il lui arrivait même de monter des scenarii les plus invraisemblables.

    Vous lui avez ramené du liquide, il vous a donné du liquide
    « Une fois, il envoya deux de ses agents à bord d’une BMW au domicile du général Larbi Belkheir, alors directeur du cabinet à la présidence de la République », raconte l’un de ses proches collaborateurs. « Une fois à l’intérieur de la villa, ils sont invités au pavillon d’accueil où on leur sert du thé. Le lendemain, Abdelmoumen les interrogea : « Que vous a donné le général Belkheir, hier ? » Ils répondirent : « Il nous a bien accueillis et servi du thé.» Comme pour leur expliquer leur mission devant un parterre de collaborateurs, il leur glissa : « Vous lui avez ramené du liquide et il vous donné du liquide » insinuant par là que les deux agents avaient livré au général Belkheir des boîtes d’archives bourrées de billets de banque.
    Vraie ou fausse, cette histoire renseigne parfaitement sur le système Khalifa qui laisse supposer qu’il est le financier, l’associé et l’ami des hommes puissants du système. Un système si opaque qu’il est difficile de savoir qui fait quoi et qui est qui. Il suffit qu’on vous voie prendre un café avec le fils d’un général de l’Armée ou d’un dignitaire du régime pour que vous soyez respecté, adulé et surtout craint. C’est en appliquant cette règle que de nombreux ministres et hauts responsables ont donné instruction à ouvrir des comptes à coups de milliards de dinars à la banque Khalifa qui sera le point de départ de la grande aventure qui mènera le petit pharmacien de Chéraga vers des horizons que lui-même était loin d’imaginer.
    Dossier élaboré par Hichem ABOUD
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Affaire Khalifa : le grand déballage (2ème partie)

      Naissance d’un phénomène

      Son affaire démarrait en 1995 par une modeste entreprise au capital de 210 000 Francs Français. Il était associé à deux ressortissants français pour fabriquer du mercurochrome. En peu d’années, il construit un empire et s’achète tout ce qui se présente à lui y compris des ministres et des patrons de presse.
      L'histoire familiale de Rafik Abdelmoumen Khalifa n'a rien d'un long oued tranquille. Son père, Laroussi Khalifa, ingénieur agronome, héros de la Révolution algérienne, fut un proche d'Ahmed Ben Bella, qui lui confia la mise en place des services secrets algériens avant de le nommer, lors de l'Indépendance en 1962, ministre de l'Énergie et de l'Industrie. Devenu ambassadeur à Londres, puis Directeur général d'Air Algérie, Laroussi Khalifa n'est pas en odeur de sainteté dans les sphères du nouveau régime de Boumediene, qui a succédé à Ben Bella en 1965. Il est jeté pour deux ans en prison de 1967 à 1969 par un tribunal militaire, pour subversion. A sa sortie, le père de Rafik commence des études de pharmacie, se range officiellement de la politique et ouvre une officine à Chéraga, qui n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Laroussi décède en 1990. Rafik avait alors 25 ans.

      « Le hasard providentiel » en plein ciel

      «Cette filiation donne à Rafik une certaine virginité politique», reconnaît un spécialiste de la politique économique algérienne, sous couvert d'anonymat. La politique ? Rafik affirme s'en désintéresser. « Je suis apolitique. Je veux tout simplement rendre service à mon pays.» A la journaliste canadienne Denyse Beaulieu, auteure de sa biographie, «Histoire d'un envol», Rafik Khalifa a livré sa légende. A l'en croire, son succès doit tout au culot et à la chance. Le laboratoire de génériques ? Il le lance alors même qu'en Algérie «la notion de mise sur le marché n'existe pas». Mais son optimisme et son obstination paient, puisqu'il obtient miraculeusement « l'agrément du ministère de la Santé : l'agrément numéro 001». La banque ? De l'aveu même de Rafik, longtemps les lenteurs administratives ont empêché sa création, «jusqu'à ce qu'un hasard providentiel débloque la situation ». Parce qu'il rate trois avions de suite, il est placé, dans le quatrième, à côté d'un haut fonctionnaire qui lui accorde - nouveau miracle - le fameux agrément !
      La compagnie aérienne ? «Grâce au succès de KRG Pharma et d'El Khalifa Bank, nous avons disposé des revenus suffisants pour procéder à un nouveau déploiement stratégique et créer une compagnie aérienne privée.» « En tant qu'homme d'affaires, je voyais qu'il était devenu de plus en plus difficile de voyager en Algérie et de rejoindre le reste des grandes villes du monde », explique Rafik. « Et puis, notre expérience dans la banque nous a appris à faire du leasing. On a loué notre premier avion, un Airbus A 310-300, chez Airbus, qui nous a aidés ensuite et a cru en nous. »
      Magique ? Pas si simple. Rafik, pharmacien de son état, a bien commencé dans la production de médicaments génériques. Mais pas vraiment seul. Il s'est associé avec le fils d'un général, dit-on. Un général dont on ne saura jamais le nom tant Rafik Khalifa laissait entendre qu’il était en affaire avec des généraux sinon leurs enfants, sans révéler un seul nom. Après la chute de son empire, on s’attendait à ce qu’il livre quelques noms ne serait-ce que pour se venger de ces « associés puissants » qui l’ont lâché. Mais, il n’en fut rien. Il n’a jamais cité un seul nom de ses supposés protecteurs malgré sa descente aux enfers.
      Au bout de deux ans, il dit s’être séparé de son ami, le fils du général. Il en serait ressorti avec un pactole de 40 millions de dinars (4 milliards de centimes). Il se serait aussi enrichi, disent les mauvaises langues, en important, sous couvert de médicaments (faiblement taxés en droits de douane), des produits alimentaires ou industriels. Cela reste à vérifier.

      Du mercurochrome pour créer l’empire Khalifa

      Mais, ce qui est certain et cela est prouvé, c’est que son ascension a pris pour point de départ la création le 24 mai 1995 en France de la SARL KRG PHARMA dont le siège social se trouvait au TECHNOPARC ESPACE CRISTAL 22 RUE GUSTAVE EIFFEL 78300 POISSY. Son capital était d’un montant de 210 000 Francs Français (soit vingt et un millions d’anciens francs) divisé en 210 parts de 1000 FF chacune et réparti à parts égales. Elle était inscrite au greffe du tribunal du commerce de Versailles sous le numéro 401 421 599. Elle entra en exercice le 1er juin 1995. Rafik Abdelmoumen Khalifa a été désigné gérant de la société. La gérance changera de mains quelques années plus tard pour qu’elle soit confiée à son épouse Nadia Khalifa Amirouchen.
      Les associés de RAK dans cette première entreprise étaient tous des Français. Aucun d’eux n’avait la moindre relation parentale avec un général de l’armée algérienne ou un haut dignitaire du régime. Ses associés étaient :
      Sami Jacques KASSA, né le 28 juillet 1965 à Fumel dans le 47 (France), demeurant route de Cintegabelle 31190 Auterive, Gabriel Marcel Auguste Michel REYMOND né le 25 septembre 1947 à Annonay 07100 (France), demeurant au 33, rue du Dr Maurer 78630 Orgeval. Le troisième associé n’était autre que Rafik Abdelmoumen Khalifa né le10 octobre 1966 à Béjaïa (Algérie), de nationalité algérienne, demeurant au 2 rue Souidani Boudjemaâ, Chéraga – Alger.
      KGR PHARMA avait pour objet, selon ses statuts, « l’exportation et l’importation de tous les intrants destinés à l’industrie pharmaceutique, parapharmaceutique, cosmétique, agroalimentaire, le conditionnement à façon et plus généralement toute opération se rattachant directement ou indirectement à cet objet social».
      L’unité de fabrication de cette entreprise se trouvait dans la zone industrielle des Estroublans, au 4, rue de Dublin à Vitrolles 13127.
      Jusqu’ici, les choses semblaient claires, et il n’y a rien d’anormal chez ce jeune brun, trapu, au regard timide et à qui fait défaut l’étoffe d’un homme d’affaires. Cette société au modeste capital de 210 000 FF s’était spécialisée dans le mercurochrome qu’elle exportait vers l’Algérie. Ses bénéfices étaient dérisoires et, d’ailleurs, elle sera radiée du registre du commerce le 16 novembre 1999. Dans l’empire qui venait de voir le jour avec la Khalifa Bank, Khalifa Airways, Khalifa construction et Khalifa Rent car, la petite unité de fabrication de mercurochrome était insignifiante. Cela étant, elle a été à l’origine de l’ascension de celui qui allait être le phénoménal capitaine d’industrie qui pulvérisa tous les records du monde en matière d’évolution.

      Rebrab devant Khalifa ? Un nain

      «Économiquement, il est impossible d'émerger en deux ans, en sortant du néant» selon l'économiste algérien Arsiam Chikhaoui, conférencier à l'Ifri, à la tête du cabinet Transactions Nord-Sud. «Aucune des trois clés qui font le succès d'une entreprise - organisation, discipline, esprit d'équipe - ne sont présentes chez Khalifa.» «Comment ce jeune homme a-t-il pu réussir aussi vite, quand l'industriel Issad Rebrab a mis trente ans pour bâtir Cevital ?», poursuit un de ses pairs. Il faut rappeler que Cevital est le deuxième groupe privé d'Algérie. Mais avec ses 300 millions de dollars de chiffre d'affaires, réalisé dans la métallurgie, la presse, la distribution automobile, l'agroalimentaire, et ses 2500 salariés à la fin des années 1990, il était un nain devant l’empire du prodigieux Khalifa.
      Pourtant, ceux qui l’ont connu de près avouent que le jeune homme n’a rien d’exceptionnel sauf qu’il force sur la bouteille pour vaincre sa timidité et son manque de charisme en côtoyant les grands du monde du business. Ils sont nombreux à dire que RAK prend son premier verre d’alcool aux environs de 10 heures pour se trouver bien grisé dès 16 heures. Ceux qui ont suivi son dernier passage sur la chaîne Al-Jazeera, où il était attendu pour provoquer le séisme tant attendu en donnant les noms de ses sponsors, ont relevé l’état d’ébriété avancée dans lequel il se trouvait. Pis encore, il s’est montré mauvais parleur. C’est ce qui a fait écrire à un chroniqueur d’un quotidien arabophone algérien au lendemain de sa piètre prestation sur la chaîne qatarie : « J’aimerais bien que les dirigeants algériens disent qu’ils étaient complices de Khalifa plutôt que de dire s’être faits rouler par cet homme.»
      Sans génie et sans charisme, Rafik Abdelmoumen Khalifa a joué d’autres cartes. La ruse, le bluff et le chèque. Des atouts largement suffisants pour amener ministres, journalistes, stars du showbiz et hommes politiques à croire en lui et à …le craindre. Oui, il était craint, le petit pharmacien de Chéraga, devenu archimilliardaire. Un avocat célèbre sur la place d’Alger et proche du pouvoir témoigne, dans un journal algérien, sur la puissance de ce phénomène : «Lors d’une fête organisée à l’hôtel Saint-Georges pour décorer Rafik Khalifa pour le sponsoring de clubs de football, c’était la veille du 27e jour de Ramadhan, et comme par hasard, le siège sur lequel il s’est installé était à côté du mien, devant une table qui n’avait que deux sièges. Il y avait plusieurs ministres. J’ai été écœuré de découvrir que Khalifa était dans un état d’ivresse complet en ce jour du mois de jeûne. Je l’ai appris quand je lui ai donné l’accolade et les ministres qui étaient présents à cette fête l’ont su de la même façon.» Retenons bien ce témoignage. RAK ivre en plein mois de Ramadhan et un panel de ministres lui donnant l’accolade. Personne ne s’est offusqué ou osé lui faire la moindre remarque. Il les a tous achetés. Et pour pas cher pour beaucoup d’entre eux. Il a pris d’eux plus que ce qu’il en a donné.
      Par Hichem ABOUD
      A suivre…
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

      Commentaire


      • #4
        donc.. comme ça .. on nous ressort l'affaire KHALIFA ?!
        za3'ma !!.. notre justice s'est ressaisi du dossier.. bien avant que des faits nouveaux apparaissent
        Pour une fois, cette soi-disant justice intervient en premier ! .. bien avant le grand déballage des médias britanniques..

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