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L’histoire d’une enquête inachevée

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  • L’histoire d’une enquête inachevée

    Un vieil homme nous a relaté hier, comment son fils a été enlevé en 1993, et affirme avoir reçu, il y a quatre jours une convocation, pour l’ouverture d’une nouvelle enquête sur son cas.

    Les manifestants se sont dispersés vers 11h 30. Comme toujours, ils rentreront chez eux avec le coeur gros de chagrin et la gorge serrée de sanglots étouffés. C’est à ce moment que le vieil homme s’est approché de nous. Il titubait presque. « Mon fils a été enlevé en 1993 lorsque des policiers sont venus m’ordonner de fermer le café que j’avais au niveau de Birkhadem, » a-t-il commencé par nous dire. « J’ai rouspété, ils m’ont alors amené au commissariat, mon fils m’a rejoint, ils m’ont repoussé violemment et ont gardé mon fils. J’ai voulu comprendre pourquoi, ils m’ont demandé de revenir le lendemain. C’est ce que j’ai fait, mais ils m’ont dit qu’ils ne l’avaient pas vu. Ils ne l’avaient pas inscrit sur leur registre. Sur mon insistance, ils me demandent d’aller voir le procureur de la république du tribunal de Bir Mourad Raïs.

    Ce dernier m’a dit, après plusieurs va et vient, de signer des documents qui devaient me faire dire que j’ai su qu’il était mort pour qu’on me remette, comme le procureur me l’a dit, un acte de décès en contrepartie, parce que m’a-t-il encore dit, c’est le gouvernement qui nous le demande.J’ai refusé de signer. Et depuis, je traîne ma douleur à ce jour car je connais ceux qui ont enlevé mon fils. » Le vieil homme est conscient qu’il ne reverra plus son fils. « Mais je demande qu’ils me confirment qu’il est mort et qu’on me donne son corps, je pourrais le pleurer. » Il exhibe une convocation du commissariat de Bir Mourad Raïs datée du 06. 12. 2012, c’est-à-dire d’il y a quatre jours. « J’ai été les voir, ils m’ont dit que l’enquête qu’ils ont menée pour rechercher mon fils n’a pas aboutie. Ils voulaient alors que je leur donne mon accord pour enclencher une autre enquête, je ne peux que dire oui, bien sûr, » nous dit-il.

    Interrogé hier par nos soins, sur le rebondissement du cas de ce disparu, alors qu’il avait déclaré le dossier clos, Maître Farouk Ksentini nous affirme n’être pas au courant de ce genre d’affaires. « Mais s’ils décident de poursuivre l’investigation, tant mieux, c’est bien, ça ne peut que me réconforter, peut-être qu’ils pourront mettre toute la lumière, au moins sur certains cas de disparitions, » nous ditil. Il nous explique que le problème est très compliqué. « Les personnes qui ont interpellées les citoyens disparus nous disent que ce ne sont pas elles qui les ont interrogées, et ceux qui les ont interrogées nous disent qu’après l’avoir fait, ils les ont relâchées, comment alors savoir et trouver la vérité ? » interroge Maître Ksentini. Il rappelle que « 95% des familles ont acceptées de percevoir des indemnités financières. » Mais lui avions-nous dit, « beaucoup nous disent qu’elles ont regrettées et d’autres qu’elles refusent de vendre leurs enfants. » Le président de la commission des droits de l’Homme nous explique qu’« il ne s’agit nullement de vendre leurs enfants, c’est un raccourci inadmissible que de le penser, on l’a fait parce qu’on estime que c’est un acte de solidarité nationale et rien d’autre. » Ce sont, selon lui, 7200 familles qui ont déclaré des proches à eux disparus et leurs requêtes sont enregistrées au niveau de la commission qu’il préside.

    Interrogé sur les probabilités d’une amnistie générale, Maître Ksentini nous répond « c’est une affaire du président de la république, mais je souhaite que ça se fasse. » Pour l’homme de loi qu’il est, il pense « qu’une amnistie pourrait régler tous les problèmes. » Il en explique les objectifs : « pendant les années 90, il y a eu deux camps, ceux qui défendaient l’ordre républicain et ont commis des dépassements et ceux qui étaient des terroristes et ont commis des crimes. » Pour ces derniers, « il rappelle qu’« ils ont été pardonnés par l’Etat, à la faveur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. » Pour ce qui est des premiers, il interroge « est-ce que c’est le moment de poursuivre les agents de l’Etat pour les dépassements qu’ils ont commis ? » Il répond de suite « ce serait singulier.

    En plus, ce serait un paradoxe, puisque les criminels ont été pardonnés. » Maître Ksentini ne manque pas de souligner à l’attention des familles de disparus qui l’accusent d’avoir « trahi leur cause » que « ces familles oublient une chose, que je ne suis qu’une simple commission consultative, je n’ai aucun pouvoir. Je ne suis pas un homme politique, je suis un juriste. » Il rappelle ainsi qu’ « à la limite, j’aurais pu ne pas du tout m’occuper de la question des disparus, personne ne m’a demandé de faire quoi que ce soit. C’est à titre humanitaire que je l’ai fait, pour tenter de soulager ces familles. » Le traitement de ce dossier dit-il « ce n’est ni dans mes prérogatives ni dans mes statuts. »

    Il rappelle que sa mission est de « promouvoir les droits de l’Homme, de les protéger et de les préserver. » Nous lui demandons alors « le droit à la vie relève de quelle instance ? » Il nous répond « des droits de l’Homme, je sais, mais on me demande de répondre de disparitions qui se sont produites dans une période où je n’existais pas en tant que commission. »


    mardi 11 décembre 2012, par Dznet
    Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994
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