En quête de popularité, François Hollande effectue depuis hier une visite au Maroc avec qui, selon l’Elysée, existe une «relation bilatérale sans tache». Certes, il sera question de contrats – plus de 60 chefs d’entreprise accompagnent le chef de l’Etat français – et ce même si l’Elysée s’en défend et préfère parler de «signatures» venant «en accompagnement» de projets déjà lancés (TGV, métro).
Mais il sera surtout question du Mali et de la Syrie, et sans doute – cela ne figure pas dans le menu de la visite – du Sahara occidental. Il faut rappeler que la monarchie marocaine a bâti sa légitimité sur la marocanité du Sahara occidental. Ce fut l’objectif de la «marche verte» à laquelle s’est ralliée par opportunisme une partie de l’opposition marocaine de crainte de se voir accusée d’être contre les intérêts «nationaux» du Maroc.
Toute la question est de savoir pourquoi Paris soutient le projet d’autonomie du Sahara occidental et refuse de se prononcer pour le droit à l’autodétermination des Sahraouis que lui reconnaissent les résolutions de l’ONU. A cela plusieurs raisons dont celle d’éviter une déstabilisation du Maroc pouvant entraîner la chute d’un régime qui a été de tout temps invariablement un acteur loyal et docile envers l’Occident capitaliste.
Et à en croire l’opposition non parlementaire marocaine, celle qui se réclame de la gauche marxiste, la France ne soutient pas le droit à l’autodétermination des Sahraouis parce qu’en cas de victoire du «oui» à l’indépendance du Sahara occidental, le régime marocain, qui a donc bâti toute sa légitimité sur cette question, risque de s’effondrer. Par conséquent, estiment ces «mauvaises» langues, la France a bien intérêt à ce que la crise du Sahara ne trouve pas d’issue défavorable à la monarchie marocaine.
En rapport avec cette question, François Hollande aurait l’intention d’aborder la question des droits de l’Homme. Accusé par le parti d’opposition marocain «La Voie démocratique» d’aller défendre la France-Afrique au Maroc et non le respect des valeurs universelles de démocratie et de liberté, Paris devrait exhorter les autorités marocaines à garantir le respect des droits humains. Plus de 170 militants associatifs, syndicalistes ont été condamnés en 2012 à des peines allant de six mois à 12 ans de prison. Le 17 février, dans l’affaire des affrontements du camp de Gdaim Izik au Sahara occidental, 25 Sahraouis dont des militants des droits de l’Homme ont été condamnés par le tribunal militaire à de lourdes peines de prison (dont neuf à perpétuité) sur la base d’aveux extorqués, accuse l’ONG Human Rights Watch.
Une certitude, la gauche radicale marocaine et les ONG marocaines de défense des droits de l’Homme, demandent au chef de l’Etat français non seulement que la Maroc respecte les droits de l’Homme mais libère aussi tous les prisonniers politiques.
Nul doute, que le président français trouvera les mots pour ne pas froisser ses hôtes marocains. D’autant que l’ex-président de la FIDH Driss al-Yazimi, nommé par Mohamed VI président du Conseil national des droits de l’Homme, qui s’est distingué par son silence face aux violations des droits de l’Homme et les cas de torture, a déjà entrepris un travail de lobbying auprès de ses amis socialistes français pour vanter «la transition démocratique» au Maroc et convaincre qu’en matière de respect des droits humains, tout va pour le mieux dans le royaume. En ce qui concerne le Mali, le Maroc, à l’instar de l’Algérie, a autorisé le survol de son espace aérien par les avions de guerre français. Un pas qui devrait, selon les souhaits de la monarchie marocaine, en appeler d’autres dont une participation de l’armée marocaine à la sécurisation du Mali en guerre contre l’Aqmi.
Déployer son armée à la frontière sud de l’Algérie sous prétexte de lutter contre le terrorisme islamiste est un rêve que caresse le Makhzen depuis quelque temps.
L’armée marocaine qui, selon l’opposition non parlementaire marocaine, est «une armée aux ordres» de Paris et Washington, a déjà pris part à des interventions militaires en Afrique en soutien aux forces françaises, notamment au Congo démocratique. Et cela ne lui déplairait pas de récidiver dans le cas de la crise malienne. D’autant que la France, sous le «règne» de Nicolas Sarkozy et, dit-on, aujourd’hui sous la gouvernance socialiste, n’est pas franchement opposée à une participation militaire marocaine dans le cadre d’une force onusienne ! Affaire à suivre, en tout cas.
Par Hassane Zerrouky- Le Soir
Mais il sera surtout question du Mali et de la Syrie, et sans doute – cela ne figure pas dans le menu de la visite – du Sahara occidental. Il faut rappeler que la monarchie marocaine a bâti sa légitimité sur la marocanité du Sahara occidental. Ce fut l’objectif de la «marche verte» à laquelle s’est ralliée par opportunisme une partie de l’opposition marocaine de crainte de se voir accusée d’être contre les intérêts «nationaux» du Maroc.
Toute la question est de savoir pourquoi Paris soutient le projet d’autonomie du Sahara occidental et refuse de se prononcer pour le droit à l’autodétermination des Sahraouis que lui reconnaissent les résolutions de l’ONU. A cela plusieurs raisons dont celle d’éviter une déstabilisation du Maroc pouvant entraîner la chute d’un régime qui a été de tout temps invariablement un acteur loyal et docile envers l’Occident capitaliste.
Et à en croire l’opposition non parlementaire marocaine, celle qui se réclame de la gauche marxiste, la France ne soutient pas le droit à l’autodétermination des Sahraouis parce qu’en cas de victoire du «oui» à l’indépendance du Sahara occidental, le régime marocain, qui a donc bâti toute sa légitimité sur cette question, risque de s’effondrer. Par conséquent, estiment ces «mauvaises» langues, la France a bien intérêt à ce que la crise du Sahara ne trouve pas d’issue défavorable à la monarchie marocaine.
En rapport avec cette question, François Hollande aurait l’intention d’aborder la question des droits de l’Homme. Accusé par le parti d’opposition marocain «La Voie démocratique» d’aller défendre la France-Afrique au Maroc et non le respect des valeurs universelles de démocratie et de liberté, Paris devrait exhorter les autorités marocaines à garantir le respect des droits humains. Plus de 170 militants associatifs, syndicalistes ont été condamnés en 2012 à des peines allant de six mois à 12 ans de prison. Le 17 février, dans l’affaire des affrontements du camp de Gdaim Izik au Sahara occidental, 25 Sahraouis dont des militants des droits de l’Homme ont été condamnés par le tribunal militaire à de lourdes peines de prison (dont neuf à perpétuité) sur la base d’aveux extorqués, accuse l’ONG Human Rights Watch.
Une certitude, la gauche radicale marocaine et les ONG marocaines de défense des droits de l’Homme, demandent au chef de l’Etat français non seulement que la Maroc respecte les droits de l’Homme mais libère aussi tous les prisonniers politiques.
Nul doute, que le président français trouvera les mots pour ne pas froisser ses hôtes marocains. D’autant que l’ex-président de la FIDH Driss al-Yazimi, nommé par Mohamed VI président du Conseil national des droits de l’Homme, qui s’est distingué par son silence face aux violations des droits de l’Homme et les cas de torture, a déjà entrepris un travail de lobbying auprès de ses amis socialistes français pour vanter «la transition démocratique» au Maroc et convaincre qu’en matière de respect des droits humains, tout va pour le mieux dans le royaume. En ce qui concerne le Mali, le Maroc, à l’instar de l’Algérie, a autorisé le survol de son espace aérien par les avions de guerre français. Un pas qui devrait, selon les souhaits de la monarchie marocaine, en appeler d’autres dont une participation de l’armée marocaine à la sécurisation du Mali en guerre contre l’Aqmi.
Déployer son armée à la frontière sud de l’Algérie sous prétexte de lutter contre le terrorisme islamiste est un rêve que caresse le Makhzen depuis quelque temps.
L’armée marocaine qui, selon l’opposition non parlementaire marocaine, est «une armée aux ordres» de Paris et Washington, a déjà pris part à des interventions militaires en Afrique en soutien aux forces françaises, notamment au Congo démocratique. Et cela ne lui déplairait pas de récidiver dans le cas de la crise malienne. D’autant que la France, sous le «règne» de Nicolas Sarkozy et, dit-on, aujourd’hui sous la gouvernance socialiste, n’est pas franchement opposée à une participation militaire marocaine dans le cadre d’une force onusienne ! Affaire à suivre, en tout cas.
Par Hassane Zerrouky- Le Soir
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