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L'enfant des deux mondes de Karima berger

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  • L'enfant des deux mondes de Karima berger

    Mohammed Dib dit de ce roman: «C'est une bien belle oeuvre que vous avez écrite là, si juste de ton, pudique et passionnée à la fois, sobre mais aiguë d'expression, si aiguë par moments qu'on se sent transpercé jusqu'en ses fibres les plus intimes.»

    De l'école Richard à Médéa, à l'université en France c'est peut être une suite logique? L'enfant des deux mondes, roman de Karima berger se déclinant à la première personne du singulier est un roman qui sonne la dualité de l'être complexe, aussi bien riche qu'il est de ses deux cultures. Une richesse qui n'est pas sans heurts pour un enfant vivant au milieu de français à l'aube de l'Indépendance.
    Pourtant, ses parents l'éduquent en français, la langue qui donne accès à «la plus belle des cultures». En plus de raconter sa vie et sa jeunesse, ce roman dévoile ainsi toutes les contradictions existentielles qui ont fait partie d'elle-même comme son rapport à la langue.

    De son attirance pour la langue arabe dont elle apprend par coeur le coran en le récitant sans en comprendre la signification des mots à la douceur voluptueuse de la poésie française qui renvoient au rites religieux de ses amis chrétiens dont elle cherchera longtemps à trouver les similitudes et faire écho à ses états d'âme de musulmane. Sa pensée, sa sensualité naissante évoluent dans cette double référence qu'elle n'en finit pas de vouloir traduire. «Seuls les musulmans iront au Paradis», affirmait sa grand-mère quand elle était enfant, dans une ville paisible de l'Algérie coloniale des années cinquante. «Divisée, parfois déchirée, elle interroge les certitudes des adultes, rêvant d'être une enfant épargnée par l'équivoque qui creuse peu à peu son être. A l'image d'une Algérie qui, trop vite après l'Indépendance, a voulu oublier sa part française, cette étrangeté enracinée en elle».

    Mohammed Dib dit de ce roman: «C'est une bien belle oeuvre que vous avez écrite là, si juste de ton, pudique et passionnée à la fois, sobre mais aiguë d'expression, si aiguë par moments qu'on se sent transpercé jusqu'en ses fibres les plus intimes, et quelle émotion n'éprouve-t-on pas alors! Vous avez une voix bien à vous, et c'est cela l'important et cela fait de votre oeuvre, l'une des plus belles qu'il m'ait été donné de lire depuis longtemps.»


    La fillette sans nom prendra vite conscience d'être au centre de deux monde. Elle habitait une ville séparée en deux. Sur les hauteurs, le quartier français et plus bas la ville arabe aux maisons hautement protégés et entre les deux une frontière représentée par une grande place. Apres l'école française, c'est à la medersa, école coranique qu'elle fera son apprentissage de la langue arabe.

    Cette langue dénaturée après l'Indépendance sera enseigné par les coopérants égyptiens et syriens et dont l'accent sonnera complètement faux. Un fait connu par les Algériens que l'auteur dénonce de façon naïve et qui effectivement contribua plus à l'éloignement des Algériens de leur propre langue qu'au rapprochement. Une émotion en réalité qu'elle ne retrouvera plus dans cette langue déchue.

    Adolescente, elle entera au lycée Hassiba Ben Bouali d'Alger. Alger n'était pas Médéa. Le français était la langue mal aimée. Mais elle, vite fera la différence avec les autres filles. Elle ne portait ni le foulard, ni le pantalon sous la jupe, «ce premier voilement». Les filles, comme elles «se reconnaissaient vite, elles qui avaient vécu entrer les deux mondes». «de la poésie arabe, le coran, elle ne pouvait les lire qu'en miroir d'une traduction française» lit -on.

    Enfant, elle voyait ses copines recevoir des cadeaux de Noël, des poupées. Elle recevra elle, à 10 ans, une combinaison en soie en guise de demande de pré-fiançailles! Bref,

    L'enfant des deux mondes est un livre qui se lit d'une traite car truffé de délicieuse anecdotes qui font la richesse de la vie et la particularité chez chaque individu. Pas de phrases alambiquées ni de langue taciturne ou, encore moins de recherche d'esthétisme frivole caractérisée.
    L'auteur ne cherche qu'à se raconter en nous livrant une partie d'elle même, en faisant confiance au destin, à ses lecteurs... la deuxième partie du roman est une vraie délectation où les mots se font l'écho de la beauté de la vie et ses contrastes. Car parfois dire est meilleur que de se penser.. Née à Ténès en Algérie, après des études, à l'Université d'Alger, Karima Berger part en France en 1975 pour préparer un doctorat de sciences politiques sur le thème du nationalisme. Apres plusieurs publications universitaires, elle s'oriente vers l'écriture littéraire et publie plusieurs romans. L'enfant des deux mondes a été réédité chez El Ibriz, maison d'édition algérienne, après être sorti en France.

    Par O. HIND- L' Expression
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