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Il est mort le poète Mustapha Toumi

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    Mustapha Toumi, compositeur engagé : Il est mort le poète








    Le grand poète, parolier et auteur mythique de la chanson chaâbi Sobhane Allah Ya Eltif immortalisée par cheikh El hadj M’hamed El Anka, Mustapha Toumi, est décédé, à l’âge de 76 ans, dans la nuit de mardi à mercredi à l’hôpital Mustapha-Pacha, à Alger. «Le lion, même mort, reste un lion.» Mustapha Toumi, poète, parolier, compositeur, politicien, militant de la cause nationale et grand homme de culture, s’est éteint dans la nuit de mardi à mercredi, à l’âge de 76 ans.

    L’homme à la longue barbe blanche avait rénové le melhoûn en signant, en 1970, l’un des textes les plus emblématiques de la chanson chaâbi. La qacida Sobhane Allah Ya Eltif, interprétée par hadj M’hamed El Anka, évoque à la fois l’injustice, la corruption, la transformation sociale et l’inversion des valeurs. Elle dresse un constat politique qui reste, 40 années plus tard, toujours d’actualité. «Je ne suis pas cultivé, écrit-il, j’ai eu pour maîtres la faim et le dénuement.» «Un lion déclame-t-il, demeure un lion; même vieillissant, les loups le redoutent. On ne peut être mené et mener à la fois, tenir la barre au plus fort de la tempête. L’auteur de cette composition poétique n’est pas un illuminé.» Se confiant sur les colonnes du journal El Watan, il disait vouloir exprimer, à travers cette qacida, ce que les Algériens vivaient. «Tout ce que je dis dans la chanson est arrivé, soulignait-il. Ce n’est pas de ma faute. Moi, j’ai prévenu. C’est l’éternel problème de Cassandre. Quand quelqu’un prévient, ça devient lui l’auteur de ce qui se produit par la suite. J’avais prévenu la régression et la régression on y est en plein dedans. On est loin de tous les schémas rationnels.»

    Mustapha Toumi est né à La Casbah en 1937. Il manifeste, très tôt, un penchant pour les arts. Il fait ainsi du théâtre radiophonique en kabyle, en arabe et des jeux radiophoniques en français. Il publie, parallèlement, des poèmes dans Alger Républicain et joue avec Mustapha Kateb dans El Kahina, théâtre de Abdallah Nekli. Il fréquente ainsi Habib Réda, Touri, Debbah, Djelloul Bachedjerah, Kazdarli, Mustapha Badie, Mohammed Hilmi, Nouria et Keltoum. Lorsque la guerre pour la Libération éclate, il participe naturellement à la radio clandestine «la Voix de l’Algérie libre et combattante» Plus tard, il exprimera sa désillusion face à ce qu’il considère comme une «révolution avortée». «Il y a eu, disait-il, des déviances volontaires ou dues à la lutte pour la prédominance et l’appropriation du pouvoir, qui ont abouti à faire, en dernier ressort, de la révolution une simple guerre de Libération.

    Il y eut d’abord la grande crise de l’été 1962, au lendemain du 19 mars, qui opposa entre elles, des wilayas de l’intérieur, puis ce fut la grande empoignade entre les djounoud des frontières, dotés de matériel de combat lourd, d’une part, et les djounoud de la Wilaya IV d’autre part avec le bémol de ‘sabee snine barakat’, (sept ans, ça suffit) qu’entonnèrent les manifestants dans les rues d’Alger.» Après la mise à l’écart du journal Alger Républicain, il rejoignit Mohamed Boudia dans Alger Ce Soir, aux côtés de Serge Michel et Malek Haddad.Dès l’ouverture démocratique des années 1990, il crée un parti politique, l’Alliance nationale des démocrates indépendants qui aura fait long feu.

    Tout au long de sa carrière de parolier, Mustapha Toumi a travaillé sur les textes d’Africa pour Myriam Makéba, Guevara pour Mohamed Lamari, Ya dellal pour Nadia, Ki lioum ki zmane pour Zerouali…
    Il est aussi l’auteur du scénario, des dialogues et de la musique du film Echebka, avec la fameuse chanson Rayha Ouine. Véritable touche-à-tout, Mustapha Toumi s’était consacré à l’étude de la psychologie clinique, la parapsychologie et les phénomènes PSI (perception extra sensorielle) tout en contribuant à créer le supplément culturel d’El Moudjahid. Vers la fin de sa vie, il ambitionnait de publier un ouvrage sur les différents parlers amazighs depuis les îles Canaris et le Maroc en passant par l’oasis de Sioua, en Haute-Egypte, et jusqu’à la Palestine séculaire.



    Elwatan
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