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L'Allemagne, machine à créer de l'injustice !

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  • L'Allemagne, machine à créer de l'injustice !

    Marianne Vendredi 5 Avril 2013

    L'économiste et analyste Michel Santi revient sur les ressorts du modèle allemand, doit-on s'en inspirer? Quels en sont les failles?

    Doit-on s'inspirer du modèle allemand ? Oui - bien sûr ! -, si l'on en croit les statistiques du chômage, qui atteint 25 % en Espagne, près de 11 % en France et même 7,7 % aux Etats-Unis... comparé au taux de sans-emploi de 6,5 % en Allemagne ? Qu'attend donc le reste de l'Union européenne pour marcher dans les pas d'une Allemagne qui n'a de cesse de s'ériger en modèle absolu en termes de compétitivité de ses entreprises et de flexibilité de son monde du travail ?

    En réalité, la forte décrue du chômage en Allemagne est entièrement redevable à une dérégulation intensive ayant favorisé la création d'emplois temporaires, ou à salaires très réduits. La flexibilité allemande n'a donc pu se réaliser qu'au prix de ces «minijobs» qui ont ainsi augmenté de 14 % entre 2005 et 2011 et qui concernent quelque 4,5 millions de salariés, dont les revenus se situent entre la moitié et les deux tiers de ceux du salarié moyen.

    Le développement de ce travail à la précarité sans précédent devait néanmoins représenter une aubaine pour des entreprises qui, dès lors, furent promptes à accélérer leurs embauches. L'essor de cette catégorie d'emplois fut trois fois plus important que celui qui concernait les emplois «traditionnels», durant cette période considérée. De fait, les toutes récentes statistiques émanant de l'OCDE indiquent que les emplois à bas (voire à très bas) salaires représentent 20 % de la masse salariale allemande, par rapport à 13 % en Grèce et à 8 % en Italie...

    Il va de soi que, dans un contexte de salaires qui atteignent un maximum de 400 € par mois, les employeurs n'ont plus aucune motivation à embaucher sur la base de contrats de travail à durée indéterminée. Ce qui explique qu'un salarié allemand sur cinq perçoit aujourd'hui 400 € par mois, et que les contrats à durée indéterminée sont progressivement scindés en un ou en plusieurs «minijobs». Le tout, dans un cadre allemand où le salaire minimum est banni des dictionnaires comme des lois.

    La création de toutes pièces de cette sous-classe de travailleurs est le résultat d'une entreprise planifiée dès le début des années 2000 par le chancelier de l'époque, Gerhard Schröder. Si la fédération patronale allemande se positionne contre l'instauration du salaire minimum, accusé de créer le chômage en augmentant le coût du travail, c'est qu'elle est totalement soutenue par un cadre légal et par l'écrasante majorité des partis politiques peu enclins à s'apitoyer sur ces salariés et sur ces travailleurs sous-payés.

    Ces derniers n'ont nullement bénéficié du redressement spectaculaire de leur pays à la suite de sa réunification. Bien au contraire, ils ont subi une décapitation de leurs revenus ces dix dernières années. Le miracle allemand n'est en effet que mirage - voire cauchemar - pour une partie importante des travailleurs allemands, en l'occurrence pour près de 5 millions d'entre eux ! N'oublions pas les déclarations tonitruantes de Schröder à la tribune du World Economic Forum en 2005, qui annonçait fièrement avoir «créé un des meilleurs secteurs d'Europe en termes de bas salaires»...

    Cette masse de «minijobs» exerce des effets pernicieux sur l'ensemble des pays d'Europe périphérique. Ces misérables salaires octroyés dopent, bien sûr, les exportations du pays tout en restreignant considérablement sa capacité à consommer, et donc à importer. L'incontestable compétitivité allemande - qui se réalise au détriment d'une immense masse salariale - est donc aussi une authentique plaie pour les nations en pleine crise. De manière bien compréhensible, celles-ci se montrent incapables d'exporter vers l'Allemagne et vers les Allemands qui n'ont pas les moyens de se payer des produits espagnols, italiens ou portugais.

    Ainsi, la politique allemande représente une des failles structurelles majeures de l'Union européenne, car elle y impose et y instaure une déflation généralisée. La seule et unique formule permettant aux entreprises européennes périphériques de gagner en compétitivité consiste logiquement en des réductions généralisées des salaires de leurs travailleurs afin de tenter de concurrencer les marchandises allemandes à l'exportation et de vendre aux consommateurs de ce pays. Comment les politiques et les chefs d'entreprise allemands ont-ils aujourd'hui le cran d'ironiser sur les économies européennes périphériques - voire de les stigmatiser - quand la quasi-intégralité de la croissance allemande reste redevable à l'appétit de consommation et à l'endettement de ces nations ?

    Il est donc urgent d'augmenter aujourd'hui les salaires de ces «minijobs» allemands afin de faciliter et de promouvoir un transfert équitable des richesses et des revenus à l'intérieur même de l'Union. Car les déséquilibres touchant un pays de l'importance de l'Allemagne exercent à l'évidence un impact nuisible sur toute la zone. N'est-il pas temps de commencer à avoir un regard (très) critique vers cette dynamique de compétitivité allemande, tant admirée, mais qui s'apparente plus à une machine à créer de l'injustice et des déséquilibres ?
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

  • #2
    La flexibilité allemande n'a donc pu se réaliser qu'au prix de ces «minijobs» qui ont ainsi augmenté de 14 % entre 2005 et 2011 et qui concernent quelque 4,5 millions de salariés,

    Le chiffre est même beaucoup plus élevé (7.4 millions) selon l'Agence allemande pour l'emploi
    La BA recense 7,4 millions de contrats de travail de ce type, dont un bon tiers concernent des salariés ayant un autre emploi à côté. L'Institut de recherche sur l'emploi et le marché du travail, organe de recherche de la BA, a publié lundi une étude intitulée "Des minijobs controversés" qui met en évidence, selon lui, "des indices évidents selon lesquels les minijobs ont pris la place d'emplois soumis aux charges sociales".

    34% des salariés dans la restauration

    Sans surprises, ce sont dans les entreprises de petite taille et dans les secteurs du commerce de détail et de la restauration, où les "minijobs" sont les plus nombreux, que cet effet serait le plus fort. Ainsi 70% des établissements de restauration emploient au moins 1 "minijobber", et ces derniers représentent 34% du nombre total de salariés dans ce secteur. Dans le commerce de détail, les chiffres sont respectivement de 63% et 23%.
    Les "minijobbers" représentent également 20% des employés d'entreprises de 1 à 9 personnes, et 15% dans celles de 10 à 99 personnes, mais seulement 5% dans celles de plus de 100 salariés. Les auteurs de l'étude reconnaissent toutefois que "ces entreprises n'auraient sans doute pas pu créer dans tous les cas des emplois soumis à charges sociale", si elles n'avaient pas pu avoir recours aux "minijobs".Dans certaines grandes entreprises, l'augmentation de l'emploi soumis à cotisations sociales progresse de pair avec les "minijobs", ajoutent-ils.
    Vos réactions

    Soit :

    - Population active allemande : 42 millions.

    - Chômage : 6,5 % soit 2,7 millions

    - minijobs : 4,5 millions d'après l'article - 7,4 millions d'après Agence pour l'emploi (l'Arbeitsagentur)

    - Total chômage + minijobs : 7,2 millions / 10,1 millions suivant les sources.

    - en pourcentage de la population active : 17 % / 24 %.
    Dernière modification par gdesmon, 06 avril 2013, 09h34.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

    Commentaire


    • #3
      C'est triste de voir ça.shroeder qui a lancé
      Ces réformes en 2001 se définissait comme
      "genosse der bosse" le pote des patrons

      Commentaire

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