Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Algérie: Un huis clos politique désastreux

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Algérie: Un huis clos politique désastreux

    Dans une sorte d’absolutisme monarchique, Bouteflika a cessé de se soucier, au fil des ans et de la longévité de son régime, de l’agenda de sa propre charge. En cultivant l’effacement de la scène comme une parade et le mutisme comme une contre-réponse, n’est-il pas parvenu à imposer au pays une forme de huis clos politique ?

    A peine si de temps à autre quelques voix osent braver cet interdit, non assumé officiellement, en posant la bonne question du moment. Inquiètes moralement de cette dérive autocratique, les rares personnalités qui se sont exprimées furent à leur tour victimes des salves de la critique. Benbitour, Mechati et un chef de parti n’ont-ils pas été immédiatement qualifiés d’utopistes farfelus par une partie des courants politiques au nom du réalisme et de l’inopportunité d’une telle initiative. Voilà qui renseigne un peu plus sur la maladie qui affecte les libertés politiques. Instillée par le biais de la seringue des fausses urnes et des légitimités octroyées, elle a fini par abuser ceux qui bénéficient d’une visibilité institutionnelle.

    Et c’est ainsi que les partis, siégeant au Parlement, se sont cru le devoir d’attendre («le temps nécessaire» sic) l’oracle avant de se «prononcer». Une réserve courtoise qui fleure bon les allégeances futures lorsqu’il leur sera demandé d’accorder certains quitus. Or, est-il encore concevable que l’esprit du système, régentant les libertés politiques, puisse s’amender alors qu’il s’apprête à accorder la perpétuité présidentielle à celui qui occupe depuis 15 ans le magistère ? C’est sans doute ce genre de questionnement dont se sont emparés certaines personnalités qui dérange un bon nombre de conforts politiques. En clair, les partis sont implicitement invités à faire leur ré-examen sous peine d’être accusés, en 2014, de sous-traitants du statu quo.

    Au mépris des minima démocratiques qui consistent à laisser s’exprimer les courants et garantir l’alternance dans toutes les fonctions électives, le pouvoir n’a-t-il pas eu recours, en permanence, à la corruption des urnes?
    Et c’est sous le régime actuel que le pays a connu la plus triste des disqualifications du multipartisme.

    La mortelle récession des libertés politiques, n’a-t-elle pas été l’œuvre de la doctrine du président actuel ?

    Celle qui peut se résumer par le binôme d’une sélection d’appareils et d’un tutorat ferme et brutal. La restructuration des pôles partisans a fini justement par les asservir aux stratégies ponctuelles du pouvoir dont le point d’orgue quinquennal a été sa reconduction par trois fois. Ayant très tôt saisi l’intérêt à tirer d’un champ politique amorphe et uniquement soucieux de «respectabilité» officielle, Bouteflika multiplia alors les opportunités afin d’instrumenter le personnel qui le peuple. Sans grande difficultés, il parvint à remodeler les assemblées en fonction de ses objectifs et à jouer sur les rivalités secondaires qui ont d’ailleurs donné lieu à de ridicules passes d’armes entre courtisans et dont il prit plaisir à arbitrer. A leur tour, ces mêmes partis, dont la consistance doctrinale ou la visibilité militante étaient tout à fait dérisoires acceptèrent tous les deals pour peu qu’ils échappaient au laminage. Sauf qu’ils ont longtemps oublié que la sujétion sur le long terme prépare elle aussi à la disqualification définitive.

    Belkhadem et Ouyahia ne sont-ils pas de nos jours le contre-exemple du militantisme ?

    Les uns après les autres, ils sont sacrifiés dans l’indifférence générale et surtout sous les sarcasmes de l’opinion. Qualifiés de politicards, trop accordés aux intérêts du pouvoir et trop loin des préoccupations de la société, ils sont indéniablement coresponsables de la montée de l’abstention lors des votes et de la désertion civique de l’électeur. Pour avoir soldé l’espérance d’Octobre 1988 dans de douteux compromis avec le vieux système puis de s’être (pour certains d’entre eux évidemment) mis au service du pouvoir de 1999, ces partis n’ont-ils pas cosigné paradoxalement la faillite de la démocratie ? C’est ainsi que s’expliquent les aises que se permet un chef de l’Etat sans les contre-pouvoirs représentatifs au moment où ses engagements sont globalement mis sur la table et sur lesquels il diffère ses réponses sans se croire tenu par quelques devoirs moraux ni contraintes politiques.


    Boubakeur Hamidechi - Le Soir
Chargement...
X