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Comment le dentiste dépiste les cancers de la bouche

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  • Comment le dentiste dépiste les cancers de la bouche

    AVIS D'EXPERT - L'analyse du docteur Philippe Campan, membre du comité scientifique du congrès de l'Association dentaire française 2012.

    L'impact des cancers de la bouche et de la lèvre n'est pas négligeable. Ils se situent au 5e rang des cancers masculins (3,7 % des cancers masculins) et au 11e rang des cancers féminins (2 % de l'incidence des cancers féminins). Les taux d'incidence et de mortalité baissent chez les hommes et sont en augmentation régulière et constante chez les femmes. Le taux de survenue d'un cancer s'élève à partir de 40 ans. Les cancers de la bouche se forment majoritairement à partir de l'épithélium de la muqueuse buccale. Il s'agit essentiellement de carcinomes épidermoïdes. Ils appartiennent au groupe des cancers des voies aérodigestives supérieures VADS , avec les cancers du pharynx, du larynx et des fosses nasales. La France est le pays où les cancers épidermoïdes des VADS sont les plus fréquents. Le mauvais pronostic est en partie lié à un diagnostic trop tardif.
    L'incidence et la mortalité de ces cancers montrent donc qu'il est primordial d'en faire un diagnostic le plus tôt possible. S'ils ne posent pas de problèmes diagnostiques à un stade avancé, il est plus difficile de les détecter à un stade précoce. Un examen attentif et régulier de la cavité buccale s'avère indispensable. Le chirurgien-dentiste, par son habitude à examiner la cavité buccale et parce qu'il s'agit de son domaine d'activité, est sans aucun doute le praticien le plus apte à les détecter. Il est ainsi en première ligne diagnostique. Cet examen doit être fait à chaque nouvelle visite, même si le but de la consultation est strictement dentaire. Toute altération de la muqueuse, aussi minime soit-elle doit être prise en compte. Il peut s'agir d'une petite ulcération volontiers confondue avec un aphte ou une lésion traumatique, d'une modification de la couleur de la muqueuse, d'un épaississement de celle-ci ou d'une tuméfaction comme une excroissance ou une «petite boule» inexpliquée. Compte tenu de la discrétion de certaines lésions, et souvent de l'absence de douleur, les patients ne consultent pas toujours spontanément.
    Du point de vue de la fréquence, trois localisations prédominent: les amygdales, le plancher buccal et la langue. Il est intéressant de souligner que ces lésions ne sont visibles qu'à la condition d'un examen buccal minutieux et systématique. Les autres localisations buccales (palais, lèvres, joues et gencives), moins fréquentes, sont plus accessibles à l'examen. Par ailleurs, il est admis que les carcinomes de la muqueuse buccale ne se développent pas seulement à partir d'une muqueuse saine. Au vu des nombreuses mutations génétiques nécessaires à l'initialisation du processus cancéreux, il est vraisemblable qu'un carcinome soit précédé d'une lésion précancéreuse. Les lésions buccales préexistantes, bénignes mais qui ont néanmoins un potentiel de transformation maligne doivent être surveillées régulièrement.
    Devant une lésion suspecte, le chirurgien-dentiste pourra alors en pratiquer une biopsie avec une simple anesthésie locale. C'est un geste très peu invasif. Il consiste à prélever un échantillon de tissus, afin de procéder à un examen, microscopique le plus souvent ou, parfois, immunologique. Le résultat de la biopsie, confronté à l'aspect clinique de la lésion, permet de porter un diagnostic précis. Si elle est maligne, c'est-à-dire cancéreuse, le patient devra être pris en charge rapidement par une équipe spécialisée en cancérologie, afin de bénéficier au plus vite d'une thérapeutique adaptée.
    Facteurs de risque

    Le chirurgien-dentiste, outre son rôle dans le dépistage, est aussi impliqué dans une mission d'éducation. Il se doit de sensibiliser et d'éduquer ses patients aux addictions et particulièrement au tabac et à l'alcool. Le tabac est le premier facteur de risque. Celui-ci est déterminé par la dose (nombre de cigarettes fumées estimé en paquet-année) et la durée de l'exposition (nombre d'années et âge de début du tabagisme). Il n'existe aucune cigarette «sans risque». L'alcool constitue le deuxième facteur de risque. Les pays et les régions avec une forte consommation d'alcool figurent parmi les incidences les plus élevées des cancers des VADS. Les effets du tabac et de l'alcool ne s'additionnent pas, mais ils se multiplient. La mauvaise hygiène buccale et les infections buccales chroniques sont d'observation courante chez les patients atteints d'un cancer buccal et peuvent représenter un facteur de risque. Certains streptocoques peuvent, par leur activité métabolique, favoriser la production d'acétaldéhyde, dont les propriétés cancérigènes sont connues. La prévention, l'enseignement du brossage des dents, des détartrages annuels et un suivi dentaire, permet de pallier un mauvais état dentaire et parodontal.
    Malgré de notables progrès thérapeutiques, le pronostic des carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale doit encore s'améliorer. La prévention et la détection précoce restent les seules mesures réellement efficaces pour modifier son pronostic. Il s'agit d'un enjeu de santé publique
    le figaro
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