Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les Chypriotes sont-ils plus riches que les Allemands ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les Chypriotes sont-ils plus riches que les Allemands ?

    La Tribune Romaric Godin | 09/04/2013,

    Selon une étude publiée par la BCE ce mardi, la fortune médiane des Allemands est la plus faible de la zone euro, celle des Chypriotes la deuxième plus élevée après les Luxembourgeois. Scandale ou simple effet optique ?
    Sur le même sujet

    L'affaire fait la une des sites d'informations outre-Rhin. L'étude publiée par la BCE ce mardi sur « la consommation et la richesse des ménages dans l'Eurosystème », réalisée sur plus de 60.000 ménages, fait ressortir un résultat étonnant : l'Allemagne est en queue de peloton, loin derrière des pays en pleine crise comme l'Italie, l'Espagne ou Chypre.

    Cigales opulentes, fourmis pauvres

    Mieux même : la fortune médiane des ménages allemands, celle qui partage en deux la population, est la plus faible de la zone euro avec 51.000 euros. C'est 54 % de moins que la moyenne européenne (109.000 euros), mais aussi 51.000 euros de moins que celle des Grecs, 65.000 euros de moins que celle des Français, 123.000 euros de moins que celle des Italiens. Grosse surprise : derrière les intouchables Luxembourgeois, ce sont les ménages chypriotes qui affichent la deuxième fortune médiane (267.000 euros), mais aussi la deuxième fortune moyenne (671.000 euros contre 195.000 pour les Allemands).

    « Compte tenu des nombreux milliards d'euros donnés à des pays comme la Grèce, le Portugal ou Chypre, ces chiffres sont explosifs politiquement », explique le quotidien conservateur allemand FAZ qui affirme, en citant des « sources proche des banques centrales », que c'est pour cela que « la BCE a retardé la publication de ces données au lendemain de l'aide à Chypre. » Officiellement, la BCE invoque l'arrivée tardive de données pour justifier le retard de publication de l'étude. On imagine la fureur des eurosceptiques allemands présentant les plans de sauvetage de l'euro comme un moyen de faire payer le pays le moins riche d'Europe. Non seulement la fourmi allemande devra payer pour la cigale chypriote, mais encore la fourmi vit chichement, quand la cigale se vautre dans le luxe ! La réalité pourrait n'être pas si simple.

    Des données anciennes

    D'abord, la plupart des données datent d'avant la crise. Au mieux de 2010. Les effets de la rigueur et de l'austérité n'ont pas encore été pris en compte. Pas plus que, pour ce qui concerne l'Allemagne, celle des deux années de forte croissance en 2010 et 2011 (+4 % et +3,1 %). Dans certains cas, les données peuvent avoir jusqu'à 6 ans. La comparaison n'est donc pas toujours raison.

    L'importance de l'immobilier


    Enfin, la fortune calculée par la BCE prend en grande partie en compte la propriété immobilière. Or, en Allemagne, il est peu courant d'être propriétaire de son logement (seulement 44 % des ménages possèdent leur logement contre 70 à 80 % dans les pays du sud). Par ailleurs, le stock de propriétés allemandes n'a guère gagné en valeur au cours des années qui ont précédé 2010, tandis que la bulle immobilière a fait exploser la valeur des biens des Chypriotes, des Irlandais ou des Espagnols. Tout ceci appartient désormais au passé. Il y a eu la création artificielle et à crédit d'une richesse potentielle. Pour autant, selon la BCE, la fortune médiane des Allemands non-propriétaire de leur logement restait inférieur en 2010 de 37 % à celle des Chypriotes de la même catégorie. En revanche, ils sont deux fois plus riches que les Grecs ou les Espagnols.

    Des revenus favorables aux pays du nord

    En termes de revenus bruts annuels moyens, les pays du nord tiennent cependant le haut du pavé. L'Allemagne est cinquième avec 44.000 euros par ménage, mais avec un ménage formé de 2,02 personnes, soit 37 % par exemple de moins que Chypre dont le revenu par ménage est de 43.000 euros. Le chiffre du Portugal est de 20.000 euros, celui de la Grèce de 28.000, celui de l'Italie de 34.000. Surtout, l'utilisation de ces revenus est significative. A Chypre, en Grèce, au Portugal, on dépense plus de 30 % de ses revenus pour l'alimentation. En Allemagne, ce niveau n'est que de 15,6 %, c'est le deuxième plus bas après les Pays-Bas (12,6 %). Bref, toutes les cigales ne vivent pas dans le luxe pendant que les fourmis travaillent à créer de la richesse !
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
Chargement...
X