Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Un an après la grève de la faim de 100 jours, les greffiers "rebelles" meurent à petit feu

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Un an après la grève de la faim de 100 jours, les greffiers "rebelles" meurent à petit feu

    Un an après la grève de la faim d’une durée d’un peu plus de 100 jours, les greffiers grévistes, membres de la fédération nationale des travailleurs du secteur de la justice, «paient aujourd’hui les frais » de leur adhésion à cette action. Nous avons rencontré Zahia et Nadia, toutes les deux ont résisté à la faim pendant plusieurs jours pour se faire entendre. Elles nous racontent leur «basculement professionnel».

    Après la grève de 100 jours entamée le 10 avril 2012 et achevée en juillet 2012, les greffiers n'ont pas eu gain de cause. Mais le président de la fédération nationale des travailleurs de la justice se veut rassurant: "en fait depuis notre mouvement de grève les langues commencent à se délier dans le secteur. Les gens ont de plus en plus le courage d'élever leurs voix contre les dépassements". Les principales revendications des greffiers durant les 100 jours de grève étaient basées sur la révision du régime indémnitaire et du statut particulier

    La fédération nationale de la justice affiliée au SNAPAP compte aujourd’hui 24 personnes «arbitrairement» suspendues de leur emploi, C’est du moins ce que nous avons appris grâce à un communiqué rendu public où le SNAPAP a publié les noms des syndicalistes suspendus relevant de différents secteurs, qui sont aux nombre de 42.

    Zahia Boutaoui ,40 ans, commis greffier depuis 15 ans :

    « Je n’ai plus le droit de travailler au tribunal… »


    Zahia ne travaille plus depuis avril 2012. Elle est suspendue sans décision écrite, nous dit-elle. Aujourd’hui elle ne peut pas postuler ailleurs pour un travail. Ecartée de son travail, mais sur les papiers elle y est toujours. « On ne me délivre pas une attestation de travail. Je n’ai pas le droit », regrette-t-elle.

    Zahia relate pour se remémorer la difficulté de ne pas avoir mangé pendant plusieurs jours. Malgré le soutien de plusieurs personnes durant leur action, elle dit que « je me suis sentie tellement seule. Tellement livrée à moi-même. Nous vivons dans un pays autoritaire où les dépassements sont "absurdes" et "injustifiables" »appuie-t-elle.

    Elle argumente cela par les innombrables dépassements que subissent les greffiers dans le secteur de la justice. « Quand un greffier commet une erreur aussi minime soit-elle, on le fait passer pour un criminel, il est tout bonnement poursuivi », confie-t-elle. C'est en 2008 que Zahia prend conscience de la nécessité de militer pour ses droits et ceux de ses collègues car les dépassements à leur encontre se multiplient.

    «Un jour, un citoyen est venu récupérer sa nationalité au tribunal où je travaillais à Bir Mourad Raïs à 11h50. Un greffier a eu l’indélicatesse de lui demander de revenir l’après-midi ». Zahia avoue que « ce greffier a bien commis une erreur. Mais le fait de le poursuivre, c’est de la hogra » tranche-t-elle. « On aurait du le sanctionner, le faire passer au conseil de discipline», pense-t-elle. Plus tard raconte Zahia, il s’est avéré que le « simple citoyen » au guichet n’était autre qu’ « un haut placé ».


    Derwiche Nadia ,34 ans, greffier divisionnaire depuis fin 2007 :

    « Je dois me tenir loin du tribunal où je travaille »

    « Je n’ai pas le droit de faire une nationalité. On m’a suspendu de mon travail», Nadia membre de la fédération nationale des travailleurs de la justice énumère les difficultés qu’elle rencontre pour avoir milité pour ses droits.

    Après des études en sciences juridiques Nadia a participé à un concours de recrutement qui lui a permis de devenir greffier divisionnaire. Nadia trouve que les pratiques qu’on lui inflige relève d’un autre âge. « Pour avoir simplement militer pour mes droits, on s’est mis à m’infliger les pires supplices ! » s’exclame-t-elle.

    « Au moindre mouvement, on peut te coller une affaire pour le simple fait de faire du militantisme » poursuit-elle. «Je n’ai pas le droit de me rendre au tribunal où je travaille tout comme Zahia , ni de me promener tout autour. Ma simple présence au tribunal est qualifiée par mes supérieures d’"incitation au rassemblement" ».

    Hamida Mechaï- El Watan
Chargement...
X