Il faut dire la vérité aux Marocains !
Publié le vendredi 5 avril 2013 21:16
Écrit par Ali Anouzla
L'économie nationale n'est pas en bon état, cela est une vérité désormais admise par tous. Finies les années d'opulence, bonjour les vaches maigres. Toutes les récentes déclarations disent et confirment cela.
Commençons par la dernière sortie du wali de Bank al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui a tiré la sonnette d'alarme, annonçant l'imminence de la catastrophe. Poursuivons avec les propos de Mohand Laenser, Secrétaire général du MP et ministre de l'Intérieur du gouvernement qu'il critique, qui a appelé les Marocains à se serrer la ceinture encore plus qu'elle ne l'est déjà pour toutes celles et ceux qui habitent dans les coins les plus reculés du pays. Et terminons ce rapide tour d'horizon par les saillies de Hamid Chabat, SG de l'Istiqlal et premier partenaire du parti qui conduit le gouvernement, qui a dit, le plus sincèrement et le plus directement du monde, que « le Maroc est en danger », avant d'entreprendre d'élaborer un nouveau programme pour le gouvernement auquel il appartient, ce qui constitue un précédent dans le monde, un parti membre d'un gouvernement appuyé sur son programme voté par le parlement, qui présente un autre programme au même gouvernement, dont il est pourtant l'un des piliers !
Avant toutes ces déclarations, une petite information avait filtré, sans que personne n'y prête vraiment attention. En mars dernier, la patronne du FMI, Christine Lagarde, avait visité l'Algérie et devait se rendre au Maroc, avant qu'elle n'annule ce déplacement à la dernière minute, sans raison connue. Et au lieu que Rabat ne publie un commentaire quelconque sur cette annulation, l'agence officielle d'informations a préféré s'en prendre à l'Algérie en mettent en exergue la fragilité et les mauvaises performances de son économie, comme si au Maroc, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Pour sa part, Lagarde n'a pas non plus apporté d'explications sur sa décision de ne pas se rendre au Maroc, mais les connaisseurs de la chose économique savent, eux, que les experts du FMI ne voient pas d'un bon œil notre situation, et sont même assez irrités contre la gestion par le Maroc de son économie, une économie qui traverse une crise non déclarée officiellement.
Voici quelques jours, des bruits ont circulé sur un rapport confidentiel présenté par Nizar Baraka, le ministre des Finances, devant les leaders de la majorité formant le gouvernement. D'après ce que l'on sait de cette réunion tenue secrète et de ce rapport demeuré encore plus secret et qui dessine une image obscure de notre économie, tous les indicateurs économiques seraient au rouge, cette couleur qui augure d'une explosion imminente. Le ministre a ainsi dit que le déficit public tourne autour de 7,1%, que la masse salariale du public engloutit le tiers du budget, soit environ 96 milliards de DH, et que la très budgétivore Caisse de compensation, gourmande comme les feux de l'enfer, demande encore et toujours plus de milliards de DH. En 2012, cette Caisse avait avalé 55 milliards de DH, soit plus que le ministère de l'Education, le ministère qui dépense pourtant le plus (49 milliards pour 2013). Et cette année, il est prévu que la Compensation passe à 60 milliards de DH, annulant tous les effets de la décision du gouvernement d'augmenter les prix des hydrocarbures, car les 5 milliards gagnés avec cette augmentation seront engloutie dans le trou noir de la Compensation.
Les discussions autour de la réforme de la Caisse de compensation sont devenues une source d'inspiration pour tous, chacun y allant de sa propre partition. Le chef du gouvernement et son parti veulent en faire un Cheval de Troie grâce auquel ils réaliseront leurs grandes conquêtes ; leurs alliés de la majorité se dissimulent derrière la Caisse parce qu'ils considèrent que ce système compensatoire des prix est le seul à pouvoir éviter des augmentations de prix et des troubles qu'elles pourraient occasionner. L'opposition parlementaire – et derrière elle les différents lobbies et le pouvoir – tiennent la compensation pour une vache à lait dont ils refusent absolument de se passer.
Cette Caisse est devenue comme une bête sacrificielle, promue comme telle par les grands-prêtres de l'économie pour satisfaire les dieux et contenter la population qui la tient pour sacrée. On entend aujourd'hui tout un ensemble de thèses la concernant, ou plutôt des discussions byzantines entre ses défenseurs qui militent pour son maintien, ceux qui mettent en garde contre toute tentative de la toucher ou la réformer et ceux qui piaffent d'impatience pour la liquider et « distribuer cette chaire sacrée » aux pauvres, aux partisans et aux différents suiveurs qui deviendront plus tard des voix électorales... Et la situation restera telle que avant qu'une sorte de messie apparaisse, énervé, irrité, remonté, un messie qui détruira tout de son bâton, brûlera la bête et tous ceux qui en font commerce...
nsistant à taire la réalité, la réalité d'une crise qui risque fort d'éclater et de tout emmener sur son passEt pourtant... les choses sont aussi claires que de l'eau de roche : l'argent de la Compensation, qui va grossir des comptes déjà bien fournis, doit revenir dans les caisses de l'Etat, car une grande partie de cet argent va en effet vers de grandes entreprises et autres riches et nantis du pays qui n'en ont pas nécessairement besoin. Récupérer ces fonds est une action qui doit se faire légalement, en demandant à ces personnes physiques et morales de restituer ce qui leur a été versé en subventions, en appliquant un impôt sur la fortune et sur les hauts revenus, comme cela est en vigueur dans les pays du monde.
(àsuivre
Publié le vendredi 5 avril 2013 21:16
Écrit par Ali Anouzla
L'économie nationale n'est pas en bon état, cela est une vérité désormais admise par tous. Finies les années d'opulence, bonjour les vaches maigres. Toutes les récentes déclarations disent et confirment cela.
Commençons par la dernière sortie du wali de Bank al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui a tiré la sonnette d'alarme, annonçant l'imminence de la catastrophe. Poursuivons avec les propos de Mohand Laenser, Secrétaire général du MP et ministre de l'Intérieur du gouvernement qu'il critique, qui a appelé les Marocains à se serrer la ceinture encore plus qu'elle ne l'est déjà pour toutes celles et ceux qui habitent dans les coins les plus reculés du pays. Et terminons ce rapide tour d'horizon par les saillies de Hamid Chabat, SG de l'Istiqlal et premier partenaire du parti qui conduit le gouvernement, qui a dit, le plus sincèrement et le plus directement du monde, que « le Maroc est en danger », avant d'entreprendre d'élaborer un nouveau programme pour le gouvernement auquel il appartient, ce qui constitue un précédent dans le monde, un parti membre d'un gouvernement appuyé sur son programme voté par le parlement, qui présente un autre programme au même gouvernement, dont il est pourtant l'un des piliers !
Avant toutes ces déclarations, une petite information avait filtré, sans que personne n'y prête vraiment attention. En mars dernier, la patronne du FMI, Christine Lagarde, avait visité l'Algérie et devait se rendre au Maroc, avant qu'elle n'annule ce déplacement à la dernière minute, sans raison connue. Et au lieu que Rabat ne publie un commentaire quelconque sur cette annulation, l'agence officielle d'informations a préféré s'en prendre à l'Algérie en mettent en exergue la fragilité et les mauvaises performances de son économie, comme si au Maroc, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Pour sa part, Lagarde n'a pas non plus apporté d'explications sur sa décision de ne pas se rendre au Maroc, mais les connaisseurs de la chose économique savent, eux, que les experts du FMI ne voient pas d'un bon œil notre situation, et sont même assez irrités contre la gestion par le Maroc de son économie, une économie qui traverse une crise non déclarée officiellement.
Voici quelques jours, des bruits ont circulé sur un rapport confidentiel présenté par Nizar Baraka, le ministre des Finances, devant les leaders de la majorité formant le gouvernement. D'après ce que l'on sait de cette réunion tenue secrète et de ce rapport demeuré encore plus secret et qui dessine une image obscure de notre économie, tous les indicateurs économiques seraient au rouge, cette couleur qui augure d'une explosion imminente. Le ministre a ainsi dit que le déficit public tourne autour de 7,1%, que la masse salariale du public engloutit le tiers du budget, soit environ 96 milliards de DH, et que la très budgétivore Caisse de compensation, gourmande comme les feux de l'enfer, demande encore et toujours plus de milliards de DH. En 2012, cette Caisse avait avalé 55 milliards de DH, soit plus que le ministère de l'Education, le ministère qui dépense pourtant le plus (49 milliards pour 2013). Et cette année, il est prévu que la Compensation passe à 60 milliards de DH, annulant tous les effets de la décision du gouvernement d'augmenter les prix des hydrocarbures, car les 5 milliards gagnés avec cette augmentation seront engloutie dans le trou noir de la Compensation.
Les discussions autour de la réforme de la Caisse de compensation sont devenues une source d'inspiration pour tous, chacun y allant de sa propre partition. Le chef du gouvernement et son parti veulent en faire un Cheval de Troie grâce auquel ils réaliseront leurs grandes conquêtes ; leurs alliés de la majorité se dissimulent derrière la Caisse parce qu'ils considèrent que ce système compensatoire des prix est le seul à pouvoir éviter des augmentations de prix et des troubles qu'elles pourraient occasionner. L'opposition parlementaire – et derrière elle les différents lobbies et le pouvoir – tiennent la compensation pour une vache à lait dont ils refusent absolument de se passer.
Cette Caisse est devenue comme une bête sacrificielle, promue comme telle par les grands-prêtres de l'économie pour satisfaire les dieux et contenter la population qui la tient pour sacrée. On entend aujourd'hui tout un ensemble de thèses la concernant, ou plutôt des discussions byzantines entre ses défenseurs qui militent pour son maintien, ceux qui mettent en garde contre toute tentative de la toucher ou la réformer et ceux qui piaffent d'impatience pour la liquider et « distribuer cette chaire sacrée » aux pauvres, aux partisans et aux différents suiveurs qui deviendront plus tard des voix électorales... Et la situation restera telle que avant qu'une sorte de messie apparaisse, énervé, irrité, remonté, un messie qui détruira tout de son bâton, brûlera la bête et tous ceux qui en font commerce...
nsistant à taire la réalité, la réalité d'une crise qui risque fort d'éclater et de tout emmener sur son passEt pourtant... les choses sont aussi claires que de l'eau de roche : l'argent de la Compensation, qui va grossir des comptes déjà bien fournis, doit revenir dans les caisses de l'Etat, car une grande partie de cet argent va en effet vers de grandes entreprises et autres riches et nantis du pays qui n'en ont pas nécessairement besoin. Récupérer ces fonds est une action qui doit se faire légalement, en demandant à ces personnes physiques et morales de restituer ce qui leur a été versé en subventions, en appliquant un impôt sur la fortune et sur les hauts revenus, comme cela est en vigueur dans les pays du monde.
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