Les boulangers envisagent une grève pour la semaine prochaine en Algérie. Ils demandent, croit-on savoir, que le prix du pain passe de sept dinars et demi à dix dinars. Ce qui reviendrait en somme à légaliser le tarif généralement appliqué actuellement. Mais pourquoi se contenteraient-ils de l’entérinement d’un prix qui, s’il n’est pas officialisé, est tout de même tacitement approuvé par les pouvoirs publics ?
C’est donc au moment où le pouvoir aborde les limites de sa politique de gestion budgétaire de la paix sociale que les boulangers le prennent à revers avec cette revendication d’augmentation de leur marge sur le prix de la baguette. En d’autres termes, le gouvernement doit faire face à un mouvement pour l’approfondissement de sa politique de soutien des prix au moment même où se pose à lui la question de la sortie, ne serait-ce que partielle, de la trappe des subventions.
D’un côté, on observe une tendance à la baisse, dont on ne sait encore si elle sera passagère ou durable, sur le marché des hydrocarbures ; de l’autre, on note une hausse sensible et soutenue des prix des matières importées, accroissant donc mécaniquement la part de subventions dans le budget. Les deux mouvements — baisse du prix du baril de pétrole et hausse des prix des produits alimentaires subventionnés — augurent une réelle pression sur le budget de l’État.
Pris de court par un problème qu’il aura refusé d’anticiper, un peu par imprévoyance stratégique, et un peu en raison de la primauté de la paix politique sur la projection économique, le gouvernement a finalement réagi… en installant deux commissions. Mais dont il n’a pas publiquement précisé la feuille de route. L’on sait seulement que l’une s’intéresse à la question des produits subventionnés et l’autre à celle des salaires. Les salaires aussi ont subi un bond spectaculaire, d’abord en faveur de certaines catégories de fonctionnaires politiquement sensibles, puis, par effet de dominos, à l’endroit de presque l’ensemble de la Fonction publique. Dans des proportions apparemment inégales, puisque de larges secteurs connaissent actuellement des mouvements sociaux revendiquant des mises à niveau.
Cette pression constituera un vecteur de contrainte supplémentaire sur le budget. En tout état de cause, le pouvoir est désormais en situation de devoir remettre en question sa politique d’entretien de la paix sociale par la dépense.
Il est connu que la sortie d’une politique de subvention des prix à la consommation est toujours problématique. Surtout que l’on n’a pas toujours le loisir de choisir le moment de devoir en sortir ni de décider des délais dont on disposera pour ce faire. Hier brandie comme le fait d’un pouvoir soucieux de justice sociale, la politique de soutien aux prix piège, aujourd’hui, un pouvoir pris en tenaille entre une pression sociale qui commence à s’exprimer, une inflation endogène impossible à contrôler, et des salaires subitement redressés, d’un côté, des moyens financiers qui tendent à se limiter, de l’autre.
Jusqu’ici, le reproche de la panne de développement a été rejeté, avec un certain mépris, l’aisance financière nous dispensant de toute efficacité économique. Voici que l’on observe, désormais, de véritables prémices de difficultés budgétaires. Comme quoi, il n’est pas besoin qu’un pays soit endetté pour qu’il coure le risque d’une crise financière.
Mustapha Hammouche- Liberté
C’est donc au moment où le pouvoir aborde les limites de sa politique de gestion budgétaire de la paix sociale que les boulangers le prennent à revers avec cette revendication d’augmentation de leur marge sur le prix de la baguette. En d’autres termes, le gouvernement doit faire face à un mouvement pour l’approfondissement de sa politique de soutien des prix au moment même où se pose à lui la question de la sortie, ne serait-ce que partielle, de la trappe des subventions.
D’un côté, on observe une tendance à la baisse, dont on ne sait encore si elle sera passagère ou durable, sur le marché des hydrocarbures ; de l’autre, on note une hausse sensible et soutenue des prix des matières importées, accroissant donc mécaniquement la part de subventions dans le budget. Les deux mouvements — baisse du prix du baril de pétrole et hausse des prix des produits alimentaires subventionnés — augurent une réelle pression sur le budget de l’État.
Pris de court par un problème qu’il aura refusé d’anticiper, un peu par imprévoyance stratégique, et un peu en raison de la primauté de la paix politique sur la projection économique, le gouvernement a finalement réagi… en installant deux commissions. Mais dont il n’a pas publiquement précisé la feuille de route. L’on sait seulement que l’une s’intéresse à la question des produits subventionnés et l’autre à celle des salaires. Les salaires aussi ont subi un bond spectaculaire, d’abord en faveur de certaines catégories de fonctionnaires politiquement sensibles, puis, par effet de dominos, à l’endroit de presque l’ensemble de la Fonction publique. Dans des proportions apparemment inégales, puisque de larges secteurs connaissent actuellement des mouvements sociaux revendiquant des mises à niveau.
Cette pression constituera un vecteur de contrainte supplémentaire sur le budget. En tout état de cause, le pouvoir est désormais en situation de devoir remettre en question sa politique d’entretien de la paix sociale par la dépense.
Il est connu que la sortie d’une politique de subvention des prix à la consommation est toujours problématique. Surtout que l’on n’a pas toujours le loisir de choisir le moment de devoir en sortir ni de décider des délais dont on disposera pour ce faire. Hier brandie comme le fait d’un pouvoir soucieux de justice sociale, la politique de soutien aux prix piège, aujourd’hui, un pouvoir pris en tenaille entre une pression sociale qui commence à s’exprimer, une inflation endogène impossible à contrôler, et des salaires subitement redressés, d’un côté, des moyens financiers qui tendent à se limiter, de l’autre.
Jusqu’ici, le reproche de la panne de développement a été rejeté, avec un certain mépris, l’aisance financière nous dispensant de toute efficacité économique. Voici que l’on observe, désormais, de véritables prémices de difficultés budgétaires. Comme quoi, il n’est pas besoin qu’un pays soit endetté pour qu’il coure le risque d’une crise financière.
Mustapha Hammouche- Liberté
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