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Déchets hospitaliers : crimes sur nos plages en Algérie

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  • Déchets hospitaliers : crimes sur nos plages en Algérie

    Une étude nationale sur les déchets à risques chimiques et toxiques sera bientôt menée. Aujourd’hui nos plages sont polluées par ces déchets. El Watan Week end s’est rendu à Boumerdès : des enfants «jouent» sur le sable avec le danger.

    «Lorsqu’il fait beau, je viens avec mes amis sur cette plage. Parfois on joue au ballon, sinon on trouve toujours des choses pour nous occuper. Y a ces tubes en plastique et des tuyaux, je sais qu’ils sont remplis de sang, mais pas grave, on le vide puis on le remplit d’eau. C’est amusant pour nous», témoigne un jeune enfant que nous avons rencontré sur la plage de Sghirat à Boumerdès. Sur le sable, difficile de circuler à l’aise. Outre les canettes de bière, des bouteilles, des vieilles chaussures… des filtres, des tubes de sang, des seringues, des bouteilles de sérum vides d’hémodialyse complètent le décor.

    L’étude nationale menée en 2007 a révélé l’irresponsabilité de certains établissements de santé quant au traitement des déchets hospitaliers. Aucune structure ne répond aux normes de traitement internationales. Les années passent et les lois se succèdent, mais la situation n’a pas changé. Les structures sanitaires campent sur leur politique. Des déchets hospitaliers jetés dans la nature et dans la mer finissent dans notre alimentation. Pas de traitement ultime et écologique pour le moment.

    Plage

    La situation est particulièrement flagrante à Aïn Taya et à Boumerdès. Vu de loin, le paysage est magnifique. Des plages sont bordées d’espaces verts et parfois de montagnes. La grande bleue ne livre pas tous ses secrets. Une fois arrivée sur place… c’est la surprise. Des enfants… jouent avec les déchets hospitaliers. Sur les plus belles plages de Boumerdès, alors que la saison estivale pointe le nez, pas question de s’allonger sur le sable. Place aux déchets hospitaliers, et particulièrement ceux qui parviennent des cliniques d’hémodialyse.

    Cliniques


    Sur les plages de Sghirat, Zemouri ou Boumerdès, la situation est dramatique. Des tubes servant à l’hémodialyse sont à portée de main des enfants. Et c’est devenu un jeu quotidien. Agés entre 7 et 9 ans, ils viennent prendre ces tubes encore plein de sang pour ramener de l’eau sur le sable. Même opération pour les sachets et bouteilles en plastique du sérum. Un jeu dangereux pour les enfants, parfois sous les yeux de leurs parents ! Une fois, des familles avec un groupe d’enfants sont venues s’installer dans un complexe pas très loin d’ici.

    Tandis que les enfants jouaient sans être dérangés avec ces déchets à risque infectieux, leurs mamans restent indifférentes au danger que leurs progénitures encourent. «J’ai ramassé 15 kg de déchets et je les ai ramenés à la brigade de la gendarmerie. Je fais cela régulièrement pour préserver cette plage, sans suite. Les associations de protection de l’environnement ou la direction de l’environnement ne se manifestent pas pour prendre en charge ce problème», témoigne un habitant que nous avons rencontré sur place. C’est un réel désastre que nous vivons quotidiennement. Ces plages sont pleines à craquer en période estivale. Que doivent faire le ministère de l’Environnement ou celui du Tourisme ? La direction de l’environnement n’était pas joignable. Le ministère de l’Environnement n’a également pas réagi à temps à notre requête.

    Nassima Oulebsir- El Watan

  • #2
    Pr Abdelkrim Soukehal. Chef du service d'épidémologie au CHU Beni Messous Il faudrait juste appliquer la loi

    Le personnel hospitalier semble ignorer complètement les mécanismes d’élimination des déchets hospitaliers…

    Pr Abdelkrim Soukehal
    : Il y a une ignorance des quatre filières de déchets hospitaliers. D’abord, les déchets assimilables aux ordures ménagères (DAOP). Leur emballage doit être noir. Puis les déchets des activités de soins à risque infectieux (DASRI). L’emballage, d’une qualité supérieure, doit être jaune, codifié et porter la mention «Attention danger biologique» avec une limite de remplissage. Puis viennent les déchets à risques chimiques et toxiques (DRCT) dont l’emballage est rouge. Il s’agit de tous les produits de laboratoire, de l’anapath, les médicaments, en particulier les anticancéreux qui sont néfastes pour la santé. Ils doivent être obligatoirement incinérés en usine à une température de 1200°C. Il y a enfin les organes anatomiques, les membres amputés, des fœtus… qui sont emballés dans des sacs verts. Toutes ces filières sont conditionnées par des textes législatifs.

    -Cependant, en réalité rien n’est appliqué. Y a-t-il des mesures punitives pour amener ces structures de santé à répondre aux normes, notamment le secteur privé ?

    Le secteur privé ne fait qu’emboîter le pas au secteur public. Les lois existent, mais elles ne sont pas appliquées. Ce qui se passe actuellement porte atteinte à la qualité des soins et à la sécurité des patients. Il faudrait juste appliquer la loi. Les contenants doivent être normalisés et répondre aux normes.

    -Justement, pourquoi nos structures de santé ne répondent pas aux normes sur ce plan ?


    Aujourd’hui, les déchets hospitaliers sont jetés dans des cartons ou de simples sacs. D’abord, le matériel adapté pour éliminer ces déchets est inexistant. Il y a un manque de budgétisation pour ce genre de matériel et de service. Puis vient le problème de transport. Pour éliminer tous ces déchets dans les normes, il faut des chariots de quatre roues. L’intérieur de la structure doit être régulièrement et rigoureusement désinfecté. Il y a en général un dysfonctionnement dans la gestion de la filière. Il faut des protocoles validés. Le troisième volet, c’est le stockage qui fait également défaut.

    A l’intérieur des structures, il faut des locaux et des espaces qui répondent aux normes d’hygiène. Vient enfin le processus de traitement, c’est-à-dire les incinérateurs avec un traitement de la fumée dans le cadre des normes euroméditerranéennes. Un traitement qui doit être extériorisé. A l’intérieur de l’hôpital, il faut avoir des «banaliseurs» pour transformer les déchets à risques infectieux en déchets ménagers. Ce qu’on utilise actuellement, des brûleurs à 800°C, ne sont pas dans les normes. Certains jettent les déchets dans la nature et à la mer. Statistiquement, entre 27 000 et 37 000 tonnes de déchets sont jetées dans la nature ainsi que des milliers de tonnes de médicaments périmés.

    -N’y a-t-il pas un manque de coordination entre les ministères de la Santé et de l’Environnement ?

    Il faut que les deux structures s’entendent sur une coopération efficace. Une commission commune est nécessaire pour résoudre le problème. Les ministères sont les acteurs principaux. La priorité est de former le personnel hospitalier et d’informer les citoyens sur les dangers de ces déchets.

    -Peut-on expliquer le retour en force de certaines maladies par la présence de ces déchets dans notre environnement ?

    Certainement. Les hépatites B et C font encore ravage. Il suffit de toucher à un pot de yaourt ou des gobelets qui parviennent des hôpitaux manipulés par des malades pour être contaminés. Il faut un traitement radical.

    Nassima Oulebsir- EL Watan

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    • #3
      J'estime que jeter des déchets médicaux sur n'importe espace ou le public a accès devra être criminaliser.
      L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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      • #4
        Déchets hospitaliers : crimes sur nos plages en Algérie
        une raison de plus pour aller vers d'autres destinations.
        Mr NOUBAT

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        • #5
          L'on se demande ce que fait la municipalité avec tout l'argent qu'elle ramasse e n adjudication des parkings, Tentes de plages et autres "Quatre saisons"!!!
          "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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