La mainmise du pouvoir central marocain et ses relais locaux sur les organisations de la société civile, notamment celles traitant des questions des droits de l’Homme, approche à sa fin.
Dans une démarche audacieuse, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a décidé de briser le silence et les interdits quant aux questions des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. En effet, l’AMDH, qui a vu le jour un certain 24 juin 1979, a qualifié l’extension des prérogatives de la Minurso aux questions des droits de l’Homme comme un «pas important» qui aura des effets positifs sur les droits de l’Homme dans la région. Une exception qui mérite d’être citée, puisque la majorité des associations de défense des droits de l’Homme au Maroc ferment les yeux sur les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental.
«Pourquoi avoir peur de cette extension, alors que le discours officiel affirme que les droits de l’Homme sont respectés ?», a fait valoir Abdalilah Benabdesselam, membre actif de l’association et président du comité marocain contre la torture. Une prise de position courageuse, qui risque de susciter des réactions véhémentes, mais M. Benabdesselam a souligné que pour l’association des droits de l’Homme, c’est la «référence à l’universalité des droits de l’Homme» qui prime.
Cette même association, pour rappel, a adressé, le 15 du mois en cours, une lettre au chef du gouvernement marocain, dans laquelle elle l’appelle à intervenir en urgence afin de sauver la vie des détenus politiques en grève de la faim dans certaines prisons.
Parmi ces détenus figurent les militants sahraouis emprisonnés arbitrairement. L’association cite des cas précis. Il s’agit de détenus politiques à la prison locale de Taza (Tariq Hoummani et Abdessamad El Haïdour) en grève de la faim depuis le 3 mars 2013, soit depuis 44 jours ; les détenus politiques à la prison Toulal 2 (Hassan Koukou, Mounir Aït Khafou, Soufiane Sghiri, Hassan Ahmouch et Mohamed El Ouakili) en grève de la faim depuis le 11 mars 2013, soit 36 jours, et les détenus politiques de la prison locale Aïn Qadouss, à Fès (Mohamed Saleh, Tariq Jaâibi et Younès Roufi) en grève de la faim depuis le 26 mars 2013, soit 21 jours.
Les revendications des grévistes de la faim, selon l’ONG, consistent en l’amélioration des conditions matérielles et morales, de leur permettre de disposer de tous les droits énoncés dans les règles minima pour le traitement des détenus, dont le droit aux soins médicaux, de garantir la révision des jugements prononcés à leur encontre, le droit à un procès équitable pour leur libération du fait que leur détention est considérée comme arbitraire, mener une enquête sur les crimes relatifs à la torture exercée contre eux tant dans les postes de police que dans les prisons où ils se trouvent.
L’AMDH exige du chef du gouvernement de répondre aux revendications «justes et légales des détenus en grève de la faim» et d’«accélérer les mesures concernant la révision de leurs procès pour leur rendre justice». Notons à ce sujet que le Maroc compte des dizaines d’associations de défense des droits de l’Homme, financées, entre autres, par le gouvernement, les institutions internationales, dont la Commission européenne et le Conseil de l’Europe, et par des fondations américaines.
Écrit par Younès Saâdi
reporters.dz
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