Après-Attentat de Boston : Peur chez les musulmans des Etats-Unis
Comme il fallait s’y attendre, la mise en cause des deux jeunes Tchétchènes, musulmans de confession, a provoqué une vague de manifestations islamophobes aux Etats-Unis, notamment dans les médias.
"S’il vous plaît, ne soyez pas un musulman !"
Ce tweet peureusement prémonitoire d’un jeune Libyen, qui lançait un improbable appel aux poseurs de bombes de Boston, résume à lui seul ce réflexe quasi pavlovien du monde occidental, mais surtout des Américains, de confondre allégrement terrorisme et islam, musulman et terroriste.
Cela n’a hélas pas raté, une nouvelle fois.
Les auteurs de l’horrible attentat de Boston sont de nationalité tchétchène, mais musulmans tout de même.
La supplication du jeune Libyen conscient, comme tous les musulmans du monde, de la vague d’islamophobie qui allait déferler sur les USA, aura été déçue. Mais son tweet qui a fait le buzz sur la Toile est d’une pertinence chirurgicale.
Voici le premier (tir) tweet du célèbre chroniqueur et expert des médias de Fox News, Erik Rush, en réponse à un autre tweet :
«Blâmez-vous les musulmans ?»
«Oui, ils incarnent le mal. Tuons-les tous !»
Une véritable déclaration de guerre qui à ce mérite de tordre le cou au slogan trompeur de la chaîne du magnat Rupert Murdoch : «Juste et équilibré».
Autre exemple de la cette folie islamophobe.
Salah Barhoun, un jeune Arabe de 17 ans, qui faisait partie des nombreux spectateurs venus assister au marathon de Boston, a été empoigné par les forces de l’ordre et traîné face à la caméra de la chaîne ABC comme un parfait suspect.
«Non, je ne suis pas le poseur de bombe de Boston», a-t-il clamé, terriblement choqué de découvrir sa photo à la une du New York Post, son visage encerclé de rouge, ainsi que celui d’un autre homme, le tout souligné par une légende accablante : «Les hommes aux sacs». Venus en spectateur du marathon, le malheureux Salah est devenu lui-même l’objet d’un spectacle.
«Les musulmans ? Tuons-les tous !»
De mauvais goût. Des exemples comme ceux-ci déchirent la Toile depuis l’attentat de Boston. Les musulmans américains vivent une nouvelle fois la peur au ventre. La chasse à l’homme, déclenchée au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, risque de reprendre de plus belle.
Dans les journaux, sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, la traque au musulman est lancée. On ne s’encombre même plus de commodités de langage pour désigner l’islam et les musulmans à la vindicte populaire.
Il est loisible d’imaginer les dégâts immenses que cette propagande, distillée par les milieux sionistes et néo-conservateurs, provoque chez l’Américain lambda à qui l’on a incrusté le cliché qu’un musulman est forcément un terroriste potentiel.
Un raccourci faux et injuste, qui a pris l’allure d’une idéologie de la peur, voire une religion politique et médiatique dans un pays définitivement vacciné le 11 septembre 2001 contre un virus imaginaire secrété par les faucons de la Maison-Blanche et d’ailleurs.
Les frais de la «chéchia» tchétchène
Sahar Aziz, de l’Institut pour la compréhension des peuples et la politique sociale (ISPU), a pourtant appelé les musulmans à faire preuve de vigilance : «Le stéréotype des musulmans terroristes et déloyaux étant désormais enraciné dans la culture américaine, la probabilité est forte de voir les musulmans américains faire face à des représailles si le suspect est musulman… Ces représailles pourraient prendre la forme de crimes de haine raciale, de vandalisme contre des mosquées, de harcèlement à l’école ou de certains médias faisant des musulmans des boucs émissaires», a-t-il déclaré aux journalistes.
On n’en est pas encore là, mais presque…
Le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a beau condamner «dans les termes les plus forts l’attentat lâche», l’appel de son directeur exécutif, Nihad Awad, ne risque pas d’être entendu.
La Société islamique d’Amérique du Nord (Islamic Society of North American, ISNA), une des plus anciennes organisations musulmanes des USA, s’est aussi empressée de condamner les explosions. «Nos prières vont aux victimes et à leurs proches.»
Mais leurs appels et leurs lamentations se perdent dans le bruit et la fureur contre l’islam et les musulmans. Même le secrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, s’est fendu d’un communiqué dans lequel il qualifie de «tels actes visant un événement sont lâches et répréhensibles».
Mais il n’est pas sûr que ces voix de raison puissent prendre le dessus sur la déraison de certains milieux culturellement hostiles à l’islam et aux musulmans. Faut-il s’étonner pour autant, dans un pays où une bonne partie de la population continue de croire que le président Obama est musulman ou carrément islamiste ?
Quoi qu’il en soit, le ton inquiet du jeune «tweeteur» libyen s’avère malheureusement justifié et les musulmans américains risquent de payer pour la «chéchia» des deux Tchétchènes.
Pour longtemps peut-être.
Pendant ce temps, des dizaines de civils afghans, pakistanais et yéménites sont fauchés par les drones américains dans l’indifférence générale.
Hassan Moali - El watan
Comme il fallait s’y attendre, la mise en cause des deux jeunes Tchétchènes, musulmans de confession, a provoqué une vague de manifestations islamophobes aux Etats-Unis, notamment dans les médias.
"S’il vous plaît, ne soyez pas un musulman !"
Ce tweet peureusement prémonitoire d’un jeune Libyen, qui lançait un improbable appel aux poseurs de bombes de Boston, résume à lui seul ce réflexe quasi pavlovien du monde occidental, mais surtout des Américains, de confondre allégrement terrorisme et islam, musulman et terroriste.
Cela n’a hélas pas raté, une nouvelle fois.
Les auteurs de l’horrible attentat de Boston sont de nationalité tchétchène, mais musulmans tout de même.
La supplication du jeune Libyen conscient, comme tous les musulmans du monde, de la vague d’islamophobie qui allait déferler sur les USA, aura été déçue. Mais son tweet qui a fait le buzz sur la Toile est d’une pertinence chirurgicale.
Voici le premier (tir) tweet du célèbre chroniqueur et expert des médias de Fox News, Erik Rush, en réponse à un autre tweet :
«Blâmez-vous les musulmans ?»
«Oui, ils incarnent le mal. Tuons-les tous !»
Une véritable déclaration de guerre qui à ce mérite de tordre le cou au slogan trompeur de la chaîne du magnat Rupert Murdoch : «Juste et équilibré».
Autre exemple de la cette folie islamophobe.
Salah Barhoun, un jeune Arabe de 17 ans, qui faisait partie des nombreux spectateurs venus assister au marathon de Boston, a été empoigné par les forces de l’ordre et traîné face à la caméra de la chaîne ABC comme un parfait suspect.
«Non, je ne suis pas le poseur de bombe de Boston», a-t-il clamé, terriblement choqué de découvrir sa photo à la une du New York Post, son visage encerclé de rouge, ainsi que celui d’un autre homme, le tout souligné par une légende accablante : «Les hommes aux sacs». Venus en spectateur du marathon, le malheureux Salah est devenu lui-même l’objet d’un spectacle.
«Les musulmans ? Tuons-les tous !»
De mauvais goût. Des exemples comme ceux-ci déchirent la Toile depuis l’attentat de Boston. Les musulmans américains vivent une nouvelle fois la peur au ventre. La chasse à l’homme, déclenchée au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, risque de reprendre de plus belle.
Dans les journaux, sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, la traque au musulman est lancée. On ne s’encombre même plus de commodités de langage pour désigner l’islam et les musulmans à la vindicte populaire.
Il est loisible d’imaginer les dégâts immenses que cette propagande, distillée par les milieux sionistes et néo-conservateurs, provoque chez l’Américain lambda à qui l’on a incrusté le cliché qu’un musulman est forcément un terroriste potentiel.
Un raccourci faux et injuste, qui a pris l’allure d’une idéologie de la peur, voire une religion politique et médiatique dans un pays définitivement vacciné le 11 septembre 2001 contre un virus imaginaire secrété par les faucons de la Maison-Blanche et d’ailleurs.
Les frais de la «chéchia» tchétchène
Sahar Aziz, de l’Institut pour la compréhension des peuples et la politique sociale (ISPU), a pourtant appelé les musulmans à faire preuve de vigilance : «Le stéréotype des musulmans terroristes et déloyaux étant désormais enraciné dans la culture américaine, la probabilité est forte de voir les musulmans américains faire face à des représailles si le suspect est musulman… Ces représailles pourraient prendre la forme de crimes de haine raciale, de vandalisme contre des mosquées, de harcèlement à l’école ou de certains médias faisant des musulmans des boucs émissaires», a-t-il déclaré aux journalistes.
On n’en est pas encore là, mais presque…
Le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a beau condamner «dans les termes les plus forts l’attentat lâche», l’appel de son directeur exécutif, Nihad Awad, ne risque pas d’être entendu.
La Société islamique d’Amérique du Nord (Islamic Society of North American, ISNA), une des plus anciennes organisations musulmanes des USA, s’est aussi empressée de condamner les explosions. «Nos prières vont aux victimes et à leurs proches.»
Mais leurs appels et leurs lamentations se perdent dans le bruit et la fureur contre l’islam et les musulmans. Même le secrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, s’est fendu d’un communiqué dans lequel il qualifie de «tels actes visant un événement sont lâches et répréhensibles».
Mais il n’est pas sûr que ces voix de raison puissent prendre le dessus sur la déraison de certains milieux culturellement hostiles à l’islam et aux musulmans. Faut-il s’étonner pour autant, dans un pays où une bonne partie de la population continue de croire que le président Obama est musulman ou carrément islamiste ?
Quoi qu’il en soit, le ton inquiet du jeune «tweeteur» libyen s’avère malheureusement justifié et les musulmans américains risquent de payer pour la «chéchia» des deux Tchétchènes.
Pour longtemps peut-être.
Pendant ce temps, des dizaines de civils afghans, pakistanais et yéménites sont fauchés par les drones américains dans l’indifférence générale.
Hassan Moali - El watan
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