Écrit par Lena Azizi
Pour les Sahraouis, la décision des Américains de renoncer à confier à la Minurso la mission de surveiller le respect des droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés en Algérie n’est pas une « victoire marocaine », mais le fruit de pressions françaises en direction de l’allié américain.
Washington n’a pas voulu froisser son allié français engagé dans une guerre au Sahel au nom de l’antiterrorisme et a accepté, de manière pragmatique, de faire machine arrière. Quitte à se faire critiquer par les Organisations internationales des droits de l’Homme qui ont vu dans ce recul américain une occasion manquée. L’Afrique du Nord a été pendant longtemps d’un intérêt marginal pour les Etats-Unis, elle ne s’y investit pas politiquement de manière intensive. Il y a bien entendu un intérêt qui a grandi sous le prisme de la lutte antiterroriste et de l’évolution de la situation au Sahel. Mais dans le Sahel, c’est l’allié français qui crapahute dans une guerre qui vient d’être prolongée par le Parlement français.
Or, cet allié a été particulièrement embarrassé par le projet de résolution américain qui a affaibli son rôle durable de « protecteur » de la monarchie marocaine. Les déclarations des officiels français étaient sans équivoque à ce sujet. Ils ont bien entendu annoncé qu’ils n’exerceraient pas de véto contre une éventuelle résolution, mais ils ont fortement travaillé pour édulcorer la résolution. Dans le contexte actuel, où les forces françaises font « le boulot » au Mali, l’administration américaine a clairement choisi de ne pas les contrarier. Le Maroc est, une fois de plus, installé dans la protection du bouclier diplomatique français qui fonctionne de manière systématique depuis des décennies pour entraver toute mise en œuvre contraignante des résolutions de l’ONU sur le Sahara occidental. Les explications données par la presse marocaine sur la volte-face américaine seraient que le département d’Etat aurait vacillé au moment de changer de main. Explication d’autant plus hasardeuse que même si le « spoil system » fonctionne aux Etats-Unis la « continuité » de l’Etat et de sa diplomatie ne sont pas un vain mot. En réalité, les
Américains ont choisi par pragmatisme de ne pas gêner Paris. Et même de lui laisser encore le rôle de « sous-traitant » dans la zone.
Ce n’est pas le moment de faire des vagues, alors que l’allié français mène une guerre qui risque de durer longtemps, voire d’être sans fin. De ce point de vue, les Sahraouis ont bien été lâchés sur l’autel de la realpolitik. Les organisations de droits de l’Homme ne s’y trompent pas, elles ont dénoncé un recul préjudiciable. Mais surtout, elles se préparent à donner un « contenu » à l’insistance annoncée sur les droits de l’Homme dans le projet de résolution. Ce contenu pour Human Rights Watch par exemple doit impérativement se traduire par des visites régulières et sans entraves des experts des droits de l’Homme l’ONU au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés. C’est à cette aune que les ONG jugeront du sérieux de la mention des droits de l’Homme et non au simple fait qu’elle soit mentionnée. Les Sahraouis ne sont pas surpris de découvrir, une fois de plus, que Paris est une entrave importante à l’exercice de leur droit reconnu à l’autodétermination. Et de fait, le « protectorat » français sur la monarchie se perpétue quelle que soit la couleur politique du pouvoir. Après une salve de colère où un responsable a laissé entendre que le « pacifisme » du Polisario est une impasse, les dirigeants sahraouis ont choisi de ne pas critiquer les Américains et de chercher des éléments positifs dans leur initiative.
A l’évidence, ils n’ont pas d’autres choix. Il restera que la poussée d’antiaméricanisme qui a marqué le Maroc ces derniers temps laissera des traces. Le Maroc aurait signifié qu’il était prêt à reprendre les manœuvres militaires conjointes qu’il a annulées après l’annonce du projet de résolution américain. Le département de la Défense américain a décliné en signifiant qu’il ne va pas donner une prime à un « allié » présumé qui fait trop facilement dans les sautes d’humeur pour être sérieux.
REPORTERS.DZ
Pour les Sahraouis, la décision des Américains de renoncer à confier à la Minurso la mission de surveiller le respect des droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés en Algérie n’est pas une « victoire marocaine », mais le fruit de pressions françaises en direction de l’allié américain.
Washington n’a pas voulu froisser son allié français engagé dans une guerre au Sahel au nom de l’antiterrorisme et a accepté, de manière pragmatique, de faire machine arrière. Quitte à se faire critiquer par les Organisations internationales des droits de l’Homme qui ont vu dans ce recul américain une occasion manquée. L’Afrique du Nord a été pendant longtemps d’un intérêt marginal pour les Etats-Unis, elle ne s’y investit pas politiquement de manière intensive. Il y a bien entendu un intérêt qui a grandi sous le prisme de la lutte antiterroriste et de l’évolution de la situation au Sahel. Mais dans le Sahel, c’est l’allié français qui crapahute dans une guerre qui vient d’être prolongée par le Parlement français.
Or, cet allié a été particulièrement embarrassé par le projet de résolution américain qui a affaibli son rôle durable de « protecteur » de la monarchie marocaine. Les déclarations des officiels français étaient sans équivoque à ce sujet. Ils ont bien entendu annoncé qu’ils n’exerceraient pas de véto contre une éventuelle résolution, mais ils ont fortement travaillé pour édulcorer la résolution. Dans le contexte actuel, où les forces françaises font « le boulot » au Mali, l’administration américaine a clairement choisi de ne pas les contrarier. Le Maroc est, une fois de plus, installé dans la protection du bouclier diplomatique français qui fonctionne de manière systématique depuis des décennies pour entraver toute mise en œuvre contraignante des résolutions de l’ONU sur le Sahara occidental. Les explications données par la presse marocaine sur la volte-face américaine seraient que le département d’Etat aurait vacillé au moment de changer de main. Explication d’autant plus hasardeuse que même si le « spoil system » fonctionne aux Etats-Unis la « continuité » de l’Etat et de sa diplomatie ne sont pas un vain mot. En réalité, les
Américains ont choisi par pragmatisme de ne pas gêner Paris. Et même de lui laisser encore le rôle de « sous-traitant » dans la zone.
Ce n’est pas le moment de faire des vagues, alors que l’allié français mène une guerre qui risque de durer longtemps, voire d’être sans fin. De ce point de vue, les Sahraouis ont bien été lâchés sur l’autel de la realpolitik. Les organisations de droits de l’Homme ne s’y trompent pas, elles ont dénoncé un recul préjudiciable. Mais surtout, elles se préparent à donner un « contenu » à l’insistance annoncée sur les droits de l’Homme dans le projet de résolution. Ce contenu pour Human Rights Watch par exemple doit impérativement se traduire par des visites régulières et sans entraves des experts des droits de l’Homme l’ONU au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés. C’est à cette aune que les ONG jugeront du sérieux de la mention des droits de l’Homme et non au simple fait qu’elle soit mentionnée. Les Sahraouis ne sont pas surpris de découvrir, une fois de plus, que Paris est une entrave importante à l’exercice de leur droit reconnu à l’autodétermination. Et de fait, le « protectorat » français sur la monarchie se perpétue quelle que soit la couleur politique du pouvoir. Après une salve de colère où un responsable a laissé entendre que le « pacifisme » du Polisario est une impasse, les dirigeants sahraouis ont choisi de ne pas critiquer les Américains et de chercher des éléments positifs dans leur initiative.
A l’évidence, ils n’ont pas d’autres choix. Il restera que la poussée d’antiaméricanisme qui a marqué le Maroc ces derniers temps laissera des traces. Le Maroc aurait signifié qu’il était prêt à reprendre les manœuvres militaires conjointes qu’il a annulées après l’annonce du projet de résolution américain. Le département de la Défense américain a décliné en signifiant qu’il ne va pas donner une prime à un « allié » présumé qui fait trop facilement dans les sautes d’humeur pour être sérieux.
REPORTERS.DZ
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