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L’incroyable flambée des coûts d’extraction du pétrole

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  • L’incroyable flambée des coûts d’extraction du pétrole

    Les coûts d’extraction du pétrole ont flambé de plus de 20 % depuis 2009. Une envolée liée aux équipements, aux salaires et à la réglementation

     Le développement d’un champ au large de l’Angola coûte aujourd’hui trois fois plus cher qu’il y a quinze ans.  - AFP
    Coup sur coup, deux grands projets pétroliers viennent d’être remis en cause. Le britannique BP a annoncé la semaine dernière qu’il étudiait le report de Mad Dog 2, l’un de ses projets phare dans le golfe du Mexique. Quelques jours plus tôt, c’est l’australien Woodside Petroleum qui décidait d’abandonner son projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel sur la côte ouest de l’Australie. Dans les deux cas, une même explication : les coûts ont recommencé à flamber dans l’industrie pétrolière.
    Après avoir doublé entre 2006 et 2008, sous l’effet d’une recrudescence d’activité dans l’exploration, les coûts de production avaient accusé une baisse d’environ 15 % avec la crise de 2009. Mais ils sont depuis repartis à la hausse. L’indice publié par le cabinet IHS Cera montre qu’ils ont même dépassé leur niveau record de 2008 depuis le milieu de 2012. D’après les rapports annuels, ils ont grimpé de 23 % chez Shell et de 21 % chez Total entre 2009 et 2012, et de 20 % chez ExxonMobil entre 2009 et 2011. « Le développement d’un champ au large de l’Angola coûte aujourd’hui trois fois plus cher qu’il y a quinze ans », témoigne un industriel.
    « La hausse du prix du baril au dessus de la barre des 100 dollars, qui rend financièrement intéressant le développement de champs plus complexes, a conduit à la multiplication du nombre de projets, et à une certaine tension sur le marché », commente Anne Pumir, analyste chez Natixis. La complexité des projets elle-même explique une partie de la hausse. L’extraction en mer à de grandes profondeurs, ou la production d’hydrocarbures non conventionnels, plus lourds et moins fluides, nécessitent des technologies plus coûteuses que le développement de champs traditionnels, où le coût de production d’un baril est encore inférieur à 10 dollars. Or, « il peut grimper autour de 50 dollars pour l’offshore très profond, ou à 80-90 dollars pour les sables bitumineux du Canada », observe Guy Maisonnier, expert chez IFP Energies Nouvelles.
    Pressions réglementaires
    De même les pressions réglementaires ont contraint les compagnies à améliorer la sécurité de leurs installations et à réduire leur impact sur l’environnement. « On évite par exemple de brûler le gaz extrait avec le pétrole : désormais, on le réinjecte dans le sous-sol, ou on le produit, ce qui renchérit les coûts», indique un industriel. Enfin, de nombreux pays, comme le Brésil, réclament désormais un contenu local relativement important. Les compagnies sont amenées à y construire de nouvelles installations, dont le coût de démarrage pèse sur la rentabilité.
    La raréfaction des ressources, humaines ou des équipements, provoque aussi une inflation sur les prix. Certains profils s’arrachent, et les salaires flambent. De même, les équipementiers parapétroliers ont tendance à pousser leur avantage sur certains matériels, utilisés sur les segments porteurs : le prix de location des appareils de forages pour l’offshore très profond, qui s’élevait à environ 200.000 dollars par jour en 2002, a pu monter l’an dernier jusqu’à 650.000 dollars.
    La tendance devrait se poursuivre. « Tant que la demande de pétrole ne s’effondre pas, il n’y a aucune raison pour que la tension s’apaise », estime un industriel. Compte tenu du temps nécessaire pour former un foreur ou pour construire une plate-forme de forage, les compagnies doivent s’attendre à de nouvelles hausses de leurs dépenses pendant encore quelques années.
    Pour aller plus loin, lire aussi :
    Secteur pétrolier : Les salaires des profils les plus recherchés atteignent désormais des sommets
    T otal trouve du pétrole au large de la Côte d’Ivoire

    Écrit par Anne FEITZ
    Journaliste
    LES ECHOS
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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