La Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) est et restera la seule opération de maintien de la paix de l'ONU dépourvue d'une composante "droits de l'homme", tout du moins pour un an.
Le Conseil de sécurité a renouvelé, à l'unanimité, jeudi 25 avril et pour un an, son mandat, sans rien changer aux prérogatives qui sont les siennes depuis 1991. L'élargissement des compétences de la Minurso fait l'objet, depuis plusieurs années, de débats au sein de l'organe exécutif de l'ONU, qui chaque fois tournent court sous la pression marocaine relayée par la France, dotée du droit de veto.
Cette année, ce n'est pas un partisan traditionnel de la cause sahraouie qui a engagé le débat. Sans prévenir aucun de leurs partenaires au sein du Groupe des amis du Sahara occidental (Russie, France, Royaume-Uni et Espagne), les Etats-Unis avaient préparé un projet de résolution proposant la création d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme intégré à la Minurso. L'initiative, défendue avec acharnement par l'ambassadrice américaine Susan Rice, a déclenché l'ire de Rabat, qui considérait cette démarche comme une atteinte à sa souveraineté. Il l'a rejetée "catégoriquement" et a reporté sine die des manoeuvres militaires prévues avec les Américains.
LETTRE DE PROTESTATION
Le roi du Maroc, Mohammed VI, aurait dépêché ses conseillers en Russie et enChine pour solliciter l'appui de ces deux membres permanents du Conseil de sécurité. Pis, selon une source diplomatique, il aurait adressé une lettre de protestation au président Barack Obama. Deux semaines de lobbying effréné plus tard, Washington, "refusant sans doute de s'aliéner un pays stable dans la région et un allié en matière de lutte antiterroriste, a capitulé", résume une source proche du dossier.
La résolution adoptée est même "en retrait par rapport à 2012", relève un diplomate. Le texte souligne la nécessité "d'améliorer la situation des droits de l'homme" mais ne réclame plus des "mesures indépendantes et crédibles" en ce sens.
Créée pour surveiller le cessez-le-feu et organiser un référendum destiné à déterminer le statut de cette ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc en 1975 et revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Polisario, la Minurso et ses 230 casques bleus poursuivront donc leurs activités à l'identique jusqu'en avril 2014.
"OCCASION MANQUÉE"
Les ONG regrettent "une occasion manquée". Pour Philippe Bolopion, le directeur de Human Rights Watch auprès de l'ONU, "il est regrettable que les Etats-Unis, qui avaient au départ une position louable, aient reculé si vite sans obtenir une seule concession marocaine". Selon lui, toutefois, le Maroc "a senti le vent du boulet" et a bien conscience que tout faux pas lui sera vite reproché.
Si les experts ne s'expliquent pas ce qui a motivé l'initiative américaine – sauf à spéculer sur le rôle de l'ONG pro-démocrate et pro-sahraouie Robert F. Kennedy Center, dont la présidente serait proche du secrétaire d'Etat John Kerry –, le rapport 2013 du département d'Etat consacrait 12 pages à la situation des droits de l'homme au Sahara occidental. "Les forces de sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis", souligne le document. Des violations confirmées, en mars 2012, par le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, à son retour du Maroc et du Sahara occidental.
Ce qui fait dire au représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, que"l'initiative américaine restera d'actualité" et représente "une victoire morale pour les droits de l'homme".
Lemonde.fr
Par Alexandra Geneste
Le Conseil de sécurité a renouvelé, à l'unanimité, jeudi 25 avril et pour un an, son mandat, sans rien changer aux prérogatives qui sont les siennes depuis 1991. L'élargissement des compétences de la Minurso fait l'objet, depuis plusieurs années, de débats au sein de l'organe exécutif de l'ONU, qui chaque fois tournent court sous la pression marocaine relayée par la France, dotée du droit de veto.
Cette année, ce n'est pas un partisan traditionnel de la cause sahraouie qui a engagé le débat. Sans prévenir aucun de leurs partenaires au sein du Groupe des amis du Sahara occidental (Russie, France, Royaume-Uni et Espagne), les Etats-Unis avaient préparé un projet de résolution proposant la création d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme intégré à la Minurso. L'initiative, défendue avec acharnement par l'ambassadrice américaine Susan Rice, a déclenché l'ire de Rabat, qui considérait cette démarche comme une atteinte à sa souveraineté. Il l'a rejetée "catégoriquement" et a reporté sine die des manoeuvres militaires prévues avec les Américains.
LETTRE DE PROTESTATION
Le roi du Maroc, Mohammed VI, aurait dépêché ses conseillers en Russie et enChine pour solliciter l'appui de ces deux membres permanents du Conseil de sécurité. Pis, selon une source diplomatique, il aurait adressé une lettre de protestation au président Barack Obama. Deux semaines de lobbying effréné plus tard, Washington, "refusant sans doute de s'aliéner un pays stable dans la région et un allié en matière de lutte antiterroriste, a capitulé", résume une source proche du dossier.
La résolution adoptée est même "en retrait par rapport à 2012", relève un diplomate. Le texte souligne la nécessité "d'améliorer la situation des droits de l'homme" mais ne réclame plus des "mesures indépendantes et crédibles" en ce sens.
Créée pour surveiller le cessez-le-feu et organiser un référendum destiné à déterminer le statut de cette ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc en 1975 et revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Polisario, la Minurso et ses 230 casques bleus poursuivront donc leurs activités à l'identique jusqu'en avril 2014.
"OCCASION MANQUÉE"
Les ONG regrettent "une occasion manquée". Pour Philippe Bolopion, le directeur de Human Rights Watch auprès de l'ONU, "il est regrettable que les Etats-Unis, qui avaient au départ une position louable, aient reculé si vite sans obtenir une seule concession marocaine". Selon lui, toutefois, le Maroc "a senti le vent du boulet" et a bien conscience que tout faux pas lui sera vite reproché.
Si les experts ne s'expliquent pas ce qui a motivé l'initiative américaine – sauf à spéculer sur le rôle de l'ONG pro-démocrate et pro-sahraouie Robert F. Kennedy Center, dont la présidente serait proche du secrétaire d'Etat John Kerry –, le rapport 2013 du département d'Etat consacrait 12 pages à la situation des droits de l'homme au Sahara occidental. "Les forces de sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis", souligne le document. Des violations confirmées, en mars 2012, par le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, à son retour du Maroc et du Sahara occidental.
Ce qui fait dire au représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, que"l'initiative américaine restera d'actualité" et représente "une victoire morale pour les droits de l'homme".
Lemonde.fr
Par Alexandra Geneste
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