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Palestine : une télé-réalité pour dénicher les leaders de demain.

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  • Palestine : une télé-réalité pour dénicher les leaders de demain.

    François Hollande a peut-être du souci à se faire. En Palestine, en tout cas, on sélectionne les nouveaux leaders politiques à la télévision. C'est du moins ce que propose la chaîne Maan avec son émission Al Raïs (comprenez "le président"). Choisis minutieusement parmi les quelque 1 200 candidatures, ils sont 25 à s'affronter un jeudi soir par mois. L'émission étant tournée à Ramallah, cité proche de Jérusalem, sept d'entre eux résidant dans la bande de Gaza y participent par visioconférence. Tour à tour, ces jeunes candidats se présentent devant le jury et s'efforcent de répondre au mieux à des questions sur la vie politique palestinienne.

    Tout est passé en revue, comme l'explique Raed Othman, responsable de la chaîne, au micro de France Info : "Par exemple : si un jour on a un État palestinien, est-ce qu'il faudra garder l'OLP ? Que faire des Palestiniens de 1948, ceux qui vivent en Israël ? Qu'est-ce qu'on fait des réfugiés qui sont au Liban ? Si un parti comme le Hamas ne veut pas d'élections, et si vous êtes le président, quelle décision prenez-vous ?" Mieux vaut se montrer convaincant. À chaque diffusion, ce sont trois apprentis politiciens, et non un, qui quittent le jeu ! Cette télé-réalité d'un nouveau genre permet aux jeunes de "lâcher leurs armes, ils se prennent réellement au jeu", assure Anwar Abu Eisheh, juriste à Hébron interrogé par Le Point.fr.

    Tout sauf une blague

    L'émission ressemble à un gag, mais c'est très sérieux ! Elle se présente comme "favorisant la citoyenneté, chez les jeunes en particulier et les téléspectateurs en général, grâce à une sensibilisation à la participation, à la démocratie et aux droits de l'homme". Et bien qu'il n'existe pas de moyen concret d'estimer l'audience en Palestine, le producteur de l'émission assure que plusieurs candidats sont reconnus dans la rue. Preuve de la légitimité du concept, le jury est composé de personnalités politiques notoires, comme Hanane Achraoui. Membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et première femme élue au Parlement, elle considère que le pays a besoin d'un "coup de fouet" : "Nous les Palestiniens, on a toujours eu un problème de gouvernance, mais en ce moment ces difficultés sont de plus en plus importantes. Il est vraiment temps de faire de la place aux jeunes !"

    Le contexte est effectivement tendu, moins de deux semaines après la démission du Premier ministre, Salam Fayyad, en désaccord avec son président, Mahmoud Abbas. Ce dernier regarde-t-il l'émission ? "Je ne crois pas, poursuit Eisheh, mais ses collaborateurs doivent lui en rendre compte. À la fin, il fera peut-être une action spectaculaire en recevant le vainqueur au palais présidentiel !" Mais, alors que le succès des vedettes issues de jeux télévisés est souvent éphémère, pourquoi ces jeunes auraient-ils plus de chance ? "Ils ont forcément de l'ambition et quelque chose dans le cerveau. Ils vont essayer de jouer un rôle de leader dans les organisations politiques et de jeunesse. Indéniablement, ils seront plus connus."

    Aussi à l'étranger

    Maan n'est pas la seule chaîne de télévision à délaisser concours de chants et de talents en tous genres pour se concentrer sur la politique. Début mars, une émission du même type a été lancée au Liban. Prévue pour durer dix semaines, elle a pour nom Al Zaïm ("le leader"). Les 15 candidats, répartis en équipe, ont plusieurs défis à réaliser chaque semaine. Une victoire de l'équipe assure à ses membres l'immunité, tandis que l'élimination pend au nez du plus mauvais élève de l'équipe perdante. À la clé, une belle récompense : le gagnant de l'émission remporte le droit de se présenter aux prochaines élections législatives de juin, sans étiquette politique. Mieux, l'intégralité de sa campagne est financée par l'émission.

    Précurseur en la matière, le Canada a aussi eu son télé-crochet politique, Canada's Next Great Prime Minister, entre 2006 et 2008. Populaire, le show avait d'ailleurs été diffusé en Allemagne par la suite. En France, Marc-Olivier Fogiel avait tenté l'expérience l'année passée avec Qui veut devenir président ? sur France 4, mais l'émission avait été un bide retentissant, avec seulement 0,7 % de parts de marché.

    lepoint.
    There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.
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