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« Au cœur de la bataille d’Alger » Par Brahim Chergui : L’histoire au fil des témoignages

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  • « Au cœur de la bataille d’Alger » Par Brahim Chergui : L’histoire au fil des témoignages

    Comme la vie, l’histoire n’est pas toujours un long fleuve tranquille, elle est faite souvent a posteriori de déclarations rebondissantes de la part de certains acteurs qui ont participé par leur action téméraire à des hauts faits d’armes et qui furent, après la guerre de libération nationale, l’objet de calomnies et de rumeurs trompeuses.


    Comme la vie, l’histoire n’est pas toujours un long fleuve tranquille, elle est faite souvent a posteriori de déclarations rebondissantes de la part de certains acteurs qui ont participé par leur action téméraire à des hauts faits d’armes et qui furent, après la guerre de libération nationale, l’objet de calomnies et de rumeurs trompeuses. Loin d’être caractérisée par la linéarité, l’histoire événementielle sans le témoignage de ceux qui furent intimement mêlés à elle peut être tronquée et truffée de contre-vérités qui sont souvent l’apanage des vainqueurs. Il importe alors que les faits soient rétablis dans leur entière vérité pour donner une image claire d’une vérité historique qui est en train de s’écrire depuis quelques années. Le livre publié aux éditions Dahlab par le moudjahid Brahim Chergui, en collaboration avec les journalistes Mouloud Ben Mohamed et Hamid Tahri, vient éclairer nos lanternes sur le déroulement d’un chapitre des plus marquants de la guerre de libération nationale, à savoir la bataille au cœur de la capitale appelée alors zone autonome, qui fut le théâtre le plus sanglant d’un affrontement entre les combattants algériens et les forces coloniales, une confrontation décisive qui devait signer la capitulation des Français et l’entrée de l’Algérie dans une nouvelle ère comme une première naissance tant attendue. Cette publication que nous avons parcourue avec attention nous livre, à travers le parcours politique de Brahim Chergui, certains secrets sur le processus de lutte radicale des militants qui se sont rangés sous la bannière du FLN avec en toile de fond le cheminement du mouvement nationaliste depuis la création du PPA (Parti du peuple algérien) puis du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) en passant par les événements du 8 mai puis la création de l’O.S (Organisation
    spéciale) : « L’ouvrage que nous présentons aujourd’hui est d’un apport substantiel à l’écriture de l’histoire de l’Algérie contemporaine. C’est un témoignage riche et vivant sur une longue période du mouvement national et de la révolution », écrit Zahir Ihadadden dans sa préface. Brahim Chergui qui est né en 1922 à Ain El-Khadra, un village situé entre M’Sila et Barika, est issu d’un milieu d’agriculteurs. Il grandit à Biskra puis se révèle être un militant chevronné du PPA et du scoutisme dans la section de cette ville. Dans ce livre, il raconte avec force détails son itinéraire sous la forme d’interviews qu’il a accordées aux journalistes, des témoignages où il revient sur les différentes péripéties de son activité. Le PPA fut pour Si Brahim une véritable école de formation dans laquelle il fera d’importantes rencontres dès 1942 notamment avec le chahid Mohamed Larbi Ben-M’hidi et le docteur Chérif Saâdane, une des personnalités les plus éminentes du groupe. A travers ses différentes mutations en tant que responsable de l’OS, une organisation qui avec le PPA œuvrait dans la clandestinité comparativement au MTLD qui était relativement toléré par les autorités coloniales, il se retrouve en contact avec des figures de la lutte armée qui ont joué un rôle déterminant dans la révolution, à l’image de Didouche Mourad ou encore Mustapha Ben Boulaïd. En 1953, il devient chef de la wilaya de Constantine et se retrouve progressivement dans la tâche spécifiquement organique qui consistait à étendre la future structure du FLN dans la capitale, une zone stratégique et politique qui fonctionnait sous l’égide du CCE. On retrouve dans ces lignes la description des leaders charismatiques de la révolution : « S’il fallait caractériser Ben M’hidi en quelques mots, je dirai qu’il avait été l’homme des grandes convictions, tendu par un idéal patriotique ardent et ombrageux. D’un abord facile, le personnage rayonnait de vivacité et de chaleur (…) Abane était assurément d’une trempe exceptionnelle. Tous ceux qui l’ont approché l’admettent, même si en retour ils lui reprochent une franchise trop brutale et un ton incisif. » Si la bataille d’Alger est décrite dans les moindres faits jusqu’à l’arrestation de Ben M’hidi sur les hauteurs de la rue Débussy, il n’en demeure pas moins que le moudjahid Si Brahim, d’une nature réservée et très peu enclin à accorder des entretiens aux journalistes, a rompu le silence depuis l’année 2005 où il s’est entretenu avec des responsables du quotidien « Le jeune indépendant » en France, puis à travers ce livre où il se confie à cœur ouvert sur les allégations — les contre-vérités de l’histoire dont nous parlions plus haut — qui depuis l’indépendance l’accusent d’avoir dénoncé aux parachutistes français Larbi Ben M’hidi. Preuves à l’appui, il explique que les militants algériens étaient alors entraînés à l’éventualité d’une arrestation et au devoir de silence, même sous les pires tortures et en dernier lieu affirme qu’il était dans l’impossibilité de le faire puisqu’il fut arrété 24 heures après l’arrestation de Ben M’hidi qui selon le témoignage du colonel jacques Allaire contacté en France par Mouloud Ben Mohamed, contredit les calomnies proférées à l’encontre de Si Brahim. Le lecteur pourra dans ce livre découvrir par ailleurs l’interview accordée à ce même journaliste par Marcel Bigeard qui élucide la sombre affaire de cette arrestation qui fut le fruit d’un hasard et les derniers moments de Larbi ben M’hidi qui fut atrocement torturé par Aussaresse et pendu dans une villa à la campagne puis déplacé en ville pour maquiller sa mort en suicide.
    Lynda Graba
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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