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Les algérois entre mansuétude, critique et peur de l’inconnu

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  • Les algérois entre mansuétude, critique et peur de l’inconnu

    Début de semaine maussade à Alger. Entre la grisaille et les bouchons incessants que connaissent les rues de la capitale, les citoyens vaquent à leurs occupations.Et s’ils semblent hermétiques à ce qui peut se passer sur la scène nationale, il est pourtant une information qui est commentée à foison : l’état de santé du président Bouteflika.

    Loin de «tirer sur l’ambulance», les vœux de rétablissement sont quasi unanimes, bien que parfois accompagnés de «rumeurs» et «ouï-dire» des plus pessimistes. «Nous attendons d’en savoir plus, de constater de visu qu’il va bien. Car à entendre certains commentaires, la situation est beaucoup plus sérieuse que ce qui est dit officiellement», souffle un père de famille. D’ailleurs, pour de nombreux citoyens, le gouvernement a encore failli en termes de communication. «Les Algériens sont-ils réellement concernés, puisque ce sont les médias français et internationaux qui nous informent de son transfert à Paris ?» s’indigne un quinquagénaire. «Je trouve inadmissible qu’aujourd’hui encore, les autorités n’accordent pas d’importance et de respect au peuple pour que ce soient les étrangers qui nous donnent de telles nouvelles», poursuit-il, hors de lui. Ce qui, estime ce fonctionnaire, soulève d’autres interrogations.

    «Dans ce manque de communication et de transparence, peut-on réellement faire confiance aux nouvelles ‘officielles’ qui sont rassurantes ?», conclut-il.
    Si la mansuétude est de rigueur «envers l’homme», les critiques sont sévères envers «le politique». «Vu son âge, il est normal qu’il tombe malade ainsi. Nous espérons qu’il se rétablisse au mieux. Mais je pense aussi que c’est un signe indéniable qu’il devait se retirer à la fin de son deuxième mandat et qu’il comprendra enfin qu’un quatrième mandat n’est plus envisageable pour lui», commente un jeune homme.

    Mais les insinuations les plus acerbes et les plus significatives ne sont pas forcément les critiques les plus «politisées». Dans les allées du CHU Mustapha Pacha, la foule habituelle se presse autour des bâtiments principaux, l’esprit à mille lieues de ces informations. «Rebbi ichafih (que Dieu lui accorde la guérison). Rebbi ichafi gaa elmarda Incha Allah (que Dieu accorde la guérison à tous les malades), surtout ceux qui ne sont pas évacués au Val-de-Grâce pour un malaise sans gravité et des contrôles de routine», réplique une femme, le visage rendu hagard par une nuit passée au chevet de sa mère, hospitalisée.

    Appréhension et scénarios catastrophe

    Un peu plus loin, rue Hassiba Ben Bouali, une quinquagénaire, se dit «bouleversée». «Depuis que j’ai entendu cette nouvelle, je suis dans un état second, comme une automate. Que va-t-il advenir si les choses empirent ?», s’alarme-t-elle, une main sur la poitrine.
    Car cette inquiétude pour la santé du Président est surtout sous-tendue par une angoisse beaucoup plus vaste non pour le sort d’un homme en particulier, mais surtout quant au devenir de l’Algérie. «S’il lui arrive quelque chose, qui pourra gouverner ? Comment la succession va-t-elle s’organiser ?», s’inquiète une jeune fille. D’autant plus que d’aucuns estiment que «le moment est mal choisi». «Dans le contexte actuel de troubles internes, de remous sociaux et autre instabilité régionale, qui peut dire comment les choses vont évoluer ? Alors oui, j’appréhende grandement la suite des événements», confie un père de famille. Et les pires scénarios sont ainsi régulièrement évoqués : intervention étrangère, coup d’Etat, luttes au sommet pour la prise du pouvoir, etc. «Si le pire devait arriver, je n’ai qu’un souhait : que l’amour du drapeau et de la patrie prime sur l’amour du koursi (trône) pour nous éviter un retour aux années 1990 ou une transition violente. Il est naïf de croire que la rue algérienne est assez mature politiquement. Ce sont ceux que l’on nomme les ‘décideurs’ qui devront assurer une transition pacifique», estime un syndicaliste retraité. Version qui laisse un jeune homme dubitatif : «Et si ce n’était que de la poudre aux yeux ? Afin de faire oublier à l’opinion publique tous les scandales de corruption qui éclatent et impliquent son entourage immédiat...» 

    Ghania Lassal- el Watan
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