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Libye : des milices s'en prennent à plusieurs ministères

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    Libye : des milices s'en prennent à plusieurs ministères

    Plusieurs ministères, ainsi que le siège de la télévision nationale libyenne, ont été cernés ou victimes d'actes de sabotage par des hommes armés. Le gouvernement accuse les milices de vouloir "déstabiliser le pays et terroriser les étrangers".
    Le ministère de l'intérieur, comme le siège de la chaîne, ont été dégagés.

    Par contre, le ministère des affaires étrangères reste encore encerclé depuis plusieurs jours par des miliciens qui réclament l'adoption rapide d'une loi qui exclurait les anciens responsables sous Mouammar Kadhafi des postes de haut rang dans la nouvelle administration.

    "Les actes de sabotage contre le siège du ministère de l'intérieur et celui de la télévision nationale" sont le fait "d'autres groupes pour d'autres motivations", a précisé le premier ministre Zeidan.


    LES FORCES DE SÉCURITÉ COMPLETEMENT DÉSORGANISÉES"


    Le gouvernement peine à imposer son autorité. 18 mois après son arrivée aux commandes du pays, le nouveau pouvoir est mal en point dans un pays où d'importantes quantités d'armes circulent et où les différences milices armées, issues de la révolution, agissent à leur guise.

    Le 8 avril, Ali Zeidan avait ouvertement reconnu que la Libye traversait une période de très forte vulnérabilité.

    Jusqu'à récemment, la capitale, Tripoli, était relativement épargnée par l'instabilité mais l'attentat à la bombe commis contre l'ambassade de France semble avoir marqué un tournant que confirment les incidents de ce dimanche.


    MANQUE D'INTERET DE LA PRESSE A CE QUI SE PASSE EN LIBYE


    La population libyenne, en spectateurs horrifiés et impuissants, assistent au second tome de leurs Printemps arabes. Une odeur nauséabonde. Un goût frelaté. Le réveil brutal à une réalité où ils ont ce sentiment accablé d’avoir été dupés et trompés sur une marchandise qui dévoile peu à peu ses atours.

    Le second anniversaire de l’intervention de l’OTAN aux côtés des rebelles libyens contre Mouammar Kadhafi n’a quasiment pas été mentionné par les gouvernements et les médias étrangers qui s’inquiétaient tant pour la sécurité et les droits humains du peuple libyen en 2011.

    Cela ne devrait pas nous surprendre parce que la Libye actuelle est de toute évidence en train de se désagréger et que les Libyens sont devenus les proies des miliciens qui affirmaient autrefois vouloir les protéger.

    LA SITUATION S'EMPIRE AU LIEU DE S'AMELIORER

    Le 5 mars, le parlement libyen s’est réuni pour décider si les Libyens qui avaient eu des fonctions officielles pendant les 42 ans de pouvoir de Kadhafi devaient être relevés de leurs fonctions. Cela inclurait même les dissidents de longue date qui ont joué un rôle de premier plan dans l’insurrection contre Kadhafi mais qui ont été ministres des dizaines d’années auparavant sous l’ancien régime.

    Les protestataires en faveur de cette purge étaient si menaçants que les membres du parlement ont été contraints de se réfugier dans les bureaux du service météorologique à l’extérieur de Tripoli où ils ont été attaqués par des hommes armés qui ont envahi le bâtiment déserté par la police. Des parlementaires ont été retenus en otage pendant 12 heures et d’autres ont bravé les balles pour s’enfuir.

    Aux abords de Tripoli, la loi des milices est encore plus totale.

    Le reste du monde ne s’y intéresse que lorsqu’il y a des violences spectaculaires comme l’assassinat à Benghazi en septembre dernier de l’ambassadeur étasunien Chris Stevens par des milices djihadistes, ou de l'attentat de l'ambassade Français à Tripoli de la semaine dernière.

    Les organisations des droits humains décrivent la situation en Libye avec plus de sérieux et d’impartialité que les médias internationaux, à part quelques honorables exceptions.

    Comme c’est sa tradition, Human Rights Watch, qui est basé à New York, a diffusé le mois dernier un rapport documentant le nettoyage ethnique de la ville de Tawergha où 40 000 personnes ont été forcées de quitter leur maison et "ont été détenues arbitrairement, torturées et assassinées". La forte population noire de la ville a été accusée d’avoir soutenu Kadhafi par les milices de Misrata.

    Human Rights Watch a utilisé des images satellites pour montrer que la destruction de Tawergha a eu lieu principalement après la guerre de 2011 au cours de laquelle 1370 sites avaient été détruits ou endommagés.

    Fred Abrahams, un conseiller spécial de Human Rights Watch, a déclaré que les images par satellite confirment que "le pillage, les incendies, et les destructions systématiques étaient organisés et avaient pour but d’empêcher les habitants de revenir".
    Le manque d’intérêt de la presse internationale offre un contraste flagrant avec sa couverture de la Libye pendant la guerre.

    Au printemps 2011, je faisais un reportage sur les combats autour de la ville de Ajdabiya au sud de Benghazi. Il y avait une ambiance de guerre bidon que ne reflétaient pas les reportages enthousiastes.

    Par exemple, à l’entrée sud de Ajdabiya, je me souviens avoir regardé avec amusement les équipes de télévision se positionner de telle sorte qu’on ne puisse pas se rendre compte qu’il y avait plus de journalistes que d’insurgés.

    Je n’ai jamais vu de positions rebelles ni même de barrages rebelles sur les routes entre Ajdabiya et Benghazi, deux villes qui étaient dépendantes des frappes de l’OTAN pour leur défense. C’était certainement des unités rebelles braves et dévouées, comme l’ont dit les journalistes, mais les insurgés auraient été rapidement battus sans le soutien de l’OTAN.

    Le fait que Kadhafi ait été renversé principalement par des forces étrangères a de grandes conséquences pour la Libye d’aujourd’hui.

    Cela explique que les insurgés, tout en croyant et affirmant que la victoire était leur oeuvre, se soient révélés trop faibles pour mettre en place quelque chose à la place de la version de nationalisme arabe de Kadhafi.


    APRES LE NATIONALISME ARABE, C'EST L'ISLAMISME ET LE TRIBALISME QUI RESSURGIT

    Sans ce nationalisme arabe, il n’y a pas grand chose pour contrebalancer le fondamentalisme islamique ou le tribalisme.

    Est-ce que cela a de l’importance ? Peut-être pas, car le nationalisme libyen a été discrédité aux yeux de beaucoup de Libyens par l’usage qu’en ont fait Kadhafi et sa famille.

    La situation catastrophique qui est celle de l’Irak depuis 2003 se propage, sous des formes différentes, à d’autres pays arabes.

    Ils se rendent compte, comme les Irakiens, qu’il n’est pas possible de passer à un fonctionnement démocratique tant que les principales forces politiques ne sont pas d’accord sur les règles qui déterminent l’attribution du pouvoir.

    L’auto-détermination nationale devrait être au coeur de tout nouvel ordre.

    Mais le problème des révoltes du printemps arabe, c’est qu’elles ont toutes été fortement dépendantes du soutien extérieur. Or, comme le montre ce qui arrive en Irak et en Libye, l’intervention étrangère est toujours intéressée.

    Les révolutionnaires de tous les pays recherchent l’aide étrangère, mais pour assurer le succès de leur entreprise sur le long terme, ils doivent y renoncer très vite.

    Car ils doivent construire un état de droit parce que, sinon, de nouveaux dictateurs s’imposeront.


    Patrick Cockburn
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