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Mariage :La dot entre contrainte religieuse et sociale

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  • Mariage :La dot entre contrainte religieuse et sociale

    C’est le jour J pour Rajaa. Aujourd’hui, Mounir et sa famille viennent officiellement la demander en mariage. Tout se passe bien pendant le diner et les deux familles semblent bien s’entendre, jusqu’au moment où on commence à parler de cérémonie et de «sadaq» (dot).
    Alors qu’ils avaient convenu 1 DH symbolique comme dot, le père de Rajaa a exigé que le futur mari lui verse 10 000 DH comme avance et 20 000 DH comme partie échue du «sadaq». Une décision qui a failli mettre terme à deux ans de relation amoureuse, si ce n’est que le couple a décidé de prendre un prêt pour satisfaire le père de la jeune femme et sauver leur mariage. Ce genre de situation est très fréquent. En effet, bien souvent les parents de la mariée interviennent sur la question du «sadaq» et exigent des montants exorbitants, ce qui est contre la religion musulmane et le Code la famille. «La dot est un pilier du mariage. C’est une condition qui a été soulignée dans le Saint Coran et la Sunna. Toutefois, aucune limite n’a été fixée, tout dépend de la condition financière de l’époux, et il faut savoir que la dot n’est pas versée automatiquement sous forme de somme d’argent», affirme Mahfoud Abou Sequine, président de l’Ordre national des adouls. Et de préciser : «L’essentiel est que le “sadaq” soit basé sur l’accord».
    De même le Code de la famille qui a consacré un chapitre à la dot, précise dans son article 26 que «Le “sadaq” consiste en tout bien donné par l’époux à son épouse, impliquant de sa part la ferme volonté de créer un foyer et de vivre dans les liens d’une affection mutuelle. Le fondement légal du “sadaq” consiste en sa valeur morale et symbolique et non en sa valeur matérielle».
    En outre, l’article 28 dispose : «Tout ce qui p neut faire légalement l’objet d’une obligation peut servir de “sadaq”. Il est légalement préconisé d’en modérer le montant.
    Des précisions qui semblent échapper complètement à un grand nombre de familles qui exigent des montants importants. «Le mariage est une énorme charge financière. Les familles sont très exigeantes, ce qui n’encourage pas les jeunes à franchir le pas», souligne Redouane. «Le problème avec certaines familles c’est qu’elles profitent du mariage de leurs filles pour tenter de faire fortune. Ce qui est vraiment déprimant», ajoute de son côté, Jawad.
    En effet, certains parents n’hésitent pas à prendre la dot offerte par l’époux, ce qui est également interdit. Dans d’autres cas, c’est l’époux lui-même qui exige de sa future femme un apport en contrepartie. L’article 29 précise que le «“sadaq” consenti par l’époux à l’épouse devient la propriété de celle-ci ; elle en a la libre disposition et l’époux ne peut exiger d’elle, en contrepartie, un apport quelconque en ameublement ou autres».
    En plus de la dot sous forme monétaire, il est de coutume que le mari offre d’autres présents à sa promise : bijoux, veau, vêtements, accessoires, parfums… au total, le mari se retrouve, bien souvent, obligé de s’endetter pour respecter les exigences de la belle-famille. «Les beaux-parents ont tendance à multiplier les exigences sans prendre en considération la situation financière du mari ou le choix de leur fille, parce qu’ils pensent que le meilleur moyen de mesurer l’amour et l’affection que leur futur gendre porte à leur fille se fait par le biais de l’argent», estime Rabii.
    Par ailleurs, on remarque de plus en plus de jeunes femmes qui se révoltent contre la dot. «Je ne suis pas une marchandise. Je n’accepte pas que mon futur mari paye pour m’épouser. C’est insultant», fustige Nouha.
    Un sentiment que refuse le président de l’Ordre national des adouls. «La dot est un présent que le mari offre à sa femme dans le but de consolider leur attachement mutuel, cela n’a rien d’insultant. C’est exactement comme les cadeaux qu’il peut lui offrir à l’occasion de la Journée de la femme ou de la Fête de l’amour», indique-t-il.
    Les astuces ne manquent pas

    Face aux exigences des familles, les couples aux moyens financiers limités ne manquent pas d’ingéniosité pour satisfaire leurs parents sans mettre en péril leur budget. «J’étais contre le fait que mon mari m’offre une parure en or, parce qu’on n’a pas les moyens de l’acheter et je n’en vois pas l’utilité. Alors nous avons acheté des bijoux en faux métal qui coûtent beaucoup moins cher et qui sont aussi bien faits. Personne ne s’est rendu compte de la supercherie et ma mère était fière de montrer à toute la famille le beau bijou que mon mari m’a offert», se souvient Imane, un grand sourire aux lèvres. Avec Imad c’est le montant de la dot qui lui posait problème. «Le père de ma fiancée a exigé 20 000 DH de dot pour sa fille, alors qu’elle et moi nous étions mis d’accord sur 10 000. Du coup, ce sont nos amis qui nous ont prêté le montant restant et une fois la cérémonie terminée, nous leur avions rendu leur argent», confie-t-il.
    Repères
    • Le cadeau des fiançailles a un nom particulièrement métaphorique : «rchim» (ce qui signifie marquage).
    • Les offrandes sous forme de lait, sucre, tissus, parfums, bijoux, henné, dattes, etc., sont présentées dans des réceptacles.
    • Les cadeaux s’inscrivent dans une forte symbolique : clarté et pureté pour le lait, bonheur pour le sucre, longue vie pour les dattes, affection pour le henné…
    Publié le : 4 Mai 2013 - Hafsa Sakhi, LE MATIN ma
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