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Plaies d'Égypte

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    Comment un pays, l’Égypte, qu’on imagine en proie à des troubles incessants, parfois meurtriers, doté d’institutions branlantes pourrait-il réaliser plus de 3,3% de croissance l’an prochain, si l’on en croit le FMI ? Certains assurent connaître la réponse au mystère. "C’est simple, jure un haut fonctionnaire égyptien. Les médias ont les yeux rivés sur la place Tahir ou les troubles à Port Saïd. L’Égypte reste un grand pays de 84 millions d’habitants : son économie fonctionne, les gens vont à leur travail. On reçoit toujours des investisseurs : 300 millions de dollars de flux nets au dernier semestre." Plutôt optimiste ! Il est vrai que des industriels russes pensent à réactiver de vieux projets sidérurgiques.
    Dans ce pays riche en gaz, l’italien ENI a, lui, acquis il y a peu des blocs d’exploration en Méditerranée. Quand à SEB il a conclu un joint-venture pour mieux vendre ses cafetières ou grille-pain… un peu surréaliste. Car dix mois après l’arrivée à sa présidence de Mohamed Morsi, le leader du parti Liberté et justice (Frères musulmans), l’Égypte fait figure de poudrière. Les tensions entre les islamistes au pouvoir, les milieux libéraux et les salafistes radicaux qui labourent le terrain social en sous-main, sont incessantes. Sans parler des heurts entre coptes et musulmans ou de l’attitude de l’armée. Sans cesse suspectée de fomenter un coup d’État, elle vient surtout de rappeler qu’elle ne tolérerait pas l’intrusion du pouvoir dans ses innombrables entreprises.
    Et l’économie justement ? Elle flanche. Après deux ans de troubles et en dépit des "quatre rentes" (Suez, tourisme, émigrés, gaz), les caisses de l’État sont vides. Dans ce pays qui importe deux fois plus qu’il n’exporte, le déficit commercial s’est encore creusé à 18 milliards de dollars au dernier semestre. Les réserves de change couvrent à peine trois mois d’importation et les devises sont attribuées au compte-gouttes : à sec de dollars, Vodafone Egypt avoue qu’il retardait le paiement de ses fournisseurs. Plus grave pour l’Égyptien de la rue, les files d’attente pour l’essence s’allongent. Le manque d’engrais ou de fuel destiné aux pompes d’irrigation fait craindre une moisson médiocre.
    Alors que le déficit du budget approche 12% du PIB, l’affaire du moment, on le sait, est la négociation avec le FMI d’un prêt de 4,8 milliards de dollars. Las ! Son issue en est sans cesse reportée. Le FMI pousse à la réforme du système de subvention aux produits de base qui assèche les comptes publics. Logique. Mais politiquement explosif avant les législatives prévues cet été. En attendant, le généreux Qatar ou la Turquie assurent les fins de mois du gouvernement. Croiraient-ils aux optimistes prévisions ?
    usine nouvelle
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