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Crise : les banques centrales ne sont pas une planche de salut

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  • Crise : les banques centrales ne sont pas une planche de salut

    Le nouveau rôle, pragmatique et opportuniste, que jouent les grandes banques centrales peut-il constituer un socle qui permette au système financier de retrouver son plein équilibre et à l'économie occidentale les chemins perdus de la croissance? Rien n'est moins garanti. François Leclerc, ancien conseiller de l'AFP, est l"auteur de "La crise n'est pas une fatalité" (éditions Osez la République sociale!").


    Au fil d'une crise qui se poursuit, le capitalisme connaîtrait-il une véritable mutation? C'est tout du moins ce que suggère l'implication grandissante des banques centrales dans le fonctionnement de l'économie mondiale. Leurs programmes s'amplifient et leurs bilans enflent démesurément (comme au sortir d'une guerre mondiale). Que se passerait-il alors, en vient-on à se demander, si elles devaient abandonner leurs mesures non conventionnelles (comme par exemple, la création monétaire par l'achat de titres ou l'assouplissement des conditions de crédit)? Car ne pas pouvoir ne serait-ce que l'envisager, ce serait reconnaître que ces politiques sont devenues irremplaçables au centre du dispositif qui maintient le système en équilibre. Comme si le capitalisme était entré dans une nouvelle phase de son existence.
    La Fed et la Banque du Japon vont-elles inspirer l'action de la BCE ?
    Après la FED, qui consacre mensuellement 85 milliards de dollars à des achats de titres, la Banque du Japon s'est engagée dans un programme d'achats de 1000milliards de dollars de la dette du pays, et l'on attend les décisions à venir de la Banque d'Angleterre et de la BCE. À Londres, la première hésite encore à suivre les traces de sa consœur américaine, tentant avec peu de succès de conditionner ses prêts aux banques à des objectifs de crédit aux PME (programme Funding for Len-ding). À Francfort, la seconde réfléchirait à un nouveau programme qui, dit-on, consisterait à soutenir la titrisation de prêts bancaires aux PME des pays de la périphérie de l'Europe. Entre-temps, la BCE a de toute façon totalement investi le marché interbancaire pour le faire fonctionner, symbole de la nature fonctionnelle de son intervention.
    Le processus de désendettement, plus problématique que prévu
    Aujourd'hui donc, des discussions sont lancées sur l'évolution de leurs missions, de leurs cibles d'objectif... et même du maintien de leur indépendance. Toutes considérations qui ne sont pas mineures, dans un monde semblant figé à jamais dans les certitudes d'une théorie monétariste à la gloire ternie.
    En tout cas, l'heure n'est plus à la vigilance de l'inflation des prix à la consommation - en dessous des 2% réglementaires dans la zone euro - alors que les mécanismes monétaires ne procurent pas les résultats espérés. L'opportunisme s'impose et les objectifs varient suivant les circonstances d'une banque centrale à l'autre : au Japon, il faut vaincre la déflation, aux États-Unis, le chômage et en Europe, éviter l'effondrement de la zone euro.
    Tout cela demande des moyens que seules des banques centrales possèdent. Mais elles répètent qu'elles ne peuvent à elles seules régler les problèmes, appelant implicitement à agir de concert avec les gouvernements! Ce faisant, elles ouvrent ainsi la voie à une réappréciation de leur indépendance, déjà sérieusement mise à mal au Japon. Ce nouveau rôle des banques centrales est-il durable et stable? Peut-il constituer un socle sur lequel le système financier pourra retrouver demain son plein équilibre et l'économie occidentale les chemins perdus de la croissance? Rien n'est moins garanti. Elles soutiennent un processus de désendettement qui s'avère bien plus problématique et long que prévu.
    Mais ne favorisent-elles pas à cette occasion, à grande échelle, une inflation des actifs financiers à la taille de leur intervention? Ne créent-elles pas, dans un univers où la mesure du risque est de plus en plus reconnue comme défaillante et illusoire - et les garde-fous dérisoires - les conditions d'un rebondissement de la crise actuelle? C'est un gros risque qu'il ne faudrait pas prendre, car les avis sont partagés à ce sujet.
    Le système financier dont l'effondrement a été évité de peu a repris sa course au rendement. Ce que l'on a observé de son fonctionnement ces dernières années permet de prévoir que l'histoire est loin d'être finie. La mutation en question n'est pas une panacée
    la tribune fr
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