une fois de plus, l'analyse de Rue 89 n'a pas manqué d'objectivité, de bon sens et de pértinence.
à lire absolument!
Le double raid israélien contre des cibles autour de la capitale syrienne Damas, ce week-end, est un des éléments qui participe de l’internationalisation croissante de la guerre en Syrie, toujours plus meurtrière. Explicateur.
1- Israël entre en action
Ce n’est pas la première action militaire israélienne en Syrie depuis le début du soulèvement contre Bachar el-Assad, mais c’est assurément le plus spectaculaire : deux raids aériens, vendredi et dimanche, tout près de la capitale syrienne, Damas.
Israël n’a ni confirmé, ni démenti, et l’objectif précis n’est pas connu. Mais il s’agirait d’installations militaires et, selon le New York Times, il y aurait eu des dizaines de morts au sein de la Garde républicaine, les troupes d’élite syriennes.
L’objectif d’Israël n’est pas tant d’affaiblir le régime d’Assad – les dirigeants israéliens se méfient de ceux qui le remplaceront – que de perturber le circuit de livraisons d’armes entre l’Iran et le Hezbollah libanais via la Syrie. En particulier le passage de nouveaux missiles sol-sol Fateh-110 dont Israël ne veut pas voir équiper les miliciens chiites du Sud-Liban.
Les raids du week-end ne signalent pas l’entrée en guerre d’Israël dans le conflit syrien : l’Etat hébreu y est déjà, à sa manière... Mais, signe qu’il ne s’attend pas à une escalade trop brutale, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réuni dimanche son cabinet de sécurité, avant de s’envoler pour... cinq jours en Chine.
L’opposition syrienne a réagi dimanche soir en publiant un communiqué condamnant le raid israélien, mais surtout en accusant le régime syrien d’avoir affaibli la Syrie face à l’« ennemi ». Même si, secrètement, l’opposition ne peut que se réjouir de ce coup porté au cœur de l’appareil militaire syrien.
Israël continuera vraisemblablement à intervenir ponctuellement, secrètement ou ouvertement, dans cette guerre qui a toujours eu une forte composante régionale, contrairement aux autres révolutions arabes.
2 L’« arc chiite »
Au cœur de l’escalade du week-end, l’« arc chiite » que constitue l’alliance ancienne entre le régime iranien, le pouvoir alaouite syrien et le Hezbollah libanais.
Le Hezbollah, qui a largement reconstitué son arsenal depuis sa guerre avec Israël en 2006, est désormais ouvertement impliqué dans le conflit syrien. Une intervention discrète pendant longtemps, mais désormais de plus en plus ouvertement assumée par les dirigeants du mouvement chiite libanais, à commencer par Hassan Nasrallah.
Une intervention lourde de conséquences pour le Liban, voisin de la Syrie, menacé de déstabilisation à la fois par le poids des réfugiés syriens, mais surtout dans son fragile équilibre communautaire radicalement clivé sur la question syrienne.
Des affrontements armés opposent déjà régulièrement partisans et adversaires du régime syrien dans la ville de Tripoli, au nord du Liban, où la ligne de fracture confessionnelle épouse celle du conflit.
L’Iran engagé
L’Iran est lui aussi directement engagé aux côtés de Bachar el-Assad et de son armée et, dimanche, Téhéran a réagi au raid israélien en promettant plus d’aide militaire à Damas.
En février, nous rapportions la mort du général Hassan Shateri, un officier supérieur des Gardes révolutionnaires iraniens, une unité d’élite paramilitaire du régime, tué alors qu’il se déplaçait par la route entre Damas et Beyrouth.
Le général Shateri était nul autre que le « représentant personnel » du président iranien Ahmadinejad au Liban, en charge de l’aide au Hezbollah. Il a notamment aidé celui-ci à se doter d’un réseau de fibre optique autonome au Sud-Liban...
Les funérailles du général Shateri à Téhéran, le 14 février 2013 (AP Photo/Fars News Agency, Amir Hashem Dehghani)
L’implication croissante du Hezbollah et de l’Iran dans le conflit syrien en fait, avec l’Irak qui vient de connaître son mois le plus meurtrier depuis plusieurs années, le point de rupture et d’affrontement entre sunnites et chiites, les deux branches rivales de l’islam.
Cet affrontement à la fois religieux et géopolitique est devenu l’une des grilles de lecture incontournables de ce conflit, et l’explication de l’ampleur pris par la guerre civile syrienne qui dépasse de loin le sort de la famille Assad et de son clan dominé par les alaouites, liés au chiisme.
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Le double raid israélien contre des cibles autour de la capitale syrienne Damas, ce week-end, est un des éléments qui participe de l’internationalisation croissante de la guerre en Syrie, toujours plus meurtrière. Explicateur.
1- Israël entre en action
Ce n’est pas la première action militaire israélienne en Syrie depuis le début du soulèvement contre Bachar el-Assad, mais c’est assurément le plus spectaculaire : deux raids aériens, vendredi et dimanche, tout près de la capitale syrienne, Damas.
Israël n’a ni confirmé, ni démenti, et l’objectif précis n’est pas connu. Mais il s’agirait d’installations militaires et, selon le New York Times, il y aurait eu des dizaines de morts au sein de la Garde républicaine, les troupes d’élite syriennes.
L’objectif d’Israël n’est pas tant d’affaiblir le régime d’Assad – les dirigeants israéliens se méfient de ceux qui le remplaceront – que de perturber le circuit de livraisons d’armes entre l’Iran et le Hezbollah libanais via la Syrie. En particulier le passage de nouveaux missiles sol-sol Fateh-110 dont Israël ne veut pas voir équiper les miliciens chiites du Sud-Liban.
Les raids du week-end ne signalent pas l’entrée en guerre d’Israël dans le conflit syrien : l’Etat hébreu y est déjà, à sa manière... Mais, signe qu’il ne s’attend pas à une escalade trop brutale, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réuni dimanche son cabinet de sécurité, avant de s’envoler pour... cinq jours en Chine.
L’opposition syrienne a réagi dimanche soir en publiant un communiqué condamnant le raid israélien, mais surtout en accusant le régime syrien d’avoir affaibli la Syrie face à l’« ennemi ». Même si, secrètement, l’opposition ne peut que se réjouir de ce coup porté au cœur de l’appareil militaire syrien.
Israël continuera vraisemblablement à intervenir ponctuellement, secrètement ou ouvertement, dans cette guerre qui a toujours eu une forte composante régionale, contrairement aux autres révolutions arabes.
2 L’« arc chiite »
Au cœur de l’escalade du week-end, l’« arc chiite » que constitue l’alliance ancienne entre le régime iranien, le pouvoir alaouite syrien et le Hezbollah libanais.
Le Hezbollah, qui a largement reconstitué son arsenal depuis sa guerre avec Israël en 2006, est désormais ouvertement impliqué dans le conflit syrien. Une intervention discrète pendant longtemps, mais désormais de plus en plus ouvertement assumée par les dirigeants du mouvement chiite libanais, à commencer par Hassan Nasrallah.
Une intervention lourde de conséquences pour le Liban, voisin de la Syrie, menacé de déstabilisation à la fois par le poids des réfugiés syriens, mais surtout dans son fragile équilibre communautaire radicalement clivé sur la question syrienne.
Des affrontements armés opposent déjà régulièrement partisans et adversaires du régime syrien dans la ville de Tripoli, au nord du Liban, où la ligne de fracture confessionnelle épouse celle du conflit.
L’Iran engagé
L’Iran est lui aussi directement engagé aux côtés de Bachar el-Assad et de son armée et, dimanche, Téhéran a réagi au raid israélien en promettant plus d’aide militaire à Damas.
En février, nous rapportions la mort du général Hassan Shateri, un officier supérieur des Gardes révolutionnaires iraniens, une unité d’élite paramilitaire du régime, tué alors qu’il se déplaçait par la route entre Damas et Beyrouth.
Le général Shateri était nul autre que le « représentant personnel » du président iranien Ahmadinejad au Liban, en charge de l’aide au Hezbollah. Il a notamment aidé celui-ci à se doter d’un réseau de fibre optique autonome au Sud-Liban...
Les funérailles du général Shateri à Téhéran, le 14 février 2013 (AP Photo/Fars News Agency, Amir Hashem Dehghani)
L’implication croissante du Hezbollah et de l’Iran dans le conflit syrien en fait, avec l’Irak qui vient de connaître son mois le plus meurtrier depuis plusieurs années, le point de rupture et d’affrontement entre sunnites et chiites, les deux branches rivales de l’islam.
Cet affrontement à la fois religieux et géopolitique est devenu l’une des grilles de lecture incontournables de ce conflit, et l’explication de l’ampleur pris par la guerre civile syrienne qui dépasse de loin le sort de la famille Assad et de son clan dominé par les alaouites, liés au chiisme.
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