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Syrie:Enjeux géostratégiques, petits jeux arabes

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  • Syrie:Enjeux géostratégiques, petits jeux arabes

    La Ligue arabe a officiellement demandé au Conseil de sécurité de l’Onu d’agir immédiatement après les attaques israéliennes en Syrie. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi a parlé d’une « agression flagrante » et « d’une violation dangereuse de la souveraineté d’un Etat arabe ».

    La forme y est, l’hypocrisie aussi. Cela rappelle le terrible prêche de Youcef Al-Qaradhaoui étripant pendant trois quarts d’heure l’imam Ramadhan Al Bouti qui venait d’être assassiné avant d’accuser le régime du forfait. La Ligue arabe, qui ne mérite plus cette dénomination et devrait s’appeler la Ligue des émirs du Golfe, est en campagne depuis des mois pour une intervention occidentale et américaine en Syrie. Faire mine de s’offusquer des bombardements israéliens relève d’un exercice purement formel.

    Les Etats-Unis que l’on sollicite pour intervenir – Youcef Al-Qaradhaoui, imam conventionné à la chaîne Al Jazeera et au Qatar, y est allé de son onction religieuse pour la venue des marines sauver les pauvres Syriens – ont apporté un début de satisfaction en utilisant sa principale force dans la région, l’armée israélienne. La Ligue, sous influence des émirs, avait d’ailleurs envoyé une délégation à Washington convaincre John Kerry de l’impératif « d’agir » en Syrie en prenant l’initiative de concéder qu’un règlement du conflit avec Israël ne passe pas par un retour aux lignes d’avant juin 1967. Cette concession a été très appréciée par Mme Livni et par M. John Kerry et il n’y a rien de surprenant de voir celui qui en profite le plus, Israël, se charger d’un début de réalisation du « souhait arabe » d’une implication américaine dans le conflit syrien. Pourquoi Israël laisserait passer l’aubaine ?

    L’opportunité d’attaquer ce qui reste encore debout des moyens de défense syriens avec l’assentiment des « amis du peuple syrien » et le soutien hypocrite des Etats arabes a été saisie. Elle le sera encore. Le conflit syrien se lit à plusieurs niveaux, mais l’aspect géostratégique submerge tout. Les régimes du Golfe y agissent en jouant ouvertement et en attisant le clivage confessionnel. Cela fonctionne. En Syrie, ce sont les sunnites contre les autres et le fait que l’opposition extérieure mette quelques chrétiens dans la devanture n’y change rien. Et au sein des « sunnites », ce ne sont pas les « laïcs », les « démocrates » ou les « modernistes » qui sont en position ascendante, mais les salafistes djihadistes du Front d’Al Nosra.

    Ce niveau « primaire » du conflit a été entretenu par un véritable barrage à la solution politique mis en œuvre par le Qatar et l’Arabie Saoudite. Lakhdar Brahimi, homme patient s’il en est, a fini par ressentir un immense dégoût à l’égard d’une Ligue arabe qui agit comme une entrave à la solution et comme un incitateur à l’intervention étrangère. Cet aspect primaire du conflit a été encouragé afin de ruiner la possibilité d’une solution politique et d’entraîner la Syrie dans une logique de destruction systématique de ses moyens. C’est très largement une « réussite ». L’enjeu géostratégique pour les Etats-Unis et Israël est connu : brider l’Iran y compris par un recours à la guerre.

    La Syrie détruite avec un régime sous influence des « bienfaiteurs du Golfe » est un coup rude dans cette partie d’échec dont la cible finale et centrale est l’Iran. Mais le régime syrien tient alors que le niveau « primitif » du conflit se métastase violemment en Irak et devient purulent au Liban. Les attaques israéliennes interviennent après des semaines de propagande intense sur une présumée utilisation des armes chimiques par Damas. Elles se font au « nom » d’une action préventive contre des fournitures d’armes au Hezbollah qui s’implique de plus en plus ouvertement dans le conflit syrien. La retenue, au moins publique, dont a fait preuve le Hezbollah a été délaissée dès lors que l’enjeu géostratégique régional est venu supplanter le niveau « primitif » qui sert de rideau de fumée. Les Iraniens, de leur côté, ne vont pas attendre que leur allié syrien tombe pour agir. Ils multiplient les signaux pour dire qu’ils agiront.
    Au premier niveau du conflit syrien se superposent des enjeux géostratégiques régionaux lourds.

    Les attaques israéliennes sont, probablement, les prémices d’une guerre régionale plus vaste. Dans ce nouveau « grand jeu », la Ligue arabe sous supervision qatarie est un petit comparse qui regarde le monde à travers des œillères étriquées.
    Sans se rendre compte que le feu qu’elle contribue, avec une assiduité remarquable, à attiser en Syrie ne va pas s’arrêter aux frontières de ce pays. Les émirs pachydermiques ne savent que les petits jeux, le grand jeu, ils ne peuvent même pas l’imaginer.
    reporters.dz
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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