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La hantise des kidnappings refait surface en Kabylie

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  • La hantise des kidnappings refait surface en Kabylie

    Outre un malaise social charrié par le désinvestissement, le chômage et le manque de perspectives claires pour de larges franges de sa jeunesse, la Kabylie continue à endurer un climat tendu et exécrable sur le plan sécuritaire, au point où, par intermittence, des jeunes de cette région sont sacrifiés sur l’autel de la recherche du gain facile, entreprise par des bandes armées qui surgissent sur les routes et sentiers de cette région montagneuse. Cela dure depuis des années.

    Si, un certain moment, les citoyens avaient fait un ‘’ouf’’ de soulagement après l’arrestation de quelques bandes qui ont l’habitude de dresser des faux barrages et de délester les voyageurs et les automobilistes de leurs biens, ce ne fut que temporaire, le temps que se réorganisent les réseaux et procèdent probablement à de nouveaux ‘’recrutements’’. À l’échelle nationale, c’est le kidnapping d’enfants qui a tenu en haleine les populations depuis presque une année. Les chiffres avancés par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, à savoir que 80 % de cas annoncés comme étant des kidnappings relèveraient du canular, sont de plus en plus relativisés, voire démentis par la réalité quotidienne. La psychose qui s’est emparée des parents d’élève est naturelle et légitime. Devant autant de dérives sécuritaires, les différents services de l’État chargés de la sécurité sont interpellés, aussi bien devant les établissements scolaires et dans la ville, que sur les routes.

    Cependant, ce qui se passe en Kabylie se caractérise par cette stratégie de faire régner la peur au sein des populations et d’extorquer des fonds aux parents, à qui il est fait un chantage. Ces parents sont visiblement ciblés; ce sont les entrepreneurs et commerçants de la région, c’est-à-dire ces acteurs qui continuent à faire bouger un peu les choses sur le plan économique, dans une contrée menacée par une grave récession, lorsque les pensions de l’ancienne émigration et celles de la guerre de Libération auront tari. Des observateurs de la scène nationale n’ont pas manqué d’établir une relation intime entre les groupes terroristes en débandade et le nouveau type de banditisme orienté sur le rapt. Idéologiquement défaits, organiquement effilochés, ces groupes ont tendance à n’ ‘’expliquer’’ leur ignoble mission que par une recherche effrénée de pécule et de fonds. Les attaques à mains armées, dont font parfois l’objet des bureaux de postes et certaines agences bancaires, sont un autre moyen pour ces groupes de renflouer leur trésorerie. Le ‘’linkage’’ opéré entre le terrorisme armé et les groupes de bandits de grand chemin n’est pas, à proprement parler, une nouveauté ou une source d’étonnement. Il fait même partie de la logique de la déliquescence des groupes armés, après que leurs ténors idéologiques se mirent en veilleuse face à la montée de la conscience citoyenne.

    La hantise des kidnappings et des attaques armées est partagée par la majorité de la population. La peur s’empare des jeunes, des adultes et, surtout, des entrepreneurs et commerçants. Ce constat n’exonère en rien le retrait de l’État sur le plan de la protection des biens et des personnes, mission constitutionnellement consacrée et réitérée dans tous les amendements du texte fondamental du pays. La faiblesse des structures de l’État face à un front d’«indiscipline’’ et de rébellion sociale, particulièrement virulent au cours de ces deux dernières années, risque de conférer une autre lecture aux événements d’ordre sécuritaire qui se déroulent sur tout le territoire national et particulièrement en Kabylie. La défiance légendaire des populations envers les institutions de l’État risquerait de trouver, ici, sa ‘’justification’’. C’est pourquoi, il est plus qu’indispensable que les auteurs de ces actes criminels et les semeurs de l’insécurité en général soient démasqués et punis. La mobilisation citoyenne qui a permis la libération de certains jeunes enlevés par des bandes armées, dont le dernier est Yazid Kahil de Béni Zmenzer, est aussi une façon claire d’interpeller les pouvoirs publics et tous les services de l’État à assumer leurs responsabilités constitutionnelles, non seulement pour retrouver les auteurs de ces actes, mais surtout de faire en sorte que de tels crimes ne se reproduisent plus.

    Par Amar Naït Messaoud- La Dépêche de kabylie
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