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La Syrie peut complètement anéantir l’économie de la région

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    « La Syrie peut complètement anéantir l’économie de la région »
    10/05/2013

    Trois questions à...
    Steve Heydmenann, conseiller principal pour la région Moyen-Orient aux Nations unies pour la paix.


    En marge de la table ronde organisée par le Lebanese Center for Policy Studies (LCPS) sur les conséquences régionales du conflit syrien, « L’Orient-Le Jour » a rencontré Steve Heydmenann, conseiller principal pour la région Moyen-Orient aux Nations unies pour la paix.

    Trois ans après le début du conflit en Syrie, quel bilan peut-on dresser quant aux conséquences économiques des réfugiés syriens au Liban ?

    Je pense que la pression s’accroît jour après jour sur le Liban. La question des réfugiés syriens est d’autant plus préoccupante que le gouvernement libanais n’a toujours pas construit de camps. Il est important de se demander de quelle manière la présence de réfugiés syriens au Liban pourrait-elle affecter le pays sur le long terme. Que se passerait-il si ces derniers venaient à rester définitivement au Liban ?
    Le pays est-il capable de créer assez rapidement des emplois pour absorber cette nouvelle demande ?
    Car la composition des réfugiés syriens au Liban est en effet très disparate. Il existe d’un côté les classes moyennes et supérieures, lesquelles consomment, louent des appartements, achètent des voitures et contribuent ainsi à stimuler la demande interne. Depuis près d’un an, certains ont même commencé à ouvrir de petites entreprises à Beyrouth, des restaurants, magasins. D’un autre côté, il y a les réfugiés les plus pauvres qui arrivent dans des régions du Liban déjà défavorisées. Les familles accueillant des déplacés commencent à faiblir, car il s’agit de ménages se trouvant déjà dans une situation d’extrême pauvreté. Combien de temps ces familles pourront-elles tenir le coup ?

    Dans un contexte de double défi politico-économique, les moteurs de la croissance libanaise continueront-ils à résister ?

    Je pense que le Liban continuera à souffrir d’une chute du nombre de touristes. Le secteur de l’hôtellerie continuera ainsi à être affecté par la situation politico-sécuritaire, surtout après les dernières attaques israéliennes en Syrie, le tout combiné à une situation interne vacillante. De l’extérieur, la situation au Liban paraît des plus dramatiques. Et c’est justement maintenant que les gens préparent leurs vacances d’été, le Liban n’est pas une destination des plus attractives aujourd’hui, ni pour les touristes occidentaux ni pour ceux du Golfe.
    D’un autre côté, la guerre est un business très fructueux, le secteur bancaire libanais pourrait bien bénéficier de cette industrie. Car la guerre coûte cher et aujourd’hui chaque communauté cherche un financement auprès de ses partenaires extérieurs, il faut bien que ces flux aillent quelque part. Criminalité, kidnappings, il existe une énorme économie de la guerre. Et tout cet argent devra bien être blanchi, sous forme de construction, d’immobilier... C’est un cas très typique.

    De quelle manière voyez-vous l’avenir des pays de la région si le conflit perdure ?
    Si le conflit perdure, la stabilité de la région sera sérieusement affectée. L’Irak et le Liban seront les plus vulnérables, tandis que la Jordanie sera également mise à l’épreuve. Économiquement, l’impact sur les pays dépendra intimement de la durée de la crise syrienne. La région pourra facilement perdre 2 ou 3 points de PIB par an, même si la Turquie est un cas à part vu la taille de son économie. La Syrie peut complètement anéantir l’économie de la région et tirer ses voisins vers la récession.

    Soraya HAMDAN – Lorient-Le-Jour
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