Sa gestion du Comité Al Qods contestée par les Arabes
Mohammed VI en flagrant délit de laxisme
le 19.05.13 | 10h00
Acculé par les critiques qui commencent à se faire entendre sur l’extrême passivité du Comité Al Qods face au processus de judaïsation de la ville lancé par Tel-Aviv, le ministère marocain des Affaires étrangères a décidé de mettre en place une riposte médiatique afin de prouver que le Maroc se préoccupe réellement du devenir des Palestiniens.
Conçue visiblement dans la précipitation et truffée d’arguments tirés par les cheveux, cette riposte a néanmoins commencé à battre de l’aile quelques jours à peine après son lancement. Simple, l’explication réside dans le fait que Rabat n’a pu avancer aucune raison valable à l’hibernation prolongée dans laquelle est entré le Comité Al Qods. Et le roi du Maroc n’a en effet pas trouvé mieux pour justifier cette panne que de mettre en avant la crise syrienne et le niveau de représentation trop élevé de l’Iran, un pays avec lequel Rabat n’entretient plus de relations diplomatiques. Comme toujours, il a accusé aussi les «islamistes» de chercher à déstabiliser son royaume.
En réalité, la réaction intempestive et incontrôlée des autorités marocaines aux critiques qui ont émané de nombreuses capitales arabes ne fait que confirmer que la problématique de la judaïsation d’Al Qods constitue le cadet des soucis du roi Mohammed VI. La preuve : le Comité Al Qods qu’il préside depuis la disparition de son défunt père, le roi Hassan II, qui l’a créé à Fès en 1979, ne s’est pas réuni depuis une douzaine d’années. Entre-temps évidemment, les Israéliens mènent tambour battant, depuis toutes ces années, une campagne de judaïsation de Jérusalem des plus agressives.
Inquiet de l’activisme israélien et pensant bien faire, l’ambassadeur de Palestine à Rabat s’est naturellement rapproché des autorités marocaines pour leur faire un état des lieux et, bien entendu, les inciter à (ré)activer le comité en convoquant une réunion d’urgence. Plutôt que de lui prêter une oreille attentive, le gouvernement marocain lui a carrément claqué la porte au nez. Pis encore, il l’a quasiment déclaré persona non grata au royaume. Bref, son initiative a été perçue comme un crime de lèse-majesté. Pourtant, c’est le président Mahmoud Abbas en personne qui aurait émis, en 2012, le souhait de voir se tenir cette rencontre pour traiter des agissements israéliens dans la cité sainte, des colonisations et de la judaïsation.
Des arguments tirés par les cheveux
Scandalisé par l’attitude marocaine et notamment par le «double langage» de «M6», Essam El Erian, n°2 du parti des Frères musulmans en Egypte, qui intervenait lundi dans un débat du Parlement égyptien au sujet de la Palestine, a critiqué avec véhémence le travail du Comité Al Qods, se demandant ce qu’il apportait à la cause palestinienne et à la défense de l’identité de la ville sainte. Quelques semaines auparavant, les condamnations avaient fusé du Qatar, qui est pourtant l’allié inconditionnel des monarchies arabes en général et du Maroc en particulier.
Cheikh Hamad, l’émir du Qatar, ne s’était en effet pas gêné, lors du sommet arabe de Doha au mois d’avril dernier, pour reprocher publiquement à son «ami» le roi Mohammed VI le rendement plus que médiocre de Bayt Mal Al Qods. Il aurait même parlé de «reniement» du Maroc. La proposition du Qatar – cheikh Hamad se considère désormais comme le parrain du Monde arabe – de créer un fonds qu’il doterait d’emblée d’un milliard de dollars au profit d’Al Qods laisse penser que le Maroc est discrédité aux yeux des monarchies du Golfe, ses principaux pourvoyeurs de fonds.
Sollicité pour connaître la position de l’Algérie sur le dossier, un responsable algérien a lui aussi estimé tout à fait «légitime et pressante» la demande palestinienne de réactivation de ce comité. «Je considère que le pragmatisme dont on nous parle ne doit pas être antinomique d’une posture plus proactive et plus visible parce que dictée par la situation grave qui prévaut à Jérusalem-Est, compte tenu des mesures radicales prises par Israël pour effacer le caractère arabo-islamique de la ville», a-t-il indiqué. Ce responsable qui a précisé ne pas vouloir entrer dans la polémique a expliqué en outre que «la conjoncture impose une redynamisation de ce comité et nous estimons, même si nous n’en sommes pas membre, que les appels en ce sens, faits à partir de certaines capitales arabes et islamiques, sont fondés et pertinents et ils méritent d’être entendus».
De son côté, le porte-parole du ministère algérien des Affaire étrangères, Amar Belani, s’est contenté de mettre l’accent sur le fait que «durant toutes ces dernières années, l’Algérie n’a eu de cesse d’appeler les pays arabes et musulmans à arrêter une stratégie claire et un plan d’action robuste et sérieux pour contrecarrer le projet israélien visant la judaïsation d’Al Qods, son isolement de son environnement palestinien et pour assurer la protection et la sauvegarde de cette ville sainte contre les pratiques israéliennes qui violent la légalité et le droit international».
«Avec la construction de nouvelles colonies juives à Jérusalem-Est occupée, la politique d’expansion coloniale illégale menée avec constance par Israël constitue un défi à la volonté de la communauté internationale et une atteinte aux droits du peuple palestinien. En ce triste anniversaire de la Nakba, nous insistons sur la responsabilité de la communauté internationale pour lever l’injustice insoutenable qui est faite au peuple palestinien», a-t-il ajouté.
Zine Cherfaoui
El Watan
Mohammed VI en flagrant délit de laxisme
le 19.05.13 | 10h00
Acculé par les critiques qui commencent à se faire entendre sur l’extrême passivité du Comité Al Qods face au processus de judaïsation de la ville lancé par Tel-Aviv, le ministère marocain des Affaires étrangères a décidé de mettre en place une riposte médiatique afin de prouver que le Maroc se préoccupe réellement du devenir des Palestiniens.
Conçue visiblement dans la précipitation et truffée d’arguments tirés par les cheveux, cette riposte a néanmoins commencé à battre de l’aile quelques jours à peine après son lancement. Simple, l’explication réside dans le fait que Rabat n’a pu avancer aucune raison valable à l’hibernation prolongée dans laquelle est entré le Comité Al Qods. Et le roi du Maroc n’a en effet pas trouvé mieux pour justifier cette panne que de mettre en avant la crise syrienne et le niveau de représentation trop élevé de l’Iran, un pays avec lequel Rabat n’entretient plus de relations diplomatiques. Comme toujours, il a accusé aussi les «islamistes» de chercher à déstabiliser son royaume.
En réalité, la réaction intempestive et incontrôlée des autorités marocaines aux critiques qui ont émané de nombreuses capitales arabes ne fait que confirmer que la problématique de la judaïsation d’Al Qods constitue le cadet des soucis du roi Mohammed VI. La preuve : le Comité Al Qods qu’il préside depuis la disparition de son défunt père, le roi Hassan II, qui l’a créé à Fès en 1979, ne s’est pas réuni depuis une douzaine d’années. Entre-temps évidemment, les Israéliens mènent tambour battant, depuis toutes ces années, une campagne de judaïsation de Jérusalem des plus agressives.
Inquiet de l’activisme israélien et pensant bien faire, l’ambassadeur de Palestine à Rabat s’est naturellement rapproché des autorités marocaines pour leur faire un état des lieux et, bien entendu, les inciter à (ré)activer le comité en convoquant une réunion d’urgence. Plutôt que de lui prêter une oreille attentive, le gouvernement marocain lui a carrément claqué la porte au nez. Pis encore, il l’a quasiment déclaré persona non grata au royaume. Bref, son initiative a été perçue comme un crime de lèse-majesté. Pourtant, c’est le président Mahmoud Abbas en personne qui aurait émis, en 2012, le souhait de voir se tenir cette rencontre pour traiter des agissements israéliens dans la cité sainte, des colonisations et de la judaïsation.
Des arguments tirés par les cheveux
Scandalisé par l’attitude marocaine et notamment par le «double langage» de «M6», Essam El Erian, n°2 du parti des Frères musulmans en Egypte, qui intervenait lundi dans un débat du Parlement égyptien au sujet de la Palestine, a critiqué avec véhémence le travail du Comité Al Qods, se demandant ce qu’il apportait à la cause palestinienne et à la défense de l’identité de la ville sainte. Quelques semaines auparavant, les condamnations avaient fusé du Qatar, qui est pourtant l’allié inconditionnel des monarchies arabes en général et du Maroc en particulier.
Cheikh Hamad, l’émir du Qatar, ne s’était en effet pas gêné, lors du sommet arabe de Doha au mois d’avril dernier, pour reprocher publiquement à son «ami» le roi Mohammed VI le rendement plus que médiocre de Bayt Mal Al Qods. Il aurait même parlé de «reniement» du Maroc. La proposition du Qatar – cheikh Hamad se considère désormais comme le parrain du Monde arabe – de créer un fonds qu’il doterait d’emblée d’un milliard de dollars au profit d’Al Qods laisse penser que le Maroc est discrédité aux yeux des monarchies du Golfe, ses principaux pourvoyeurs de fonds.
Sollicité pour connaître la position de l’Algérie sur le dossier, un responsable algérien a lui aussi estimé tout à fait «légitime et pressante» la demande palestinienne de réactivation de ce comité. «Je considère que le pragmatisme dont on nous parle ne doit pas être antinomique d’une posture plus proactive et plus visible parce que dictée par la situation grave qui prévaut à Jérusalem-Est, compte tenu des mesures radicales prises par Israël pour effacer le caractère arabo-islamique de la ville», a-t-il indiqué. Ce responsable qui a précisé ne pas vouloir entrer dans la polémique a expliqué en outre que «la conjoncture impose une redynamisation de ce comité et nous estimons, même si nous n’en sommes pas membre, que les appels en ce sens, faits à partir de certaines capitales arabes et islamiques, sont fondés et pertinents et ils méritent d’être entendus».
De son côté, le porte-parole du ministère algérien des Affaire étrangères, Amar Belani, s’est contenté de mettre l’accent sur le fait que «durant toutes ces dernières années, l’Algérie n’a eu de cesse d’appeler les pays arabes et musulmans à arrêter une stratégie claire et un plan d’action robuste et sérieux pour contrecarrer le projet israélien visant la judaïsation d’Al Qods, son isolement de son environnement palestinien et pour assurer la protection et la sauvegarde de cette ville sainte contre les pratiques israéliennes qui violent la légalité et le droit international».
«Avec la construction de nouvelles colonies juives à Jérusalem-Est occupée, la politique d’expansion coloniale illégale menée avec constance par Israël constitue un défi à la volonté de la communauté internationale et une atteinte aux droits du peuple palestinien. En ce triste anniversaire de la Nakba, nous insistons sur la responsabilité de la communauté internationale pour lever l’injustice insoutenable qui est faite au peuple palestinien», a-t-il ajouté.
Zine Cherfaoui
El Watan
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