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TUNISIE:Quelles solutions pour un meilleur redressement ?

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  • TUNISIE:Quelles solutions pour un meilleur redressement ?

    Dinar dévalué, inquiétudes, machine infernale en marche lit-on dans les journaux. Quelles sont les origines de ce phénomène économique ? Quels en sont les éléments déclencheurs ? Existerait-il un scénario ‘’ apaisant’’ dans une conjoncture peu rassurante ? M.Abdellatif Chaibi, Banquier – Financier / Amen Bank nous fournit quelques éléments de réponse.
    La dépréciation du dinar ne date pas d’hier
    La dépréciation du dinar est dû à un problème structurel remontant aux années 70. L’économie devient fortement tirée par le commerce extérieur. Le problème qui se pose est que les proportions du commerce extérieur par rapport au PIB sont devenues trop importantes soit 50% du PIB et plus, tant en exportations qu’en importations.
    Ce sont ces risques là, de dépendance extérieure, qui devraient plutôt attirer notre attention en premier.
    La valeur du dinar qui baisse ces jours-ci n’en est que la conséquence. Une conséquence dont la raison structurelle est que les importations sont toujours, en valeur, supérieures aux exportations.
    Quelles sont donc les causes récentes ?
    Conjoncturellement, la BCT a expliqué que des transferts et rapatriements de fonds en dividendes concentrés sur le marché ont provoqué la dépréciation de ces jours-ci. Mais à mon avis, c’est le resserrement de la balance des paiements pour des importations accrues, causées par les dérèglements que connaissent les circuits de distribution depuis la révolution, (lait, moutons, ciment, phosphates), qui affaiblit davantage le Dinar déjà dévalué.
    En 2010, 100 dinars rapportaient 73.95 $ ou 52.95 €. Aujourd’hui, 20 mai, ils ne rapportent que 60.53 $ ou 47.15 €, soit des baisses respectives et ruineuses de l’ordre de -18% et de -11%.
    Il va sans dire que si l’on compare notre situation avec des conjonctures similaires , notre dinar se porte bien mieux que la Livre égyptienne, par exemple, qui connaît une perte de valeur estimée à -22% et à-13%, respectivement, par rapport au $ et à l’€. En somme, notre Dinar chute en douceur en quelque sorte.
    Quelles solutions pour redresser le Dinar ?
    J’espère que nous nous rendrons compte au plus vite que rien ne se fait encore pour redresser la barre.
    Nous manquons de savoir pour hiérarchiser les problèmes. Nous focalisons trop sur la valeur du Dinar, alors que la réduction des taux du commerce extérieur par l’augmentation du PIB est le véritable enjeu.
    Nous voulons l’emploi et nous manquons de voir que c’est la PME qui en est le principal pourvoyeur.
    Qu’a-t-on fait pour améliorer nos taux de création de PME ? De positionner la PME tunisienne dans une logique d’activité et de travail où l’exportation est le but ultime.
    C’est de cette manière que le Dinar retrouvera sa vigueur. La clef du problème, en définitive, c’est comment augmenter nos exportations par la production et non par la dévaluation ?
    Une PME qui sait travailler, qui sait exporter, qui crée des emplois, c’est cela la solution à nos problèmes.
    Ces problèmes qui sont, donc, hiérarchiser selon l’emploi, la réduction des taux du commerce extérieur en augmentant le PIB, l’augmentation de la demande intérieure par le biais des financements de l’agriculture à hauteur même d’au moins 30% du PIB..
    Pour revenir au Dinar, ce n’est que comme cela qu’il prendra de la valeur. La solution met plusieurs facteurs en jeu et n’est ni singulière, ni rapide. Ni difficile à entreprendre.
    Comment devrait-on procéder donc pour aider la PME ?
    Concrètement, il s’agit d’améliorer l’apport des structures d’appui. Il y en a plusieurs mais, dispersées, ciblant des objectifs non lisibles.
    A mon avis, la PME a besoin d’une grande agence d’appui. Une agence pour la PME, qui regroupe et fédère en son sein toutes les structures actuelles d’appui. Aujourd’hui, il n’ y a pas de différence entre un financement agricole, industriel, technologique ou de services.
    Tout projet doit se concevoir selon les règles du marché. L’agence en question devra être dotée d’un bras bancaire pour faciliter ses interventions. Voilà un axe de réflexion pour la STB, BNA et BH qui retrouveront ainsi une mission nationale, aidés en cela par leurs statuts publics .
    L’agence d’aide à la PME devrait communiquer ses objectifs afin que son apport soit lisible. Elle doit avoir à sa tête un responsable au rang de ministre. Ainsi, il rendra compte de son action et de ses avancées au Parlement.
    Mais aujourd’hui il n’ y a pas que la valeur du Dinar, il y a l’inflation, l’intérieur mal développé,….comment faire, comment procéder ?
    Oui, absolument, il y a tout cela et plus encore de problèmes. Bien que cela semble être notre sort national, aujourd’hui nous devons nous montrer à la hauteur des problèmes que vous évoquez. Nous avons besoin de concorde politique et sociale, je pense que les acteurs actuels s’en rendent bien compte de cette obligation. Dans l’ensemble, nous voyons qu’ils s’orientent, tous, vers des consensus. Avec la concorde, la Tunisie retrouvera tous ses enfants, hommes et femmes, forts et prêts à la faire avancer
    Il suffit d’abord de savoir hiérarchiser les problèmes. Voir les défaillances et avoir l’intelligence, le savoir et les raisonnements d’époque.
    L’intérieur ne peut se développer qu’en mettant en place les fondements d’une économie rurale, agricole. Il faut commencer à le faire, au plus vite.
    Il ne s’agit même pas du déficit économique des régions de l’intérieur. Et le littoral, les grandes villes ne voyez-vous pas comment leurs environnements urbains se dégradent ? Croyez-vous que nous possédons les ressources nécessaires pour construire ou entretenir des villes de plus d’un million d’habitants ?
    L’agriculture n’est pas uniquement une solution économique pour l’intérieur. Elle est capitale pour tout l’équilibre du pays. Depuis 1960, 30% de la population rurale a migré vers les villes. Mais sans des régions attractives, riches, qui reviendra vers les greniers ?
    Comment donc rendre aux régions leur attractivité ?
    Aujourd’hui, il y a un débat fiscal qui a été lancé dans le pays. J’en remercie les initiateurs, le ministère des Finances.
    Réformer la fiscalité c’est une demande logique et pressante. Mais, comme l’a dit un mathématicien français, nous sommes pressés, allons doucement.
    La fiscalité doit se réformer intelligemment selon nos réalités. Je pense que la réforme de fond est de donner les avantages fiscaux aux personnes et non aux entreprises.
    Donnons à tous ceux qui s’installent dans les régions intérieures une exonération de 30% sur l’impôt du revenu. Même la PME sera bénéficiaire. L’attractivité régionale n’en sera qu’améliorée.
    En un deuxième axe de réflexion, les prix. Les prix agricoles devraient augmenter au profit des agriculteurs. Ce n’est que comme cela que la rémunération des salariés agricoles pourra s’améliorer sainement.
    Et en revenant au Dinar ?
    Il s’agit de mieux exporter. Il s’agit de ne pas courir de fausses idées comme diversifier les destinations d’exports. Nous n’en avons pas les moyens.
    Nous avons toujours eu l’Europe pour commercer. Tant mieux pour nous, c’est la plus forte concentration de consommateurs, c’est la zone la plus solvable, les meilleurs payeurs, les acheteurs les plus corrects, les marchés et circuits les plus réglementés. Avons-nous pu prendre toutes nos parts de marché, encore et encore disponibles ? Non, et toute part laissée sera conquise par d’autres.
    Exporter c’est difficile certes. Avons-nous un jour cherché à acquérir une chaîne de distribution en Europe ? C’est comme cela que nous pouvons vendre directement, aux meilleurs prix, nos concombres, pastèques, citrons, maltaises, piments et concentré de tomate. Tous produits de l’intérieur.
    Nous n’en avons pas les moyens ? Commençons par lancer un fonds souverain en devises pour le faire.
    Un fonds en devises, basé dans une grande place internationale comme Londres, Paris ou Luxembourg. Il devra être géré par un comité performant sous le contrôle de l’Etat, la BCT et le CMF.
    Ce n’est que comme cela que nous pouvons fructifier et améliorer nos réserves en devises. Acheter des parts dans des circuits de distribution, pouvoir mieux exporter ainsi, pouvoir réévaluer le Dinar.
    l'économiste maghrébin
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