Histoire du peuplement paléolithique de l’Afrique du Nord
et dynamique des interactions entre l’homme et son environnement
L’Afrique du Nord est peuplée depuis une haute antiquité par de nombreuses civilisations
préhistoriques. Elle a livré des sites clés permettant de suivre l’évolution morphologique et culturelle des
hommes fossiles. Le site algérien d’Aïn Hanech du Pléistocène inférieur est connu par son industrie lithique
de type oldowayen. Celle-ci est composée de sphéroïdes à facettes, de galets aménagés, associés à des
ossements d’animaux portant des traces de découpes (Sahnouni et al. 1996). Ces témoignages datés
d’environ 1,8 Ma, représentent la trace d’une activité humaine la plus ancienne connue en Afrique du Nord.
L’environnement était favorable à l’accueil de ces hominidés dans cette région de l’Afrique. En effet, au
début du Pléistocène, un climat chaud et humide accompagné d’une pluviosité et d’un ruissellement intense
ont caractérisé l’Afrique du Nord. C’est l’époque où le Sahara, sillonné de fleuves importants qui ont laissé
d’énormes dépôts alluvionnaires, était couvert d’une végétation luxuriante et de grands lacs avec une faune
très riche et variée.
Les restes humains les plus anciens, datés d’environ 800 000 BP, ont été exhumés du site de
Tighénif (Ternifine) en Algérie. Ces fossiles atlanthropes ont été assimilés à l'Homo erectus. Mais la majorité
des restes humains fossiles trouvés en Afrique du Nord se concentre sur le littoral atlantique marocain
(Carrières Thomas 1 et 3, Sidi Abderrahman, Oulad Hamida 1, Rabat, Salé, etc.). Le littoral se différencie
nettement de l'intérieur des terres, beaucoup plus aride, et offre un climat plus clément pour les hommes
préhistoriques de cette époque.
Après 400 000 ans, le climat de l'Afrique du Nord a enregistré une forte augmentation de l'aridité qui
a conduit à l'extension des déserts du Sahara : c'est dans ce contexte qu'émergent les premiers hommes
morphologiquement modernes (Hublin 1991).
Les phénomènes glaciaires qui ont touché l’Europe durant le Pléistocène n’avaient d’impacts directs,
ni sur les faunes, ni sur les types humains qui ont peuplé l’Afrique du Nord. Nous n’avons pas enregistré
d’alternance nette entre faune chaude et faune froide dans les remplissages des sites quaternaires nordafricains.
Par contre, le phénomène qui a influencé le plus sur les mouvements des faunes, et notamment
celui des hommes, est la mise en place du Sahara et de son extension.
L'Europe et l'Afrique sont séparées par la mer Méditerranée ; cette barrière a rendu possible une
évolution divergente sur ces deux continents. En Europe on voit alors l'apparition d'Homo neanderthalensis.
En Afrique du Nord, malgré la proximité de l'Europe, aucun document fossile n'atteste la présence de cette
espèce. Par contre, les restes d’une autre espèce, Homo sapiens archaïque, datée d’environ 130 000 BP,
associés à une industrie levalloiso-moustérienne, ont été exhumés du site de Jebel Irhoud (Maroc). Les
contextes géographique et climatique ont donc joué un rôle fondamental dans les processus évolutifs.
Les sites de Dar Es soltane, Témara et El Harhoura 1 (Maroc), ont permis de découvrir les premiers
restes des artisans de l’industrie atérienne, typique de l’Afrique du Nord et du Sahara (60 000-20 000 BP)
auxquelles succèdent les méchtoïdes (23 000-10 000 BP) associés à la civilisation ibéromaurusienne
(épipaléolithique). Une parenté morphologique, mais non culturelle, entre les atlanthropes, les atériens et les
ibéromaurusiens évoquent une évolution sur place des hommes fossiles dans le Nord-Ouest africain
(Ferembach 1986). Des événements climatiques, notamment une aridité croissante, enregistrée dans de
nombreux sites, ont modifié l’espace et le comportement des atériens et des ibéromaurusiens (Bouzouggar
et al. 2003). Certains échanges ont dû être possible entre ces populations d’Afrique du Nord et celles de
l’Europe occidentale.
et dynamique des interactions entre l’homme et son environnement
L’Afrique du Nord est peuplée depuis une haute antiquité par de nombreuses civilisations
préhistoriques. Elle a livré des sites clés permettant de suivre l’évolution morphologique et culturelle des
hommes fossiles. Le site algérien d’Aïn Hanech du Pléistocène inférieur est connu par son industrie lithique
de type oldowayen. Celle-ci est composée de sphéroïdes à facettes, de galets aménagés, associés à des
ossements d’animaux portant des traces de découpes (Sahnouni et al. 1996). Ces témoignages datés
d’environ 1,8 Ma, représentent la trace d’une activité humaine la plus ancienne connue en Afrique du Nord.
L’environnement était favorable à l’accueil de ces hominidés dans cette région de l’Afrique. En effet, au
début du Pléistocène, un climat chaud et humide accompagné d’une pluviosité et d’un ruissellement intense
ont caractérisé l’Afrique du Nord. C’est l’époque où le Sahara, sillonné de fleuves importants qui ont laissé
d’énormes dépôts alluvionnaires, était couvert d’une végétation luxuriante et de grands lacs avec une faune
très riche et variée.
Les restes humains les plus anciens, datés d’environ 800 000 BP, ont été exhumés du site de
Tighénif (Ternifine) en Algérie. Ces fossiles atlanthropes ont été assimilés à l'Homo erectus. Mais la majorité
des restes humains fossiles trouvés en Afrique du Nord se concentre sur le littoral atlantique marocain
(Carrières Thomas 1 et 3, Sidi Abderrahman, Oulad Hamida 1, Rabat, Salé, etc.). Le littoral se différencie
nettement de l'intérieur des terres, beaucoup plus aride, et offre un climat plus clément pour les hommes
préhistoriques de cette époque.
Après 400 000 ans, le climat de l'Afrique du Nord a enregistré une forte augmentation de l'aridité qui
a conduit à l'extension des déserts du Sahara : c'est dans ce contexte qu'émergent les premiers hommes
morphologiquement modernes (Hublin 1991).
Les phénomènes glaciaires qui ont touché l’Europe durant le Pléistocène n’avaient d’impacts directs,
ni sur les faunes, ni sur les types humains qui ont peuplé l’Afrique du Nord. Nous n’avons pas enregistré
d’alternance nette entre faune chaude et faune froide dans les remplissages des sites quaternaires nordafricains.
Par contre, le phénomène qui a influencé le plus sur les mouvements des faunes, et notamment
celui des hommes, est la mise en place du Sahara et de son extension.
L'Europe et l'Afrique sont séparées par la mer Méditerranée ; cette barrière a rendu possible une
évolution divergente sur ces deux continents. En Europe on voit alors l'apparition d'Homo neanderthalensis.
En Afrique du Nord, malgré la proximité de l'Europe, aucun document fossile n'atteste la présence de cette
espèce. Par contre, les restes d’une autre espèce, Homo sapiens archaïque, datée d’environ 130 000 BP,
associés à une industrie levalloiso-moustérienne, ont été exhumés du site de Jebel Irhoud (Maroc). Les
contextes géographique et climatique ont donc joué un rôle fondamental dans les processus évolutifs.
Les sites de Dar Es soltane, Témara et El Harhoura 1 (Maroc), ont permis de découvrir les premiers
restes des artisans de l’industrie atérienne, typique de l’Afrique du Nord et du Sahara (60 000-20 000 BP)
auxquelles succèdent les méchtoïdes (23 000-10 000 BP) associés à la civilisation ibéromaurusienne
(épipaléolithique). Une parenté morphologique, mais non culturelle, entre les atlanthropes, les atériens et les
ibéromaurusiens évoquent une évolution sur place des hommes fossiles dans le Nord-Ouest africain
(Ferembach 1986). Des événements climatiques, notamment une aridité croissante, enregistrée dans de
nombreux sites, ont modifié l’espace et le comportement des atériens et des ibéromaurusiens (Bouzouggar
et al. 2003). Certains échanges ont dû être possible entre ces populations d’Afrique du Nord et celles de
l’Europe occidentale.
Hassan AOURAGHE