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Culture physique, sport et formation durant la colonisation

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  • Culture physique, sport et formation durant la colonisation

    Selon plusieurs auteurs, cette époque est marquée par une déstructuration et une déculturation
    de la société algérienne
    11.
    Dans le domaine de l'activité motrice, la colonisation s'accompagna directement ou
    indirectement d'une destruction des habitudes corporelles existantes (divers interdits ont été
    promulgués durant cette période, parmi lesquels l’armement, la libre circulation, l’instruction,
    etc.)12.
    Ainsi, l'Algérie subissait une répression et une destruction de sa culture motrice.
    Peu à peu, des pratiques issues d'Europe feront leur apparition graduellement dans les
    principales villes d'Algérie. Elles combleront petit à petit le vide laissé durant l'étape précédente.
    L'essor graduel de ces nouvelles activités jusqu'en 1962 correspond à :
    - l'essor de l'éducation physique en Europe au XIXe siècle en tant que facteur de préparation
    physique de la jeunesse pour une finalité guerrière de la jeunesse13. Sous l'impulsion de
    pédagogues, différents systèmes nationaux d'éducation physique et en particulier le système
    français d'Amoros, Hebert et Demeny, naîtront.
    - le développement graduel - et souvent au détriment de l'éducation physique - du sport anglosaxon
    à partir de la seconde moitié du XIXe siècle avec la création des fédérations nationales et
    internationales,
    - l’apparition des jeux olympiques modernes en 1896 et leur organisation par la France en 1900
    et 1924.
    - le développement du spectacle sportif et du « business » dans ce domaine… (Gillet, 1975) ;
    - la création du scoutisme au début du XXe siècle pour des fins éducatives et guerrières, et
    l'organisation par la France de grandes manifestations internationales à Alger à l'occasion du
    centenaire de la colonisation en 1930 (voir Bellabad et Nane, 1990 ; Legrand et Ladegaillerie,
    1970 ; Koun, 1982...).
    Juridiquement, la loi de 1901 réglementant les associations sportives et l'introduction de l'EPS
    dans la sphère éducative associeront définitivement l'institutionnalisation de ces pratiques. Mais,
    qu'en est-il exactement pour les autochtones ?
    Si, au départ - et pour des raisons multiples citées plus haut - les pratiques étaient réservées à
    de rares algériens, en particulier les fils de notables14, ce n'est que vers les années vingt que les
    premiers clubs sportifs musulmans naîtront. Ce mouvement culminera vers les années trente et
    la première décennie après la seconde guerre mondiale15.

    11 A cette époque, il n'existait pas vraiment de centres spécialisés en EPS même en Europe.
    Pour plus de détails, voir notamment les travaux de Koun (1982), Degenst (1947), Legrand et
    Ladegaillerie (1970).
    12 Plusieurs travaux ont été publiés sur cette période riche en événements. On peut se référer
    notamment à ceux de Keddache (1981), Julien (1975), Ageron (1968), Alleg et Douzon (1981),
    (Fanon, 1966 ; 1974), Ibrahhim (1981)…
    13 Notons que du Ve siècle (prise du pouvoir à Rome par l'aristocratie et le clergé) au XVIIIe
    siècle (révolution française de 1789), les pratiques corporelles étaient limitées principalement à
    la préparation guerrière et à l'amusement de l'aristocratie, et ce, malgré l'influence à partir du
    XIVe et XVe siècles (époque de la renaissance) de savants, pédagogues, écrivains tels que
    MERCURTALIS J., RABELAIS F., MONTAIGNE M., ROUSSEAU J.J., LOCKE J., etc. L'éducation
    corporelle était réservée à une classe infime d'aristocrates ; ce n'est qu'au XIXe siècle, après les
    guerres napoléoniennes, que la préparation physique sera incluse et systématisée comme
    moyen d'éducation de la jeunesse populaire (pour plus de détails se conférer aux travaux déjà
    cités de Hamdi, Ladegaillerie, Koun).
    14 Il faut noter que l'un des objectifs politiques de cette époque était l'assimilation d'une cer taine
    catégorie de la population autochtone (Sergent, 1937, p.3).
    15 Il faut noter aussi que chez les autochtones, ce mouvement sportif ne s'est pas répandu
    spontanément. La conjugaison de plusieurs facteurs politiques (prise de conscience nationale),
    Cependant, malgré cet engouement, les pratiques corporelles et sportives restèrent un « luxe »
    accessible uniquement à une infime minorité de la population citadine autochtone. A cet égard,
    la référence au bilan statistique le plus optimiste de Sigala (1986) nous donne un aperçu sur les
    réalisations et le niveau de la pratique physique durant cette période.

    En sport
    Faisant l'éloge de l’oeuvre française en Algérie, cet auteur avance que vers la fin des années
    cinquante, il y avait 33 disciplines sportives pratiquées par près de 100 000 adhérents, et 1 900
    associations sportives utilisant 516 installations diverses (Sigala, 1986).
    Une analyse plus détaillée des données montre que ces chiffres, quand bien même seraient-ils
    exacts, ne touchaient en réalité que la minorité européenne qui vivait en Algérie... :
    - Tout le palmarès cité par l'auteur - hormis trois disciplines dont l'impact populaire était certain
    - ne contient, à de rares exceptions près, que des noms d'étrangers. Même dans ces trois
    disciplines (football, boxe et athlétisme), l'étude historique montre qu'elles ne prendront leur
    essor qu'à partir des années trente, pour cesser après le déclenchement de la lutte armée en
    1954.
    - Les chiffres cités concernent les centres urbains à forte densité de population européenne
    (Alger, Oran, Constantine et Annaba). Quand on sait que 80 % au moins de la population
    autochtone était rurale (Sayad et Bourdieu, 1964), on comprend mieux la destination de ces
    infrastructures.
    - Le chiffre de 10 000 pratiquants sportifs (toutes disciplines confondues) n'est nullement une
    référence pour une pratique de masse. Ce chiffre ne représentait que 1 % environ de la
    population totale de cette époque (Annuaire statistique de l’Algérie, 1979).
    - Enfin, sur 516 installations, la moitié n’est que des aires de jeu16 - et de l'avis même de
    l'auteur, la plus grande partie a été aménagée à partir de 1957, c'est-à-dire en pleine guerre
    quand l'algérien avait cessé toute activité sportive.

    Par DADI Abdelaziz
    maître de conférences à l’université Mentouri
    dz(0000/1111)dz
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