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A Istanbul, la base de l'AKP reste fidèle à M.Erdogan

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    Citation :

    A Istanbul, la base de l'AKP reste fidèle à M.Erdogan

    07.06.2013 à 10h24
    Guillaume Perrier




    Perché sur le toit d'un bus à son effigie, entouré de toute sa famille et du gouvernement au grand complet, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a voulu apparaître entouré, dès sa descente de l'avion qui le ramenait d'une tournée de quatre jours au Maghreb. L'appareil, attendu jeudi 6 juin à 21 heures, a atterri au milieu de la nuit à l'aéroport d'Istanbul. Le chef du gouvernement, qui reprenait les rênes laissés en son absence au vice-premier ministre Bülent Arinç, s'est adressé aux milliers de militants de l'AKP (Parti de la justice et du développement) venus l'accueillir, les remerciant pour être "restés calmes et responsables".

    M. Erdogan a de nouveau appelé à "la fin immédiate des manifestations, qui ont perdu leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme". "Nous allons maintenant tous rentrer chez nous, a-t-il conclu, vous n'êtes pas le genre de gens qui tapent sur des casseroles dans les rues", a-t-il ajouté. Sur la place Taksim, toujours occupée par des milliers de protestataires, la réaction fut, dès la fin du discours du premier ministre, de faire tinter les casseroles et de réclamer de plus belle sa démission.

    Les premiers mots de M. Erdogan donne une indication sur ses intentions pour les jours à venir. En son absence, le président Abdullah Gül avait tenté de reprendre la main en ouvrant un dialogue avec les associations et les figures représentatives du mouvement, entraînant une baisse immédiate des tensions. A son départ de Tunis, M. Erdogan avait déjà vivement condamné "la stratégie qui consiste à incendier et à détruire".


    "LEADER MONDIAL"


    Dans plusieurs arrondissements de l'ouest d'Istanbul, les militants de l'AKP ont été invités dans la soirée, par SMS, à se rendre à l'aéroport pour faire un triomphe à leur "leader mondial". C'était notamment le cas à Esenler, l'un des quartiers les plus peuplés de la métropole turque (500 000 habitants), l'un de ces ensembles récents de la proche périphérie, cerné d'échangeurs autoroutiers et peuplé de classes moyennes et populaires. On y vote massivement en faveur de l'AKP, qui y a réalisé ses meilleurs scores à Istanbul "aux dernières élections législatives de 2011, avec 64,7 % des voix et où le parti peut compter sur environ 100 000 militants encartés", selon le chef de la section locale, Umut Özkan, un jeune avocat.

    Le parti avait pourtant donné des consignes inverses dans la journée de jeudi. Le porte-parole de l'AKP, Hüseyin Celik, avait appelé ses militants "à ne pas aller à la rencontre du premier ministre", jugeant qu'"il n'y avait pas de nécessité de lui montrer notre soutien".

    "Nous n'avons pas besoin d'aller l'accueillir, il est déjà dans notre cœur, nous lui montrerons à quel point nous sommes un pays civilisé et de fraternité", expliquait jeudi Mohammed Akkut, un barbier installé en face de la "mosquée du terminus", en plein milieu du quartier.

    "Tayyip Erdogan est le meilleur dirigeant que nous ayons eu depuis Atatürk, s'enthousiasme M. Akkut, 37 ans. La Turquie connaît beaucoup de succès, elle est en train de résoudre son problème avec les Kurdes. Quel autre pays peut en dire autant ?"


    "DANS QUELQUES JOURS TOUT CELA SERA TERMINÉ"


    Dans le salon de coiffure, une chaîne progouvernementale montre les images de la place Taksim, occupée par des milliers de manifestants. "Ce sont des groupes marginaux, des provocateurs, affirme Mohammed, en les désignant du menton. Au départ, c'était une vraie revendication mais depuis c'est infesté d'éléments terroristes et d'agents iraniens. Dans quelques jours tout cela sera terminé." Dans le salon, on acquiesce. "Sans notre premier ministre, la Turquie aurait été divisée et le pays aurait basculé dans le chaos."

    A Esenler, guère concerné par les manifestations, les habitants louent le "hizmet", le "service" du gouvernement, l'un des mots-clés de la stratégie de Recep Tayyip Erdogan. La politique de transformation urbaine, ici, est unanimement saluée. "Le troisième pont sur le Bosphore, l'aéroport, le projet de canal : c'est une très bonne chose", juge Ümit Bal, un vendeur de fruits et légumes, derrière son étal, sur le marché. "Ici, il y a vingt ans, c'était des bidonvilles, on marchait dans la boue, raconte-t-il en montrant ses chaussures. Maintenant, on a l'eau courante, les rues sont goudronnées et nettoyées, il y a des écoles..."

    Derrière le marché, une station de métro toute neuve, au nom d'Adnan Menderes, un ancien premier ministre conservateur, sera inaugurée avant l'été. Plus haut, c'est un centre culturel avec un espace de conférence de 3 000 places, qui est en cours de construction, ainsi qu'un immense hôpital d'Etat et un ensemble de logements collectifs. "Si les gens ne sont pas contents, qu'ils attendent les élections, lance M. Bal. Mais nous, nous continuerons à voter pour lui."


    Le Monde



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