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Nasr-eddine lezzar : « On n’achète pas une crédibilité internationale comme on achète une paix interne»

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    Nasr-eddine lezzar : « On n’achète pas une crédibilité internationale comme on achète une paix interne»

    El Watan le 07.06.13 | 19h54 Réagissez


    Maitre Nasr-Eddine Lezzar est Membre de la Cour internationale d'arbitrage, de la Chambre de commerce internationale et expert à long terme auprès de l'Union européenne.




    L'Algérie a annulé depuis 2010 plus de 6 milliards de $ au profit de pays africains et arabes. Sommes-nous en mesure, économiquement, de se permettre de telles actions?

    Pour donner un ordre de grandeur de ce montant astronomique, il suffit de rappeler que le projet pharaonique de l’autoroute est-ouest a été estimé à 6 milliards de dollars. Le pouvoir actuel a sacrifié l’équivalent du budget prévisionnel de la deuxième autoroute des hauts plateaux ou d’un autre projet structurant de même envergure. Le pouvoir actuel semble prendre un malin plaisir à ce jeu malsain. Il multiplie et répète les libéralités, tel un prodige déséquilibré.



    Quelles sont les raisons possibles de telles actions ?

    Elles doivent être recherchées, me semble-t-il, dans la psychanalyse des hommes et non pas dans l’analyse politique des pouvoirs. Il faut rappeler qu’aux premières années de son règne le président Bouteflika avait engagé des dépenses colossales pour la promotion de son image. On se souvient de crans Montana et de Davos qui ne sont que des clubs privés où on paye pour y paraître. Il faut se rappeler aussi de son voyage aux Etats-Unis qui a consommé un budget immense pour sa publicité politique. Il faut dire, pour être juste que Bouteflika, n’a pas été le seul à verser dans ce genre de dépenses narcissiques. Juste après son investiture, pour se faire connaitre Chadli (Dieu ait son âme) avait organisé, avec une cinquantaine de personnes, une grande expédition à travers l’Europe et l’Amérique. Des artistes et même des secrétaires de la présidence étaient, semble-t-il, du voyage. Il est vrai que nous sommes ici devant des dépenses d’une autre nature et d’une autre envergure ; mais l’explication de ces comportements troubles et troublants peut avoir les mêmes origines ; un narcissisme maladif des hommes de pouvoir.



    Cela semble un peu déconcertant, n’y’aurait t’il pas une autre explication plus rationnelle ?

    Je ne trouve aucune explication rationnelle à ces libéralités ni sur le plan de la stratégie politique ni sur le plan économique, ni à la limite sur le plan humanitaire. Le pouvoir semble vouloir faire l’intéressant en jetant, à tort et à travers, les deniers nationaux. La psychanalyse des comportements doit venir au secours de l’analyse politique. Au niveau des états, la générosité désintéressée, non calculée, n’est que l’expression et le signe d’une incurie et d’une gabegie antipatriotique et antinationale. Je ne vois aucun signe d’une stratégie politique acceptable, rationnelle, aucune composante d’une quelconque raison d’état, susceptible de présenter un semblant de fondement à des prodigalités aussi insensées. Si nous serions dans la sphère privée on aurait préconisé ce qu’on appelle « El hadjr » (Séquestre) qui place une personne dans l’incapacité de gérer son propre patrimoine. Le moins qu’on puisse dire est que la situation est surréaliste. Nous sommes dans un véritable délire, une frénésie.



    On pourrait, peut être, expliquer cela par une aisance financière qui autorise la recherche d’un prestige national ?

    Aucun pays, bien gouverné, quels que soient ses ressources, ne peut se permettre de telles prodigalités. Ces sommes ont été purement et simplement spoliées retirées aux besoins immenses du peuple profond, jetés sur l’autel d’un prestige factice et fallacieux. Plutôt prestige personnel que national. On n’achète pas une crédibilité internationale comme on achète une paix interne. On n’achète que des obédiences opportunistes conjoncturelles et sans valeur. Un pays acquiert et construit une audience dans le concert des nations par la permanence et la cohérence dans l’adoption et le soutien des bonnes causes. On construit des audiences, on n’achète que des obédiences. Il fut un temps où le régime algérien, même issu d’un coup d’état, avait une grande résonance et une aura internationales parce ’elle s’est toujours placé aux cotés des causes justes et équitables. Elle s’est forgée une respectabilité, elle ne l’a pas acheté.



    On définit cela comme la diplomatie du chéquier. L’Algérie en a-t-elle les moyens ?

    La diplomatie du chéquier a des objectifs malsains et n’est qu’une corruption politique qui autorise la pérennité des régimes obscurs et des pouvoirs mafieux.



    Doit-on considérer que vous condamnez la solidarité ?

    Pas du tout ! En agissant comme le fait l’Algérie, rend un mauvais service à ces pays. En effaçant les dettes, elle pérennise la mauvaise gouvernance des régimes obscurs et opaques qui ont placé leurs pays dans un état d’insolvabilité. Quand on veut aider un pays ou un peuple on ne lui donne pas de l’argent, on aide à son développement.



    N’est ce pas une bonne façon de faire en allégeant ces pays du fardeau de la dette qui avait bloqué, dramatiquement, l’économie algérienne à une phase très proche de notre histoire immédiate ?

    Au lieu d’effacer les dettes purement et simplement, on aurait du les convertir en investissement profitable à l’Algérie et au pays bénéficiaire. A titre d’exemples : Un mécanisme approprié est, me semble t’il, le système de financement « build operate transfert » communément appelé « BOT ». Il consiste pour le pays investisseur de construire un projet, le mettre en exploitation jusqu’au retour sur investissement et la prolonger au delà jusqu’à la consommation de la dette initiale qui pesait sur le pays. Ce système est profitable aux deux parties. Au bénéficiaire : Ces sommes se matérialisent dans un projet pérenne, éventuellement structurant, c'est-à-dire générateur d’autres projets, d’autres activités, d’autres infrastructures, d’autres emplois et d’autres ressources. En somme un véritable processus de développement. Pour l’Algérie : La dette est récupérée, elle génère des bénéfices et ouvre des débouchés à ses entreprises.



    Pouvez-vous nous citer un cas pratique ?

    Bien sur. Nous avons deux agences spécialisées dans la construction et la gestion des autoroutes, qui ont acquis avec l’autoroute est-ouest un capital d’expérience appréciable en la matière. On aurait pu les engager dans la construction d‘autoroutes chez les pays débiteurs. Elles les mettront en exploitation, en tireront les dividendes jusqu’au retour sur investissement et prolongeront au prorata de la dette qui a été effacée gratuitement.Cette technique n’est qu’un exemple qu’on pourrit diversifier pour amorcer l’expansion de nos entreprises -publiques et privées- dans ce continent. On peut bien imaginer d’autres formules de partenariat à définir et construire, au cas par cas avec le pays d’accueil. L’Algérie pourra ainsi, grâce à cette dette, ouvrir des débouchés à l’expansion de ses entreprises à la promotion de ses ressources humaines, trouver des espaces à ses capitaux et contribuer au développement de l’Afrique. Voila la solidarité bien comprise qui ne s’exprime pas par un assistanat, contre productif pour le pays qui le donne et à la limite humiliant pour celui qui le reçoit, mais prend la forme d’une véritable aide au développement.

    Gaidi Mohamed Faouzi
    Othmane BENZAGHOU

  • #2
    Avant de faire des analyses psychanalitiques, il faudrait s'assurer que ces pays sont solvables et que l'Algérie n'ait aucun besoin d'une politique africaine, d'aucune manière que ce soit, pour aucun raison évidente...

    Quel cirque...
    Othmane BENZAGHOU

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