Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Bac : la catharsis imprévisible

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Bac : la catharsis imprévisible

    Écrit par Ali Hakimi

    Les faits : des potaches de quelques centres d’examen des wilayas d’Oran, Blida et Alger ont créé l’événement, en perturbant, parfois avec violence, le déroulement des épreuves. Une première dans l’histoire du bac en Algérie.

    Le sujet de philosophie s’avérait « hors programme », cela a suffi pour que des candidats recourent à ce qui peut être relativement qualifié, toutes proportions gardées, d’insurrection. L’ordre est tout de même revenu et beaucoup ont pu tricher selon diverses formes. Le bruit est à la mesure, non de la dimension de la perturbation et de son étendue, mais de leur gravité rapportée à plusieurs dimensions. La première, la solennité bafouée du baccalauréat et des conditions de sa passation. La deuxième, la lecture stressée du contexte politique national, la troisième l’attente satisfaite de la preuve de la faillite du système éducatif et, plus loin parfois, de la gouvernance.

    Selon le cas, l’approche est plus ou moins alarmiste, que l’on procède du technico-administratif ou du politique, en passant par les nuances qui s’intercalent. Au niveau populaire d’abord, le sentiment dominant concerne la crédibilité des résultats et l’iniquité qui prévaudrait si les fauteurs de troubles ne sont pas sanctionnés. Au niveau du corps enseignant, à travers les syndicats, c’est le caractère sacrilège de l’injure faite à la sacro-sainte institution scolaire qui est au centre des préoccupations. Au sein des embusqués politiques, c’est la stigmatisation du laxisme de l’Etat vis-à-vis d’une jeunesse qui aurait pris goût aux concessions de toutes sortes, et qui ne se prive plus de franchir les limites, avec comme contrepartie garantie « la prime à l’émeute ». Les recommandations qui en découlent se rejoignent presque toutes autour de l’ouverture d’une « enquête sur les responsables des incidents ».

    Cependant, aucune appréciation apaisée n’est audible, aucune volonté de recherche circonstanciée sur la brutale pulsion qui a poussé au passage à l’acte des « insurgés », tout compte fait véniel. Seul compte le constat et les clichés disponibles. En fait, on devrait plutôt se pencher sur les éléments structurants de la psychologie émeutière des jeunes Algériens. En aval, résultante du tout, se trouve le terrorisme de l’échec, dans une conjoncture où, pour l’individu, la réussite est une question de vie ou de mort sociale, dans un environnement libéralisé et sans concession.
    Le bac, obstacle ultime avant l’accès à des challenges supérieurs et opportunité de perpétuer la quête d’un avenir rassurant, n’est plus seulement un diplôme de plus, mais la condition minimale d’échapper à l’enfer de l’exclusion qui guette les recalés. De ce point de vue, on peut comprendre que la violence se trouve initialement dans la société et que la réaction des candidats est plus une catharsis qu’un acte essentiel et prémédité. Peut intervenir ensuite l’invocation du rapport de force présumé qui autorise le défi à l’autorité institutionnelle.

    Alors, on pourra juger, en toute objectivité, de la capacité de l’Etat à endiguer les effets de ses politiques économiques et sociales et des dispositifs d’encadrement de leurs victimes. Même s’il dispose des moyens répressifs pour faire respecter l’ordre « pédagogique ».

    reporters.dz
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    C'est le résultat direct de la culture de l'insurrection permanente et de la déligitimation de l'Etat et de l'autorité. La presse qui semble s'en étonner a grandement contribué à son instauration dès lors qu'elle servait de caution morale à certains actes intolérables en présentant à longueurs de colonnes le casseur comme étant un justicier, le suicidaire comme étant un martyr...etc.

    Les raisons socio-éducatives invoqués pour justifier ce bazar sont bidons : il y a 20 ans le nombre de reçus étaient bien inférieur, les erreurs dans les sujets récurrentes et le salaire des professeurs bien moindre qu'aujourd'hui sans parler des conditions de vie et de travail (peu de logements, budgets faméliques, terrorisme...etc.) et pourtant on a jamais assisté à des incidents de ce type à une échelle aussi grande. C'est le renversement d'un paradigme culturel qui s'opère sous nos yeux.
    Dernière modification par Dandy, 10 juin 2013, 12h57.

    Commentaire


    • #3
      C'est le résultat direct de la culture de l'insurrection permanente et de la déligitimation de l'Etat et de l'autorité.
      Je suis d'accord avec toi sur le fait que ces lycéens ne sont pas dans leurs droit ou sur la culture de la déligitimation de l'état mais pour moi, la principale cause est notre classe politique, pas la presse dont les titres les plus lus par ailleurs (Annahar ou Achourouk) ne sont pas spécialement des opposants.
      Les institutions sont bafouées par la classe politique elle même, on l'a vu avec la révision de la constitution, faite pour satisfaire le caprice d'un seul homme, et finalement même pas capable d'assumer physiquement le pouvoir qu'il s'est octroyé. On le voit aussi avec le conseil constitutionnel qui ne fait rien pour essayer de connaitre l'état de santé de Bouteflika. Et surtout, au delà de la question du pouvoir, c'est la justice ou plutot le manque de justice qui participe au sentiment d'illégitimité de l'état. Lorsqu'on n'a pas confiance en la justice institutionnelle, on se fait justice par la force, qu'on soit dans son droit ou pas (comme c'est le cas des bacheliers actuellement). Et le manque de confiance en la justice et la police vient du vécu, pas de la presse.
      Dernière modification par absent, 10 juin 2013, 13h04.

      Commentaire


      • #4
        Bien sûr que c'est l'état lui-même se comportant en délinquant à tous les niveaux, politique, judiciaire, constitutionnel, qui est derrière toutes les catharsis. Même celle des journalistes et autres commentateurs.

        Commentaire


        • #5
          presse, victime expiatoire

          "La presse qui semble s'en étonner a grandement contribué à son instauration dès lors qu'elle servait de caution morale à certains actes intolérables en présentant à longueurs de colonnes le casseur comme étant un justicier, le suicidaire comme étant un martyr...etc."

          c'est tout ce que vous savez faire, taper sur les journalistes. mahgourti ya djarti"

          Commentaire


          • #6
            c'est tout ce que vous savez faire, taper sur les journalistes. mahgourti ya djarti"
            Parce qu'on ne peut pas tous taper sur l'eau (n'teblou 3el Ma ounzaghertou) sur commande

            @Aanis

            On ne peut pas expliquer la situation en évoquant la réforme constitutionnelle ou l'indélicatesse de certains politiques vis-à-vis des lois car cela a toujours existé. Il y a eu de nombreux coup d'Etats dans l'histoire de ce pays et pourtant des incidents de cette ampleur ne sont jamais arrivés auparavant.
            C'est à la dégénérescence, programmée, du tissu social et à l'atomisation, suscitée, de la Nation que nous assistons.
            Dernière modification par Dandy, 10 juin 2013, 21h13.

            Commentaire

            Chargement...
            X