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Mad Max en Cyrénaïque

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  • Mad Max en Cyrénaïque

    Écrit par Lena Azizi

    Des Libyens ont manifesté à Benghazi contre une milice qui se veut, sans leur demander leur avis, le « Bouclier de la Libye ». Des « gens d’armes » se sont-ils infiltrés parmi eux pour en découdre avec les membres de la milice ? C’est la thèse défendue par les chefs de la milice dont la « légitimité » est reconnue par un représentant de l’état-major de l’armée.

    Le Bouclier de la Libye est une « force de réserve de l’armée libyenne » et l’attaquer est « une agression contre une force légitime », a expliqué doctement Ali Al-Chikhi. En théorie, une « force de réserve » est discrète, peu visible et elle ne se manifeste que lorsqu’elle est mobilisée par l’autorité. Dans ces conditions, les gens de Benghazi et d’ailleurs n’auraient aucune raison de s’insurger. Sauf que ces milices ne sont ni une réserve ni dans la réserve. Et le discours des officiels, qu’ils soient à l’état-major ou au gouvernement, ne traduit en réalité que leur faiblesse face à ces « thowars » - pour reprendre la formule chic de la presse occidentale – qui rééditent une version libyenne du monde de Mad Max. Les plus armés et les plus violents qui font la loi.

    Les propos lénifiants du porte-parole de l’état-major après le carnage de Benghazi l’illustrent parfaitement. Mais c’était probablement une justification de trop, alors que les Libyens, exaspérés, constatent qu’ils n’ont plus d’Etat – celui de Kadhafi n’avait rien de parfait, mais la sécurité des personnes et des biens était bien préservée –, mais une multitude de milices… qui squattent un morceau du territoire et y font ce que bon leur semble. Dans l’après-midi d’hier, le chef d’état-major libyen, Al-Mangouch, a démissionné et le Congrès général national (CGN) l’a accepté. Ce chef de l’armée régulière ne semblait pas comprendre ce que le « monopole de la violence » signifie pour un Etat. Il donnait constamment l’onction de « légitimité » à des personnages fascinés par les armes et qui se pensent les seuls dépositaires de la « révolution ». Le carnage de Benghazi est une illustration de ce que la « légitimité » octroyée à des gens d’armes indisciplinés, violents, peut provoquer dans un pays.

    Ceux qui sont outrés par les excès et les comportements de voyous des milices finissent par aboutir à la conclusion terrible que sans armes on n’existe pas. Il y a dans la faiblesse du pouvoir politique « élu » et dans les jeux politiciens qui se mènent autour des milices un formidable appel aux gens à ne plus compter sur les forces régulières et à s’armer. Sans compter que ces milices ont imposé, en organisant avec armes et bagages le siège des ministères, une loi destinée à bannir de la vie publique tous ceux qui ont exercé des fonctions sous le long règne de Kadhafi. Non seulement, ils éliminent des adversaires politiques, mais par cette loi « d’épuration », ils éliminent le nombre, assez restreint, de cadres compétents libyens qui ont fait de la gestion sous l’ancien régime. A quelle fin ce chaos à la Mad Max est-il imposé aux Libyens ? Les empêcher d’avoir un Etat « normal », eux qui ont eu droit, sous Kadhafi, à un Etat anormal ? Il serait temps de poser la question qui n’a rien de « conspirative » : pour qui roulent les milices ?
    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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