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Les enfants de l'anonymat : abandonnés au CHU de Annaba

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  • Les enfants de l'anonymat : abandonnés au CHU de Annaba

    le phénomène des enfants nés sous X, prend de l'ampleur à Annaba où chaque année, les services de la DAS (direction des affaires sociales) enregistrent une moyenne de 1 000 enfants.

    Entre 10 et 14 bébés sont abandonnés à la naissance, selon une sage-femme du CHU de Annaba.


    Des transferts presque permanents sont consignés dans la pouponnière de Annaba, «10 à 14 bébés sont placés dans le centre», nous dira une éducatrice. «Il y a des moments où aucun placement n'est enregistré, hormis les placements judiciaires», devait ajouter notre interlocutrice.

    La prise en charge médicale et le placement dans une pouponnière étatique, sont ordonnés à l'annonce même de l'arrivée du nouveau-né, en attendant de trouver une famille d'accueil à l'enfant abandonné. Le nombre d'enfants nés hors mariage, appelés communément «enfants nés sous X», est en constante augmentation dans les wilayas de l'est du pays, El Tarf, Tébessa, Souk Ahras et Annaba en l'occurrence.

    L'augmentation du nombre des enfants nés sous X dans la wilaya de Annaba, est due à l'afflux de ces mères célibataires, venues la plupart d'entre elles, des wilayas de Souk Ahras, Tébessa, Guelma, El Tarf et même de Skikda, au service d'obstétrique du CHU Ibn Rochd, pour y accoucher discrètement et abandonner leurs bébés.


    Loin de toutes les considérations morales, le phénomène a pris de plus en plus d'ampleur ces dernières années. A Annaba, les filles mères sont de moins en moins stigmatisées, encore moins condamnées à vivre dans l'isolement elles et leurs enfants nés sous X. Ces mamans célibataires sont âgées entre 16 et 30 ans. Il y a quelques années, elles étaient condamnées à expier un crime impardonnable selon nos traditions et notre religion celui d'avoir conçu un enfant d'une relation hors mariage. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

    Annaba est devenue depuis quelques années une grande métropole pour les mères célibataires qui s'y rendent pour y accoucher ou pour cacher une grossesses, qu'elles veulent garder, avec l'objectif d'assumer pleinement cet enfant conçu d'une relation illégitime.

    Issues de différentes wilayas et différents milieux sociaux, ces filles mères sont pour la plupart des vendeuses de charme, exerçant le plus vieux métier dans les cabarets de Annaba dont plusieurs d'entre elles gardent l'enfant après l'accouchement, elles n'ont de compte à rendre qu'à leur propre conscience. Comme c'est le cas de Hadjer, venue de Tébessa, il y a trois ans. Elle est serveuse dans une boîte du littoral annabi. Elle habite dans une pièce à la vieille ville, avec sa fille de deux ans et demi. «J'ai dû fuir ma famille, après avoir su que j'étais enceinte», dira cette jeune maman qui a eu son premier enfant hors mariage à l'âge de 23 ans. «Après que mon copain ait refusé de légaliser notre relation, j'ai décidé de fuir, avant que ma grossesse ne soit apparente».

    Le cas n'est pas le même pour Kahla, une étudiante de Souk Ahras. Comme beaucoup de filles dans son cas, elle est venue à Annaba pour y poursuivre ses études de langue à l'université de Sidi Achour, et là, elle a croisé l'homme de ses rêves, un homme qu'elle a fréquenté tout au long de son cursus universitaire... Une relation qui a donné naissance à un petit garçon, dont elle n'avait jamais vu le visage, car elle l'avait abandonné à la naissance à l'hôpital Ibn Rochd de Annaba. Ce sont des travailleuses, des lycéennes ou dans la majorité du temps, des étudiantes ayant cédé à l'amour interdit!

    La réalité est cruelle et a pour seul but de satisfaire le désir sexuel de leur compagnon, devant la promesse de réaliser tous leurs rêves, le mariage, entre autres.

    Ces promesses de mariage jamais tenues, finissent par la venue au monde d'un enfant illégitime qui, la plupart du temps, est pris en charge par l'Etat.
    En effet, le gouvernement octroie chaque année un budget conséquent aux services de la DAS, pour tenter de subvenir aux besoins de cette frange sociale qui vit à l'ombre d'une société, totalement indifférente à ses souffrances.

    C'est dire que la satisfaction des besoins matériels, est loin de combler le vide affectif dont sont victimes ces enfants conçus dans un cadre illégal.

    Par Wahida BAHRI -L'EXPRESSION
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