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Entretien avec Issad Rebrab, président du groupe Cevital

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  • Entretien avec Issad Rebrab, président du groupe Cevital

    TSA

    Cevital multiplie les acquisitions. Le groupe privé vient de racheter Michelin Algérie, après avoir mis la main sur Oxxo, le leader français des fabricants de fenêtres et portes en PVC.


    Dans cet entretien, son patron, Issad Rebrab, dénonce le blocage de ses projets en Algérie.
    Cevital vient de reprendre Oxxo en France et Michelin en Algérie. Pourquoi ces acquisitions ?
    Ce sont des acquisitions faites dans le cadre du développement du groupe. On recherche la croissance en interne et en externe. Oxxo est une opportunité pour nous et aussi pour les Français. Pour la France, c’est de maintenir les emplois, et c’est ce que nous comptons faire. Oxxo est une marque prestigieuse qui remonte aux années cinquante et qui a une réputation européenne et mondiale, et cela nous permet de faire une grande avancée dans le domaine de la fenêtre et du verre.
    Les produits Oxxo sont-ils destinés uniquement au marché européen ou ciblez-vous l’Algérie ?
    Nous avons effectivement l’intention de ramener des fenêtres, mais aussi de faire le montage du verre double vitrage ici en Algérie. Cela en attendant la mise en route de notre usine de Bordj Bou Arréridj, qui est actuellement en construction. L’usine sera opérationnelle vers juin 2014 et elle va créer 3.000 emplois. La première ligne de production fera 700.000 fenêtres par an, et on ajoutera par la suite deux autres lignes, pour atteindre 2 millions de fenêtres par an. Une partie de la production est destinée à l’exportation. Bien évidemment, le produit sera de marque Oxxo. Nous allons essayer de produire les fenêtres en Algérie parce qu’il y a des avantages comparatifs. Ici nous produisons le verre et le double vitrage.
    Et pour Michelin ?
    C’est un partenariat dans lequel Cevital entre à 67% des parts dans le capital de Michelin, pour aller à une augmentation de capital. Nous allons reprendre toute leur activité commerciale, que nous allons développer, et nous allons recruter l’ensemble de leur personnel parce que l’usine Michelin de Bachdjarrah va s’arrêter d’ici la fin de l’année. Michelin s’est rapproché de nous pour signer un accord de partenariat pour préserver les emplois. Cevital détiendra la totalité du capital social de Michelin Algérie après la fermeture de l’usine.
    Vous avez parlé, il y a quelque temps, de nouveaux projets en Afrique. Du concret ?
    Nous avons des projets en Afrique, notamment au Soudan, en Ethiopie, au Kenya, en Tanzanie et au Mozambique. Notre idée est d’aller dans ces pays qui nous offrent des opportunités de terres agricoles et beaucoup d’eau. L’Algérie est un pays aride, et pour produire un kilo de sucre roux, il faudrait deux mètres cubes d’eau qui coûtent 120 dinars, alors que le sucre coûte moins de 60 dinars le kilo. Donc, nous allons le produire dans les pays où l’eau est abondante et gratuite. Le Soudan peut prélever du Nil jusqu’à 23 milliards m3 par an. Chez nous en Algérie, sur toute la nappe du Sahara, on ne peut pas prélever au-delà de 5 milliards m3. Selon les autorités compétentes, 2,5 milliards de m3 sont déjà prélevés et il ne reste à prélever que 2,5 milliards de m3, de quoi irriguer seulement 150.000 ha. C’est une eau précieuse qu’il faut réserver aux populations et aux générations futures.
    Cevital a-t-il renoncé à ses projets dans la sidérurgie après la décision du gouvernement de confier aux Qataris la réalisation d’une usine à Bellara ?
    Nous n’avons jamais renoncé. Pour l’usine de Bellara, nous avons déposé le dossier il y a plus de 7 ans, c’est-à-dire bien avant les Qataris. Après, on a demandé de nous laisser la moitié du terrain, parce que les Qataris ne vont pas utiliser toute la surface, mais les responsables n’ont pas voulu se prononcer.
    A qui avez-vous adressé vos demandes ?
    Je les ai adressées au ministère de l’Industrie et ensuite au Premier ministre, l’ancien et l’actuel (Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ndlr). Nous avons proposé aussi la reprise du complexe sidérurgique d’El Hadjar. L’ancien Premier ministre était d’accord, mais l’actuel ne s’est pas prononcé. Nous avons essayé de demander un terrain pour faire un nouveau projet de sidérurgie à Annaba ou à Cap Djinet, et nous attendons toujours. On nous dit, il faut attendre.
    Mais il n’y a pas que ça. Nous avons proposé de réaliser cinq cimenteries. Pour trois d’entre elles, cela fait six ans que nous avons déposé les dossiers au niveau du Conseil national d’investissement (CNI). Nous avons fait une demande pour réaliser une usine de pétrochimie à Bethioua (Oran), mais on n’a pas eu encore de réponse.
    Nous avons également un projet d’usine de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa, réalisé à 50%. Cela fait maintenant dix années qu’on court pour le débloquer, sans résultat. Pourtant, c’est un projet qui peut créer 100.000 emplois indirects dans l’agriculture et faire passer l’Algérie du stade d’importateur au stade d’exportateur dans les domaines des huiles brutes et du tourteau de graines oléagineuses, qui sont importées à 100% actuellement.
    Pourtant, c’est un projet qui garantira pour ces deux produits la sécurité alimentaire de notre pays. Les agriculteurs que nous avons contactés pour produire pour notre compte des graines oléagineuses sont ravis par notre proposition, car ils sont intéressés par la culture de ces graines, à la place de la jachère, qui vient après la production des céréales. Cela permet à la fois d’enrichir le sol en azote, d’économiser des engrais pour les cultivateurs, et leur permet aussi une autre récolte chaque année.
    Ce projet a traîné dans les tiroirs du ministère de l’Industrie pendant toute la période de Hamid Temmar, toute la période de son successeur, jusqu’à la période du ministre de l’Industrie actuel. Pourtant, le 25 décembre 2005, le Conseil de gouvernement, présidé par le chef du gouvernement de l’époque, M. Belkhadem, avait donné son accord pour que nous puissions gagner 6 ha sur la mer pour continuer notre projet, sous réserve de faire une étude d’impact sur l’environnement.
    Nous avons confié les études au Laboratoire des études maritimes, dont les conclusions sont favorables au projet. Monsieur le ministre de l’Environnement de l’époque, actuellement ministre de l’Industrie, a approuvé ces études. A l’arrivée du nouveau gouvernement, nous avons de nouveau présenté ce dossier au CNI. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a nommé une commission interministérielle présidée par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, qui s’est rendue sur le lieu à Béjaïa et a donné son avis favorable au mois de novembre 2012.
    A ce jour, tous ces projets sont bloqués, alors que notre pays a trois grands défis à relever dans les prochaines années, si on veut éviter une crise économique et sociale :
    1. 10 millions de nouveaux demandeurs d’emploi d’ici 2020, soit dans moins de 7 ans. Il faudra créer plus de 1 million d’emplois par an.
    2. Assurer la sécurité alimentaire du pays.
    3. En 2025, c’est-à-dire dans 12 ans – c’est demain –, nous atteindrons les 50 millions d’habitants. Nous consommerons davantage d’énergie et de carburant que nous ne pourrons pas exporter. Le pays risque une cessation de paiement si notre économie n’est pas diversifiée.
    Pourquoi ces blocages, selon vous ?
    C’est une question qu’il faut poser aux autorités supérieures.
    Dans beaucoup de pays, les hommes d’affaires participent à la vie politique. Vous ne seriez pas tenté par l’idée de briguer la magistrature suprême ?
    Non. Je vous dirai à chacun son métier. Je suis un opérateur économique qui sait créer des emplois et créer de la richesse pour notre pays. La politique, je la laisse aux politiciens.
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