C’est acté, le Maroc n’est plus un pays émergent !
La décision de déclasser le Maroc dans l’Index MSCI (Morgan Stanley Country Index) de la catégorie «pays émergents» à celle de «pays frontière», tant redoutée et qui était pendante depuis plusieurs mois, (Cf. LNT 823 du 17/01/2013), est devenue effective.
En effet, MSCI a donné le 11 juin dernier son classement annuel 2013 qui prévoit plusieurs modifications majeures qui entreront officiellement en vigueur dans le classement semestriel de novembre 2013 pour le Maroc notamment.On rappellera à ce sujet que l’indice MSCI Emerging Markets est composé de 821 sociétés cotées dans 21 marchés différents.
Aux niveaux africain et zone MENA, seuls l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Maroc y figuraient. La capitalisation totale de l’indice, de 3 917 milliard de dollars, faisait que le Maroc, représenté uniquement par « Maroc Télécom, Attijariwafa bank et Addoha », seules sociétés répondant aux critères d’éligibilité, ne portait que 0,1 % dans la pondération de l’indice.
Plusieurs annonces fortes caractérisent ce communiqué de Morgan Stanley, qui permettent d’évaluer la dégradation de la notation du Maroc et les conséquences que cette nouvelle position pourraient avoir sur l’attractivité du Royaume pour les investisseurs étrangers.
C’est ainsi que deux pays du Golfe, le Qatar et les Emirats Arabes Unis, bénéficient d’une promotion puisqu’ils passent de «pays frontière» à «pays émergents», tandis que la Grèce est déclassée, tombant dans la catégorie «pays émergent» elle qui se positionnait jusque-là dans celle des «pays développés».
De même, une menace sérieuse plane sur l’Egypte qui, encore classée aujourd’hui dans les «pays émergents», pourrait bien, si la situation ne se rétablissait pas sur les bords du Nil, être tout simplement exclue de l’indice MSCI dans les prochains mois.
Les raisons qui ont motivé le déclassement du Maroc sont connues et ont été maintes fois relevées, notamment dans les colonnes de La Nouvelle Tribune (Cahier Finances). Il s’agit, entre autres, de la forte baisse de la liquidité boursière, qui se manifeste depuis plusieurs mois et qui n’a reçu à ce jour, aucun correctif convaincant.
Pour les auteurs de la note MSCI, le positionnement du Royaume dans la catégorie «pays frontière» correspond beaucoup plus à l’actuelle réalité de la Bourse de Casablanca, où les volumes ont drastiquement chuté, les transactions sont insignifiantes et les résultats de sociétés cotées se caractérisent par des baissent significatives.
En outre, plusieurs sociétés de la place qui constituaient en grande partie de base de la cotation Maroc dans l’indice MSCI Emerging Markets avaient été sorties de cette liste, ce qui avait fortement réduit la pondération jusque-là favorable à notre pays.
Morgan Stanley estime, à juste titre d’ailleurs, que la nouvelle notation du Maroc lui assurera une place plus visible et plus attractive dans la classification des «pays frontière». À la précision qu’il convient d’ajouter que cette catégorie est incontestablement moins cotée que celle de «pays émergent» à laquelle le Royaume a appartenu depuis plusieurs années.
On regrettera fortement ce déclassement qui intervient alors que le Maroc est effectivement en proie à de sérieuses difficultés financières et budgétaires, et que son marché boursier est plongé dans un état d’atonie profonde.
On constatera également que les pouvoirs publics, malgré toutes leurs promesses, n’ont que très peu avancé dans la voie des mesures correctives, notamment celles concernant les marchés de capitaux, l’introduction de réelles incitations et les outils qui pourraient permettre d’assurer une meilleure efficience tels les prêts emprunts titres, les produits dérivés, les nouveaux compartiments de cotation, etc.
Et c’est avec une réelle amertume que l’on constate que certains pays « frères », certes dotés de moyens financiers conséquents, tels les EAU et le Qatar, accèdent à une catégorie supérieure dans l’Indice MSCI quand le Maroc descend en catégorie inférieure.
Cela parce que ces deux pays, ne se satisfaisant plus de leur situation « d’économie de rente » du fait de leurs richesses pétrolières et gazières, ont entrepris depuis plusieurs années, de mettre en place des marchés financiers solides, actifs et dynamiques, appuyés par des réglementations de leurs marchés boursiers innovantes, par des politiques économiques réalistes et des investissements dans les secteurs productifs, attirant ainsi les investisseurs étrangers à la recherche d’opportunités de placements.
Il était certes quasiment impossible au Royaume d’éviter cette « descente aux enfers » que signifie ce déclassement et l’exclusion de la catégorie «pays émergents» lors de son annonce au début de l’année 2013, car le délai était trop court (moins de six mois), mais des mesures et décisions correctrices auraient permis de donner des signaux positifs quant à la volonté des pouvoirs de tutelle et des acteurs du marché de regagner la confiance des promoteurs de l’Indice Morgan Stanley, véritable «Bible» des investisseurs internationaux.
Rien ou très peu a été fait et l’image du Maroc en prend ainsi un sérieux coup.
«Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse» disait Jean de La Fontaine…
Afifa Dassouli
La décision de déclasser le Maroc dans l’Index MSCI (Morgan Stanley Country Index) de la catégorie «pays émergents» à celle de «pays frontière», tant redoutée et qui était pendante depuis plusieurs mois, (Cf. LNT 823 du 17/01/2013), est devenue effective.
En effet, MSCI a donné le 11 juin dernier son classement annuel 2013 qui prévoit plusieurs modifications majeures qui entreront officiellement en vigueur dans le classement semestriel de novembre 2013 pour le Maroc notamment.On rappellera à ce sujet que l’indice MSCI Emerging Markets est composé de 821 sociétés cotées dans 21 marchés différents.
Aux niveaux africain et zone MENA, seuls l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Maroc y figuraient. La capitalisation totale de l’indice, de 3 917 milliard de dollars, faisait que le Maroc, représenté uniquement par « Maroc Télécom, Attijariwafa bank et Addoha », seules sociétés répondant aux critères d’éligibilité, ne portait que 0,1 % dans la pondération de l’indice.
Plusieurs annonces fortes caractérisent ce communiqué de Morgan Stanley, qui permettent d’évaluer la dégradation de la notation du Maroc et les conséquences que cette nouvelle position pourraient avoir sur l’attractivité du Royaume pour les investisseurs étrangers.
C’est ainsi que deux pays du Golfe, le Qatar et les Emirats Arabes Unis, bénéficient d’une promotion puisqu’ils passent de «pays frontière» à «pays émergents», tandis que la Grèce est déclassée, tombant dans la catégorie «pays émergent» elle qui se positionnait jusque-là dans celle des «pays développés».
De même, une menace sérieuse plane sur l’Egypte qui, encore classée aujourd’hui dans les «pays émergents», pourrait bien, si la situation ne se rétablissait pas sur les bords du Nil, être tout simplement exclue de l’indice MSCI dans les prochains mois.
Les raisons qui ont motivé le déclassement du Maroc sont connues et ont été maintes fois relevées, notamment dans les colonnes de La Nouvelle Tribune (Cahier Finances). Il s’agit, entre autres, de la forte baisse de la liquidité boursière, qui se manifeste depuis plusieurs mois et qui n’a reçu à ce jour, aucun correctif convaincant.
Pour les auteurs de la note MSCI, le positionnement du Royaume dans la catégorie «pays frontière» correspond beaucoup plus à l’actuelle réalité de la Bourse de Casablanca, où les volumes ont drastiquement chuté, les transactions sont insignifiantes et les résultats de sociétés cotées se caractérisent par des baissent significatives.
En outre, plusieurs sociétés de la place qui constituaient en grande partie de base de la cotation Maroc dans l’indice MSCI Emerging Markets avaient été sorties de cette liste, ce qui avait fortement réduit la pondération jusque-là favorable à notre pays.
Morgan Stanley estime, à juste titre d’ailleurs, que la nouvelle notation du Maroc lui assurera une place plus visible et plus attractive dans la classification des «pays frontière». À la précision qu’il convient d’ajouter que cette catégorie est incontestablement moins cotée que celle de «pays émergent» à laquelle le Royaume a appartenu depuis plusieurs années.
On regrettera fortement ce déclassement qui intervient alors que le Maroc est effectivement en proie à de sérieuses difficultés financières et budgétaires, et que son marché boursier est plongé dans un état d’atonie profonde.
On constatera également que les pouvoirs publics, malgré toutes leurs promesses, n’ont que très peu avancé dans la voie des mesures correctives, notamment celles concernant les marchés de capitaux, l’introduction de réelles incitations et les outils qui pourraient permettre d’assurer une meilleure efficience tels les prêts emprunts titres, les produits dérivés, les nouveaux compartiments de cotation, etc.
Et c’est avec une réelle amertume que l’on constate que certains pays « frères », certes dotés de moyens financiers conséquents, tels les EAU et le Qatar, accèdent à une catégorie supérieure dans l’Indice MSCI quand le Maroc descend en catégorie inférieure.
Cela parce que ces deux pays, ne se satisfaisant plus de leur situation « d’économie de rente » du fait de leurs richesses pétrolières et gazières, ont entrepris depuis plusieurs années, de mettre en place des marchés financiers solides, actifs et dynamiques, appuyés par des réglementations de leurs marchés boursiers innovantes, par des politiques économiques réalistes et des investissements dans les secteurs productifs, attirant ainsi les investisseurs étrangers à la recherche d’opportunités de placements.
Il était certes quasiment impossible au Royaume d’éviter cette « descente aux enfers » que signifie ce déclassement et l’exclusion de la catégorie «pays émergents» lors de son annonce au début de l’année 2013, car le délai était trop court (moins de six mois), mais des mesures et décisions correctrices auraient permis de donner des signaux positifs quant à la volonté des pouvoirs de tutelle et des acteurs du marché de regagner la confiance des promoteurs de l’Indice Morgan Stanley, véritable «Bible» des investisseurs internationaux.
Rien ou très peu a été fait et l’image du Maroc en prend ainsi un sérieux coup.
«Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse» disait Jean de La Fontaine…
Afifa Dassouli
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