Coup de théâtre dans le dossier Michelin Algérie ! D’après des sources proches du dossier, l’Etat s’apprêterait à s’opposer à son rachat par Cevital et à disposer de son droit de préemption sur la cession des participations du géant mondial des pneumatiques installé en Algérie au groupe privé algérien.
Le motif invoqué est d’empêcher la fermeture de l’usine, selon les termes de l’accord passé entre le magnat du groupe agro-industriel Issad Rebrab et le groupe Michelin dans le cadre du plan de restructuration que celui-ci poursuivra en France et dans le monde jusqu’à la fin de l’année 2013. Il est aussi de s’opposer à une « liquidation pure et simple » d’un outil productif employant des « centaines de salariés » et « susceptible, selon nos sources, d’être l’objet d’un scénario autre que celui de faire de l’usine de Bachdjarah autre chose qu’un entrepôt ». Enfin, ajoutent nos informateurs, il s’agit surtout de se conformer aux dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009 dans laquelle le « droit de préemption » est inscrit pour sauver et relancer le tissu industriel national.
Pourquoi l’Etat a-t-il réagi tardivement ? La question est en elle-même synonyme de la polémique qu’il y a eu au sein des services concernés par le dossier et du temps pris à « apprécier » le contenu de l’accord entre Michelin Algérie et Cevital. En attendant de plus amples éléments, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a-t-on appris, a instruit le ministre de l’Industrie Cherif Rahmani pour présenter un rapport détaillé sur la transaction et présenter un « plan B » pour empêcher l’arrêt de l’activité industrielle de l’usine de Bachdjarrah et trouver un accord avec Michelin Algérie et Cevital. Comment ces deux opérateurs vont-ils réagir ? Difficile d’anticiper sur leurs réactions respectives tant qu’on ignore pour l’instant les propositions que l’Etat va faire pour les convaincre de son bon droit. Il n’en demeure pas moins que le débat, déjà porté par un discours très critique de M. Rebrab sur l’action économique du gouvernement et la propension de ce dernier à s’acharner, selon ses mots, contre l’investissement privé, risque d’être très controversé. Cela d’autant que l’histoire de Michelin Algérie et de sa disparition annoncé en tant qu’acteur industriel est celle d’une faillite.
Ce marché qui se dérobait sous les pneus de Michelin Algérie
En effet, l’unité algérienne du géant français des pneumatiques ne peut plus être compétitive ni concurrentielle dans un marché dominé par les produits importés. En Algérie, en effet, la demande de pneumatiques est d’au moins 3,5 millions par an et les importations y représentent plus de 90 %. Entre 2001 et 2010, rappelle à juste titre un article de Maghreb Emergent citant les Douanes, les importations de pneumatiques dans notre pays sont passées de près de 94 millions de dollars à environ 270 millions de dollars. Ce marché est dominé par la Chine. A elle seule, elle en contrôle 43 % avec un montant de 115,3 millions de dollars, selon des indications datant d’il y a trois ans. En 2001, la part de ce pays n’était que de 4,11 % et de 9,25 millions de dollars. Sa progression s’explique par des prix défiant toute concurrence : alors qu’un pneu Michelin est cédé à partir de 5500 dinars pour atteindre les 27 000 dinars, un pneu chinois est commercialisé entre 2500 et 4000 dinars. Peu importe s’il présente des « hernies », comme dit la formule populaire, le prix fait tout oublier… Les conséquences ont été lourdes : après avoir détenu une part de marché de 25 % pour les pneus équipant les poids lourds et 15 % pour les véhicules légers, le géant français a vu s’effriter, en dix ans, ses bénéfices pour se retrouver à « travailler à perte depuis deux ans », selon son directeur général sortant, Igor Zyemit.
Avec un niveau des exportations, qui étaient de 2,85 millions de dollars en 2004 pour atteindre, en 2007, un pic de 23,148 millions de dollars, avant de commencer à chuter à partir de 2008 (22,67 millions de dollars) pour finir à 8, 5 millions de dollars en 2010 (moins qu’en 2009 où c’était plus de 12 millions de dollars), les performances de Michelin Algérie se sont considérablement détériorées. Il n’avait pas d’autre choix que d’investir davantage et d’étendre les activités de l’usine de Bachdjarah « devenue trop petite » pour répondre aux exigences de la compétitivité. Mais, la crise mondiale passant par là, l’usine ne pouvait plus tenir dans le « contexte économique actuel », selon M. Zyemit. Face à la Chine, des pays considérés comme des acteurs traditionnels du marché algérien des pneumatiques, comme la France et le Japon par exemple, ont vu en dix ans leurs parts de marché chuter respectivement de 75 % et de près de 50 %. Selon Maghreb Emergent, les importations à partir de la France sont passées de 17,62 millions de dollars en 2001 (18,8 %) à 11,64 millions de dollars en 2010 (4,31 %). Le Japon, quant à lui, a vu sa part de marché passer de 31,75 % en 2001 (29,77 millions de dollars) à 17,69 % en 2010 (4,77 millions de dollars).
En plus de la Chine, d’autres « outsiders » comme la Tunisie et la Turquie ont pu renforcer leur présence sur ce segment des importations algériennes. Les importations en provenance de la Tunisie sont passées de 526 800 dollars à 12,67 millions de dollars (soit de 0,56 % à 4,7 %), et de 3 millions de dollars à 14,8 millions de dollars (soit de 3,27 % à 5,49 %) pour la Turquie.
Le motif invoqué est d’empêcher la fermeture de l’usine, selon les termes de l’accord passé entre le magnat du groupe agro-industriel Issad Rebrab et le groupe Michelin dans le cadre du plan de restructuration que celui-ci poursuivra en France et dans le monde jusqu’à la fin de l’année 2013. Il est aussi de s’opposer à une « liquidation pure et simple » d’un outil productif employant des « centaines de salariés » et « susceptible, selon nos sources, d’être l’objet d’un scénario autre que celui de faire de l’usine de Bachdjarah autre chose qu’un entrepôt ». Enfin, ajoutent nos informateurs, il s’agit surtout de se conformer aux dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009 dans laquelle le « droit de préemption » est inscrit pour sauver et relancer le tissu industriel national.
Pourquoi l’Etat a-t-il réagi tardivement ? La question est en elle-même synonyme de la polémique qu’il y a eu au sein des services concernés par le dossier et du temps pris à « apprécier » le contenu de l’accord entre Michelin Algérie et Cevital. En attendant de plus amples éléments, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a-t-on appris, a instruit le ministre de l’Industrie Cherif Rahmani pour présenter un rapport détaillé sur la transaction et présenter un « plan B » pour empêcher l’arrêt de l’activité industrielle de l’usine de Bachdjarrah et trouver un accord avec Michelin Algérie et Cevital. Comment ces deux opérateurs vont-ils réagir ? Difficile d’anticiper sur leurs réactions respectives tant qu’on ignore pour l’instant les propositions que l’Etat va faire pour les convaincre de son bon droit. Il n’en demeure pas moins que le débat, déjà porté par un discours très critique de M. Rebrab sur l’action économique du gouvernement et la propension de ce dernier à s’acharner, selon ses mots, contre l’investissement privé, risque d’être très controversé. Cela d’autant que l’histoire de Michelin Algérie et de sa disparition annoncé en tant qu’acteur industriel est celle d’une faillite.
Ce marché qui se dérobait sous les pneus de Michelin Algérie
En effet, l’unité algérienne du géant français des pneumatiques ne peut plus être compétitive ni concurrentielle dans un marché dominé par les produits importés. En Algérie, en effet, la demande de pneumatiques est d’au moins 3,5 millions par an et les importations y représentent plus de 90 %. Entre 2001 et 2010, rappelle à juste titre un article de Maghreb Emergent citant les Douanes, les importations de pneumatiques dans notre pays sont passées de près de 94 millions de dollars à environ 270 millions de dollars. Ce marché est dominé par la Chine. A elle seule, elle en contrôle 43 % avec un montant de 115,3 millions de dollars, selon des indications datant d’il y a trois ans. En 2001, la part de ce pays n’était que de 4,11 % et de 9,25 millions de dollars. Sa progression s’explique par des prix défiant toute concurrence : alors qu’un pneu Michelin est cédé à partir de 5500 dinars pour atteindre les 27 000 dinars, un pneu chinois est commercialisé entre 2500 et 4000 dinars. Peu importe s’il présente des « hernies », comme dit la formule populaire, le prix fait tout oublier… Les conséquences ont été lourdes : après avoir détenu une part de marché de 25 % pour les pneus équipant les poids lourds et 15 % pour les véhicules légers, le géant français a vu s’effriter, en dix ans, ses bénéfices pour se retrouver à « travailler à perte depuis deux ans », selon son directeur général sortant, Igor Zyemit.
Avec un niveau des exportations, qui étaient de 2,85 millions de dollars en 2004 pour atteindre, en 2007, un pic de 23,148 millions de dollars, avant de commencer à chuter à partir de 2008 (22,67 millions de dollars) pour finir à 8, 5 millions de dollars en 2010 (moins qu’en 2009 où c’était plus de 12 millions de dollars), les performances de Michelin Algérie se sont considérablement détériorées. Il n’avait pas d’autre choix que d’investir davantage et d’étendre les activités de l’usine de Bachdjarah « devenue trop petite » pour répondre aux exigences de la compétitivité. Mais, la crise mondiale passant par là, l’usine ne pouvait plus tenir dans le « contexte économique actuel », selon M. Zyemit. Face à la Chine, des pays considérés comme des acteurs traditionnels du marché algérien des pneumatiques, comme la France et le Japon par exemple, ont vu en dix ans leurs parts de marché chuter respectivement de 75 % et de près de 50 %. Selon Maghreb Emergent, les importations à partir de la France sont passées de 17,62 millions de dollars en 2001 (18,8 %) à 11,64 millions de dollars en 2010 (4,31 %). Le Japon, quant à lui, a vu sa part de marché passer de 31,75 % en 2001 (29,77 millions de dollars) à 17,69 % en 2010 (4,77 millions de dollars).
En plus de la Chine, d’autres « outsiders » comme la Tunisie et la Turquie ont pu renforcer leur présence sur ce segment des importations algériennes. Les importations en provenance de la Tunisie sont passées de 526 800 dollars à 12,67 millions de dollars (soit de 0,56 % à 4,7 %), et de 3 millions de dollars à 14,8 millions de dollars (soit de 3,27 % à 5,49 %) pour la Turquie.
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