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Salah-Eddine SIDHOUM répond au général M.T. YALA

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  • Salah-Eddine SIDHOUM répond au général M.T. YALA

    Cher compatriote,
    A l’heure de l’intense grenouillage politique qui prévaut à l’approche du changement de la vitrine du pouvoir apparent et des crasseux règlements de comptes entre les différents gangs du régime illégitime, via une certaine presse servile, votre contribution aura le mérite d’ouvrir le débat sur le devenir de notre patrie meurtrie par des décennies de destruction programmée.
    A la lecture de votre texte, je me suis permis de relever quelques points importants nécessitant des clarifications, pour éviter de participer consciemment ou inconsciemment à la falsification de faits historiques.
    Les différents problèmes socio-économiques cruciaux énumérés par votre équipe d’experts sont pratiquement connus par tous ceux qui portent l’Algérie dans leur cœur et qui vivent la triste réalité de l’Algérie profonde, pas de l’Algérie Potemkine du club des larbins.
    Mais tous ces problèmes cruciaux inventoriés ne peuvent être résolus sans le règlement définitif de la crise politique qui perdure depuis 62 et qui se résume en trois mots : légitimité du pouvoir. Tant que cette question n’est pas résolue, notre patrie continuera à plonger dans les abysses du désespoir et de la destruction nationale. La solution n’est nullement d’ordre technique. Elle est éminemment politique.
    Effectivement, « l’avenir des enfants de l’Algérie est hypothéqué » mais depuis fort longtemps, depuis 62, du fait du coup de force d’imposteurs et d’aventuriers auteurs du crime de « haute trahison », pour avoir trahi les Idéaux de novembre 54 et la mémoire de nos martyrs qui se sont sacrifiés pour une Algérie de Justice, de Dignité et de Liberté. C’est de cette « haute trahison » que découlent tous les malheurs que nous vivons aujourd’hui.
    Non, cher compatriote, le drame algérien n’a pas commencé en 92 ou 99, mais bel et bien au lendemain de l’indépendance, pour ne pas dire avant, quand des algériens assoiffés de pouvoir ont liquidé d’autres algériens, au nom d’une fausse légitimité révolutionnaire et se sont autoproclamés tuteurs de ce peuple par la force des baïonnettes.
    Violence politique, corruption, clientélisme, népotisme, prébendes, ces fléaux érigés en méthodes de gouvernance, ont progressivement gangréné la société algérienne qui atteindra durant cette dernière décennie, un état de déstructuration et de déliquescence avancées. Toutes les institutions mises en place depuis l’indépendance, dont la facticité n’est plus à démontrer, ne servent que de devanture derrière laquelle se cache l’oligarchie militaro-financière, véritable maîtresse de la décision politique. Ce dont vous ne soufflez mot.
    Les valeurs ancestrales et les idéaux qui avaient fait la force de nos parents durant la nuit coloniale ont pratiquement disparu, laissant place à la « kfaza » – cette propension typiquement algérienne à magouiller – à l’opportunisme et à la médiocrité affligeante.
    L’échec de ceux qui ont pris le pouvoir en 1962 est patent et sur tous les plans. Le système qui a disposé de l’Algérie comme d’un butin de guerre, a clairement montré ses limites. Ses politiques improvisées, menées sans la participation du peuple n’ont abouti qu’à d’amères désillusions. Ce régime, sans foi ni loi n’a pas hésité à faire couler le sang de ses propres concitoyens pour sauver ses privilèges à chaque fois que la nation lui a signifié son rejet (octobre 88, janvier 92, avril 2001). Et la facture de l’obstination du régime à se pérenniser en maintenant ce statu quo suicidaire, est déjà très lourde.
    Tous les patriotes sincères et sages appréhendent ce que nous réserve l’avenir immédiat. Les tensions entre le système obsolète et arrogant et la société poussée au désespoir par des décennies d’injustice et de hogra risquent de mener droit vers plus de chaos et au final, l’implosion de la nation.
    Vous dites que la responsabilité du président du pouvoir apparent dans ce chaos programmé est « clairement, totalement engagée ». Je crois à mon humble avis que la responsabilité de l’oligarchie militaro-financière, véritable pouvoir en Algérie, est plus grandement engagée dans ce fiasco institutionnalisé car c’est elle qui l’avait désigné en 99, puis reconduit en 2004 et 2009, comme elle l’a fait pour ses prédécesseurs en 79, 92 et 95.
    Tout comme les volontés politiques et intellectuelles sincères n’ont pas été paralysées, seulement depuis la désignation en 99 du 1er responsable du pouvoir apparent par l’oligarchie militaro-financière. Elles ont hélas, été paralysées bien avant, par le système politique imposé par la force des armes, faisant de l’allégeance et de la médiocrité des constantes nationales et des critères de « patriotisme».
    Il y a une question cruciale que vous semblez avoir éludée consciemment ou inconsciemment et qui est celle du rôle de l’institution militaire dans le passé et de sa place dans l’Algérie de demain, celle de l’Etat de Droit et des Libertés démocratiques.
    Je crois sincèrement qu’il est temps d’inciser l’abcès et en politique, au sens noble du terme, rien ne doit être tabou, sacré ou clandestin. La franchise et la transparence doivent être de rigueur. Il y va de l’avenir de notre Algérie.
    Jusqu’à quand, les soldats, sous-officiers et officiers de notre armée nationale continueront-ils à servir de boucliers à l’oligarchie militaro-financière pour préserver ses privilèges ?
    Jusqu’à quand, les services de la police politique continueront-ils à régenter le peuple par la terreur et la manipulation et au nom du prétexte fallacieux de la défense des intérêts supérieurs de la Nation ?
    Jusqu’à quand les intérêts mercantiles d’une poignée de factieux et de véreux continueront-ils à se confondre avec ceux de l’armée nationale, institution de la République et de la Nation ?
    L’institution militaire n’est tenue à servir ni une oligarchie, ni un clan mais l’Algérie, Etat et Nation, dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles. Elle doit cesser d’être la source du pouvoir et l’instrument des desseins claniques.
    Il est temps aussi de dénoncer et d’écarter les factieux qui ont sali notre armée nationale et les bouseux qui ont pollué la politique, ceux qui ont utilisé les institutions de la République, les symboles de la Révolution et la mémoire des Martyrs, pour se servir au lieu de servir le Peuple et la Nation.
    Tout comme il est aussi impératif, de briser le cercle vicieux dans lequel on a enfermé l’Algérie depuis 1962, à savoir celui d’un peuple sans souveraineté et d’un pouvoir sans légitimité pour reprendre notre frère Moncef Marzouki.
    L’ère des tuteurs en col blanc ou en képi a provoqué assez de dégâts. Il est temps de mettre fin à l’usurpation du pouvoir qui dure maintenant depuis cinquante ans et de rendre la parole aux citoyennes et citoyens pour qu’ils puissent choisir souverainement et librement les institutions qui épousent leurs réalités socioculturelles.
    Le jeu de substitution aux forces politiques réelles qui représentent les aspirations authentiques du peuple, par des forces préfabriquées dans les laboratoires de l’intrigue et de la manipulation se solde aujourd’hui pour notre pays, par un désastre sur tous les plans.
    L’Histoire nous a enseigné encore une fois – et le drame national que nous continuons de vivre en est un exemple – que toute solution qui n’emprunte pas le chemin du dialogue et de la concertation et qui ne s’appuie pas sur la volonté populaire est vouée à un échec cuisant.
    Oui, il est impératif et c’est un devoir sacré, de sauver notre patrie ! Mais comment ?
    Certainement pas par un changement dans le système, dans le cadre d’une alternance clanique et en déterrant des cadavres politiques.
    L’Algérie a besoin d’un changement radical et vous semblez partager cette approche. Ce changement a besoin, pour être sérieux et crédible auprès de notre peuple, de sang neuf, de visages nouveaux et de mains propres. On ne peut reconstruire notre pays avec ceux qui ont participé à sa destruction ni avec des potiches politiques créées de toutes pièces par qui vous savez. Et les volontés sincères et engagées ne manquent pas, pour peu qu’on laisse le peuple s’exprimer librement et choisir démocratiquement ses dignes représentants.
    Seul un réel et authentique processus démocratique permettra de construire un Etat assurant la paix civile et la prospérité sociale sur le plan intérieur et le respect des choix de ses citoyens à l’extérieur. C’est notre devoir à tous de contribuer à concrétiser ces objectifs légitimes.
    Faudrait-il aussi rappeler tel un leitmotiv et se rendre à l’évidence comme nous l’avons toujours souligné, qu‘aucun parti, aucune tendance, ni aucun homme politique ne peut se prévaloir à lui seul, de détenir les moyens de règlement de la grave crise politique que traverse le pays. Pas plus qu’aucune institution ne peut ni ne doit se prévaloir d’être au-dessus de la souveraineté du peuple.
    La solution à court terme viendra de l’action mûrement réfléchie de toutes les élites intellectuelles, politiques et militaires engagées à servir l’Algérie et non d’une certaine «élite» de service et des « Services ».
    Quant aux solutions à moyen et long terme, ce sont les représentants démocratiquement élus au sein des institutions de l’Etat de Droit qui en seront les artisans. Et le Peuple doit être maître de son destin et le moteur de la Renaissance de son pays et non un assisté à la merci de tuteurs autoproclamés.
    Ce n’est qu’ensemble, que nous aurons la force de barrer la route à ceux qui se nourrissent du désordre et de la stagnation du pays.
    Ce n’est qu’ensemble que nous atteindrons efficacement et pacifiquement notre idéal : l’édification d’un État de Droit et d’une Algérie de tous et de toutes, sans exclusion ni exclusive.
    Mais au lieu d’un « plan de guerre », nous souhaitons mettre en place un véritable « plan de paix » articulé sur un compromis politique historique accepté et respecté par tous les acteurs civils et militaires. Un compromis définissant clairement et sans aucune ambiguïté les principes qui cimenteront désormais, la cohésion de notre peuple dans sa pluralité.
    Gare à ceux qui, dans les officines de l’intrigue et de la manipulation, œuvreront à un faux changement, celui des apparences du système, alors que la situation chaotique actuelle nécessite un changement radical du système. Ils porteront une lourde responsabilité devant Dieu et devant l’Histoire, dans le déclenchement du terrible tsunami populaire qui risque – ce qu’à Dieu ne plaise – et faute d’alternative politique crédible, d’emporter non seulement ce régime déliquescent mais l’Algérie, tout entière.

    (...)

    Cordialement

    Le Quotidien d'Algérie
    Dernière modification par Vigilance, 15 juin 2013, 17h57.
    la curiosité est un vilain défaut.
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