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L’Irak vend la moitié de son pétrole à la Chine

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  • L’Irak vend la moitié de son pétrole à la Chine

    Contrairement, peut-être, à la Libye, l’Irak a réussi à remettre à flot ses exploitations pétrolières et les compagnies étrangères ne se font pas prier pour venir y investir. Mais de toutes les sociétés, celles chinoises en arrivent à remporter de gros contrats. Et le pétrole irakien trouve des débouchés dans la lointaine Chine. Les Chinois n’ont pas livré de guerre aux Irakiens. Lorsque l’armée américaine a envahi l’Irak en 2003, beaucoup ont ironisé : «Tiens ! Un pays arabe a été découvert à l’endroit même où se situent des réserves pétrolières américaines !»

    Il aurait été logique qu’à l’issue des opérations militaires, la majeure partie des hydrocarbures du pays parte à destination des USA, écrit le quotidien Izvestia dans sa livraison du 11 juin dernier, repris par l’agence Rianovosti. Il semblait bien que ce serait le cas avec l’arrivée en Irak des géants occidentaux tels qu’Exxon, Shell et BP, qui ont commencé à remporter les appels d’offres lancés par le nouveau pouvoir en place, inféodé aux Américains. Dix ans plus tard, un pays qui n’a jamais songé à participer à une guerre touche finalement le jackpot : la Chine. L’Irak produit aujourd’hui plus de deux millions de barils de pétrole par jour, dont près de la moitié ne part pas aux Etats-Unis mais en Chine. Et c’est de bonne guerre.

    Il faut savoir que Pékin négociait depuis longtemps avec Baghdad, bien avant la guerre en Irak. Elle avait passé de nombreux accords pour l’exploitation commune du pétrole et les livraisons d’hydrocarbures. Aujourd’hui, ils sont mis en application, explique Alexeï Maslov du Haut collège d’économie. L’expert, cité par Rianovosti, remarque que le règlement du problème pétrolier est la priorité numéro une de la Chine.

    Les Chinois achètent beaucoup de pétrole en Russie et en Asie centrale, mais ils ne veulent pas entrer dans une situation de dépendance. Ils veulent diversifier leurs fournisseurs. La Chine a, en fait, deux méthodes de travail : premièrement, l’achat de gisements pétroliers, ce qu’on appelle la «solution centrasiatique» comme au Kazakhstan; deuxièmement, la diversification maximale des fournisseurs de pétrole. C’est précisément le cas de l’Irak, estime Maslov. Selon lui, avant la guerre, Pékin avait un puissant lobby pétrolier en Irak, qui a joué un rôle important dans l’évolution de la situation. De plus, les compagnies chinoises appartiennent à l’Etat ce qui est, aux yeux des autorités irakiennes, une garantie de stabilité contrairement aux sociétés commerciales occidentales. La Chine est un acheteur de pétrole «plus fiable», parce que le pays est «très stable». De plus, les quantités livrées peuvent être pratiquement illimitées étant donné que toutes les livraisons ne couvrent même pas 70% des besoins, souligne Maslov. A son tour, Boris Dolgov, de l’Institut d’études orientales, pense que les Etats-Unis sont eux-mêmes responsables d’une telle répartition des livraisons de pétrole. Il semble qu’ils aient misé sur un allié pas sûr. «On peut parler d’un échec total de la politique américaine en Irak. Les Etats-Unis se sont d’abord appuyés sur les chiites, opposés à Saddam Hussein. Puis lorsque ces forces se sont unies avec leurs coreligionnaires d’Iran et ont commencé à s’opposer aux Américains, ces derniers ont dû partir», a déclaré Boris Dolgov.

    L’Irak abrite les deuxièmes plus grandes réserves pétrolières connues (près de 143 milliards de barils). Deux compagnies nationales ont le monopole de l’exploitation des gisements (North Oil Company et South Oil Company). Les étrangers ne peuvent prétendre qu’à une part de leurs actifs. Les exportations d’hydrocarbures représentent plus de 90% des revenus du pays. Outre les Chinois, il y a également les Russes qui participent à l’effort d’investissement dans ce pays, meurtri par une guerre civile intenable. La société russe Gazprom Neft, par exemple, a acquis 80% du contrat de partage de production d’un gisement dans le Kurdistan irakien, dont les réserves sont évaluées à 90-100 millions de tonnes d’hydrocarbures, a annoncé, il y a quelques jours, Vadim Iakovlev, premier directeur général-adjoint de Gazprom Neft. «Notre prochaine mission consiste à préparer le programme des travaux de prospection géologique», a indiqué M. Iakovlev devant les journalistes. Les travaux de prospection dureront sept ans, selon lui. Commentant la présence de Gazprom Neft en Irak, Iakovlev a noté que les autorités du pays soutenaient ses activités. «A présent, rien n’empêche de lancer la production dans le gisement de Badra» (est de l’Irak) d’ici août pu septembre, a-t-il estimé.

    En novembre dernier, les autorités irakiennes ont sommé la compagnie pétrolière russe Gazprom Neft de choisir entre le contrat passé avec elle sur l’exploitation du champ pétrolier de Badra, dont les réserves pourraient atteindre 3 milliards de barils de pétrole, et son engagement avec la région du Kurdistan irakien. Un consortium composé de Gazprom Neft (30%), du sud-coréen KoGas (22,5%), du malaisien Petronas (15%), du turc Tpao (7,5%) et de l’irakien Oil Exploration Company (25%), a remporté un appel d’offres pour l’exploitation du champ pétrolier de Badra en décembre 2009. En août 2012, Gazprom Neft a signé deux contrats sur la production de pétrole avec le Kurdistan. Le Kurdistan irakien, avec une population d’environ 4,5 millions d’habitants, est une entité fédérale et autonome du nord de l’Irak reconnue par la communauté internationale. Le Kurdistan a des différends avec Baghdad sur certaines questions, dont le partage des recettes provenant du pétrole kurde.

    Les autorités irakiennes ont refusé de reconnaître des dizaines de contrats signés par le Kurdistan. Selon elles, les sociétés énergétiques étrangères doivent solliciter l’accord du gouvernement central au lieu d’avoir affaire directement avec la région autonome du Kurdistan.


    Youcef Salami - La Tribune
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