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Le pétrole tarit, les hommes non!

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  • Le pétrole tarit, les hommes non!

    Qu'y a-t-il donc de changé pour que, aujourd'hui, nous nous mettions enfin à utiliser le pétrole pour développer le pays?
    En déclarant à l'ouverture du forum organisé par le Cnes que «notre pétrole ne tarira pas», notre Premier ministre avance une proposition qu'il lui sera difficile de soutenir, et lorsqu'il préconise d'utiliser ce pétrole pour «développer encore notre économie», il ne fait que répéter un slogan que tout le monde a chanté et qui est tombé dans la désuétude en plus du fait qu'il reconduit explicitement le désir de pousser un peu plus la dépendance de cette ressource que la science a pourtant qualifiée de «tarissable».
    Nos ressources en pétrole ne sont pas illimitées, c'est dans la nature des choses et nul ne pourra prétendre le contraire. Par ailleurs, jusqu'à présent, c'est-à-dire après cinquante ans d'indépendance, nous n'avons pas su tirer profit de cet extraordinaire don divin, et ce n'est pas du jour au lendemain que nous allons nous mettre à mieux situer les choses. Ce n'est pas impossible, certes, mais qu'y a-t-il donc de changé pour que, aujourd'hui, nous nous mettions enfin à utiliser le pétrole pour développer le pays? N'avons-nous pas encouragé, toute cette période durant, la rente et les discours creux et inutiles au lieu de faire en sorte que les recettes pétrolières aillent à la diversification de l'économie et à la promotion et au développement des secteurs autres que ceux des hydrocarbures?

    Nos grands problèmes
    Un de nos grands problèmes en Algérie, c'est que nous pensons être capables de faire une chose et son contraire avec les mêmes hommes. Ceux qui, il y a quelques années, défendaient le socialisme, sont ceux-là mêmes qui, aujourd'hui, prônent un libéralisme sauvage. Ceux qui, hier encore, brandissaient en hurlant le drapeau du parti unique, sont ceux-là mêmes qui, de nos jours, portent l'étendard du multipartisme. Ceux qui faisaient tout pour encourager la rente et la destruction de l'effort, sont ceux-là mêmes qui aujourd'hui nous parlent d'investissements et de patriotisme. C'est à croire qu'il suffit de se dire qu'il fait jour pour que jour il fasse!
    Non, ce n'est pas ainsi que cela doit se passer. Et le système de gouvernement, qui a fait que le pétrole aille là où il ne faut pas, est toujours en place. Comment peut-on donc prétendre que nous allons, du jour au lendemain, pouvoir utiliser cette ressource à bon escient? Commençons d'abord par changer les hommes, changeons ensuite notre manière de gérer et ce n'est qu'alors que nous pourrions parler de l'utilisation efficiente de cette ressource si rare et si limitée.
    Un autre de nos grands problèmes réside dans le fait que chez nous, la «fetwa» est tombée dans le domaine public, c'est-à-dire que chacun peut émettre la fetwa qu'il veut, dans le domaine qu'il veut.
    Nous avons assisté à un moment au fait que des marchands de légumes émettent des fetwas religieuses, il nous a été donné de constater aussi que des aveugles émettent des fetwas sur la manière d'utiliser la vue pour mieux cerner l'avenir et nous avons même entendu dire que des muets émettent des fetwas sur l'inutilité de la parole. Et tant que l'audace nous conduit à l'arrogance de ne plus tenir compte des avis des spécialistes, il n'y a pas espoir de pouvoir un jour comprendre la nécessité d'utiliser à bon escient notre pétrole.
    Il ne fait pas de doute que si le pétrole était bien utilisé, nous serions parmi les plus heureux sur cette terre, mais la malédiction qui accompagne cette ressource est si grande et si forte que le peuple ne croit plus à la possibilité que ce pétrole se transforme un jour en bienfait et il convient de bien noter que c'est à cause du pétrole, c'est-à-dire de sa mauvaise utilisation, que le pays est aujourd'hui là où il est.
    Ce n'est pas en puisant davantage dans les forages de Hassi Messaoud que l'on gérera mieux notre pays. Ce n'est pas en jetant des milliards de dinars pour faire taire des protestataires ici et là que l'on améliorerait la situation.
    Le développement de tout pays est d'abord une affaire de spécialistes. Or, lorsqu'on considère la composition de nos gouvernements et celle de nos assemblées, on en vient à se poser simplement la question si nous savons ce que spécialiste veut dire?

    Choisissez les bons hommes et tout le reste suivra
    A la tête de l'agriculture, nous avons eu, entre autres, un médecin qui n'avait ni les compétences, ni les aptitudes, ni même les penchants nécessaires pour développer un tel secteur. A la tête de la santé, nous avons eu, entre autres, un économiste qui ne comprenait rien à la médecine et encore moins au développement de ce secteur. Et tout ce beau monde passe d'un secteur à l'autre. De la santé, au transport, de lagriculture à la santé, de l'enseignement supérieur au sport... et ainsi de suite, depuis une dizaine d'années et beaucoup plus pour certains. Comment peut-on prétendre vouloir développer le pays avec un choix aussi inefficace des hommes?
    Il est temps que les critères de choix soient sérieux et rigoureux. Il est temps de retirer le micro aux muets et il est temps d'éloigner les charlatans de la politique et les opportunistes de la scène publique si nous voulons parler développement.
    On ne développe pas un pays en améliorant le discours officiel. On n'améliore pas le niveau de vie des citoyens en jouant sur l'élégance et la gestuelle. Les gens ont besoin de travail dans un pays riche, ce qui est tout à fait à la portée des dirigeants sans pour cela opter pour la dangereuse facilité qui consiste à donner l'ordre aux entreprises d'embaucher car, en cela, il n'y a rien d'économique et rien de sérieux.
    Les gens ont besoin de logements dans un pays riche et cela est aussi à la portée des dirigeants pour peu qu'ils cessent de tourner autour du pot sans jamais oser aborder le problème de face. Les gens ont besoin de salaires qui leur permettent de vivre dignement dans un pays riche. Et cela aussi est tout à fait à la portée des dirigeants sans même avoir besoin de trop d'imagination.
    La gestion incorrecte et la non-gestion sont derrière tous les problèmes de l'Algérie et il est impossible de pouvoir, un jour, sortir de ce marasme tout en continuant à mal choisir les hommes car ce qui ne tarit pas en réalité, ce sont les hommes et non le pétrole. Choisissez les bons hommes et tout le reste suivra. Peu importe alors si le pétrole s'en va car les hommes, lorsqu'ils sont bien choisis, ont toujours les ressorts nécessaires pour mener à bon port leur pays.
    Regardons donc le Japon qui, sans ressources naturelles, s'en est allé conquérir le monde avec ses produits. Regardons donc la Corée du Sud qui, sans pétrole, est en train de dominer le monde avec sa production et sa qualité. Et regardons l'Iran qui, avec son pétrole, a su s'imposer au rang des nations avancées de cette planète. Méditons donc longuement ces exemples avant de parler.
    Lorsqu'on fait tout pour dévaloriser la valeur de l'Algérien, de la rue à l'université, il ne faut pas s'étonner d'arriver là où nous en sommes car nul n'a jamais dit jusqu'à présent que le pétrole bâtit les pays mais tout le monde s'accorde à dire que le pays, ce sont ses enfants qui le bâtissent

  • #2
    suite

    Et où sont les nôtres?
    Ils sont des centaines, voire des milliers à avoir bravé et à vouloir encore affronter les dangers de la mer, avec des embarcation de fortune, à la recherche d'horizons plus cléments pour leur âge, plus accessibles pour leur ambition ou, simplement, plus vivables pour leurs capacités. S'est-on jamais posé sérieusement la question pourquoi nos enfants en sont arrivés là? Ils sont des milliers à avoir franchi les postes de douanes pour aller sous d'autres cieux faire les beaux jours d'hôpitaux, d'entreprises ou d'universités qui reconnaissent leur valeur. Ils sont partout: en Europe, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient... se peut-il que ces compétences soient perdues à jamais? Et ce n'est pas en élaborant un site et en leur demandant de s'y inscrire que l'on va en tirer profit pour le pays. C'est en perdant ses compétences que l'Algérie a été malmenée par les incompétents, les parvenus et les incapables. A-t-on jamais sérieusement pensé à réfléchir à cette question?
    Il ne fait pas de doute que le pétrole tarira un jour, peut-être dans dix ans, peut-être dans plus ou moins, mais il tarira comme toutes les autres ressources naturelles. Personne n'y pourra rien... Seule la volonté des hommes résistera au temps et à la culture de la rente qui a détruit le pays
    l'expression

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