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55e Anniversaire de l’équipe FLN :Une balle pour gagner la guerre

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  • 55e Anniversaire de l’équipe FLN :Une balle pour gagner la guerre

    55e Anniversaire de l’équipe FLN

    Une balle pour gagner la guerre


    Avec le décès Cheikh Kermali, la liste nécrologique des joueurs-révolutionnaires s’allonge à 17 disparus sur les 32 qui ont rejoint l’équipe de football du FLN un 13 avril 1958.
    Par Mokrane Harhad

    « Nous sommes Algériens avant d’être footballeurs ». La sentence est dite. La décision est prise. La liberté d’un peuple pour Zitouni, Kermali, Mekhloufi, Ibrir, Boumezrag et leurs frères vaut tous les titres et trophées que peut gagner un joueur. Dès le 13 avril 1958, cinq joueurs disparaissaient du territoire français, suivis, trois jours après, de cinq autres stars. 10 grands joueurs ont abandonné leurs clubs. Stupeur et peur-panique alimentent l’actualité du monde du football français à trois mois du mondial 1958. La cinquième République est ébranlée.
    Une deuxième armée
    L’équipe du FLN surnommée « Onze de l’indépendance » qui a rejoint le mouvement révolutionnaire était, au même titre que les hommes armés de l’ALN, en mission officielle de combattre la France coloniale pour l’Indépendance de l’Algérie. Le retentissement international de la constitution de cette équipe du FLN a été qualifié par Ferhat Abbas d’un « bond de 10 ans d’avance pour les objectifs de la révolution algérienne ». Le projet, le but de l’Indépendance était irrésistible, une année déjà avant la création de l’équipe FLN, une première formation de joueurs sera constituée dès 1957 (13 mai) pour fortifier la révolution. Ce sera l’équipe de l’ALN (Armée de libération nationale ) avec près de 20 joueurs (Rebih, Doudou, Kahlaoui, Saci, Chebli, Benhaik, Zerrar, Lamri, Saidou, Chouchane, Chenni, Moussaoui, Sadi, Diab, Soudani, Boulahbla, Djebrani, et Bensaid). Et si le rôle de cette équipe était, surtout psychologique pour prouver à la France coloniale et métropolitaine que la cause algérienne était légitime et que son action était irréversible jusqu’au but final, cette équipe de talentueux joueurs, par sa désertion des clubs français, avait cassé le championnat français de football et brisé le rêve d’un « Onze français » qui nourrissait l’espoir de gagner le mondial 58 de Suède avec Zitouni (considéré comme le meilleur central du monde) et Mekhloufi (buteur et stratège de jeu parmi les 3 ou 4 meilleurs de la planète) et deux ou trois autres potentiels renforts (Bentifour, Ibrir, Boubekeur, …) La France sera balayée en demi-finale sur un carton du Brésil (5-2) dont trois buts du futur « Roi » Pelé qui n’avait pas encore bouclé ses 18 ans. Pendant ce temps, l’équipe du FLN collectionnait à travers ses tournées dans le monde des succès de haut niveau contre les grandes équipes (Yougoslavie, URSS, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Bulgarie, Irak, Vietnam,…) où les Mekhloufi, Bentifour gagnaient par des scores lourds, malgré l’opposition de la FIFA, sur pression de la France, de reconnaître officiellement cette équipe de révolutionnaires. Même lors d’un match contre la Pologne (4-4), les responsables polonais, par peur de représailles de la FIFA, et éviter en même temps de froisser la susceptibilité de la France ont refusé de laisser entonner l’hymne algérien avant de céder face à l’intransigeance des responsables et joueurs algériens. Le match s’est joué avec « Kassamen » qui a retenti dans le stade. Dans les autres pays, l’équipe du FLN a aussi joué avec la levée des couleurs nationales. L’aura de l’équipe du FLN a perturbé la France officielle alors que l’opinion sportive en général et les supporters des clubs désertés par nos joueurs avaient accepté et même compris le message. Pour preuve, à l’Indépendance, la France du football avait accueilli très sportivement le retour en club de 13 professionnels sur la trentaine des « fugitifs ». Le président français, le général Charles de Gaulle dit à Mekhloufi « La France c’est vous » lors de la finale de coupe de France remportée par Saint Etienne du capitaine Mekhloufi auteur d’un doublé. Une déclaration sous forme d’aveu de regret du président De Gaulle de ne voir que 13 joueurs de retour dans le championnat français alors que19 sont restés en Algérie participer au championnat algérien.
    L’Heure « H » « L’Algérie est une terre de football », résume Mohamed Maouche, un des joueurs de Reims qui s’est échiné, durant la période des désertions, au contact des joueurs devant rejoindre l’équipe FLN. « Les joueurs en Algérie, depuis le début du siècle existaient en qualité et en quantité. Le MCA a constitué dès les années 1919-1921 son équipe, composée exclusivement d’Algériens défiant les clubs de la France coloniale. Et dès les années 30-40, l’Afrique du Nord (Algérie- Tunisie- Maroc) était un vivier pour le football français. Une pépinière, surtout que l’ Algérie allait compter 15 à 20 joueurs dans le championnat français.Dans les années 55-58, les joueurs algériens étaient au nombre de près de 40 faisant les beaux jours de Marseille, Lyon, Nantes, Bordeaux, Nice. Le match amical France-Afrique du Nord au profit des sinistrés du séisme d’Orléanville (Chlef 1954) joué au Parc des Princes (3-2 pour les Maghrébins sonna la prise de conscience du poids du football dans l’émergence des identités et des libertés cassant sur l’élan, le mythe de la colonisation. La décision de la création de cette équipe jaillira lors du congrès de la Soummam avant d’être officialisée pour un objectif impératif. Cap sur Tunis Boumezrag, qui était aussi joueur, occupait en 1958 la fonction de directeur de la sous-division régionale algérienne de la Fédération française de football. Mohamed Allam, chargé de préparer dans le secret absolu la fuite des joueurs. Boumezrag approche les joueurs un à un et récolte leur accord et leur enthousiasme malgré les difficultés et les risques de cette mission nationale. « J’ai beaucoup d’amis en France, j’ai une place de choix dans mon club, j’ai tout, mais le problème est plus grand et plus noble que nous. Que feriez-vous si votre pays est en guerre et que vous êtes appelés à participer à la révolution », a expliqué Zitouni dans son entourage pour justifier sa décision de rejoindre l’équipe FLN alors qu’il était certain de jouer en tant que titulaire la coupe du monde avec l’équipe de France en Suède. Boumezrag donne les consignes pour le départ sur Tunis à partir du 8 avril 1958. Le président tunisien, Bourguiba, s’est dit prêt à accueillir l’équipe sur son sol où siège le GPRA. Les joueurs utilisèrent divers moyens de transport (avion, train, bus, voiture…) pour brouiller les pistes. Rome, Genève, Lausanne, constituent les escales avant Tunis. Chabri est arrêté et emprisonné. Maouche y échappe de justesse à la cour martiale (Maouche était un joueur qui accomplissait en même temps son service militaire obligatoire sous le drapeau français). Mais Maouche arrivera à s’enfuir en voiture. Dès lors, la France et sa fédération de football s’engagent à bloquer l’équipe FLN en demandant à la FIFA, la CAF et à beaucoup de pays de ne pas reconnaître cette équipe des révolutionnaires. La Tunisie et la Libye, qui ont reçu l’équipe FLN, seront sanctionnées par la FIFA. En Egypte, l’équipe FLN ne trouve pas de sparing-partner. Le Maroc se voit menacé après la tournée des « Verts ». L’Egypte prend peur avec l’affaire du canal de Suez. C’est dire la force technique et la personnalité respectable de nos joueurs révolutionnaires qui ont obligé le France sportive post-indépendance à reconnaître le talent de ces faiseurs de victoires au sens le plus large du terme. L’équipe FLN aura joué du 13 avril 1958 (constitution de l’équipe jusqu’à l’Indépendance) 83 matches pour 57 victoires, 14 nuls, 12 défaites. L’Algérie a marqué 349 buts et encaissé 119. L’équipe FLN s’est produite, souvent, dans des stades archicombles, comme lors des matchs face à la Yougoslavie devant 80.000 spectateurs (6-1 pour l’EN du FLN). Ou à Bucarest (Roumanie) devant 90.000 personnes (2-2). Des décors et messages difficiles à occulter par l’ONU. Le poids de ces joueurs, au niveau des clubs français, était impressionnant. « Sans les joueurs algériens, le championnat de France, voire le football français n’avait aucune saveur, aucun relief. Un championnat sans génie. Entre 1947 et 1970, c’est une moyenne de quinze joueurs algériens, qui animeront et brilleront dans les plus grands clubs français (Marseille, Bordeaux, Monaco, Nice, Toulouse, Nantes, Lille, Reims, Strasbourg, Angers, Saint-Etienne, Lens, Lyon) dont cinq (Zitouni, Mekhloufi, Ibrir, Bentifour, Brahimi) étaient sélectionnés dans l’équipe de France. Zitouni avait même été préféré au grand joueur Jonquet. Zitouni, en rejoignant l’équipe FLN, venait de signifier « aux responsables du Real Madrid qui lui avaient déroulé le tapis rouge, qu’il avait fait le choix de jouer pour la libération de son pays », nous révéla Zitouni lors de son jubilé a Bologhine. La France des grands joueurs se vide avec le départ de l’armada algérienne (32 joueurs), répartis à travers les clubs de l’élite du football français. Seuls les Mahi, Ahmed Arab ou Salah Djebaili, n’ont pu rejoindre l’équipe. L’équipe FLN, malgré les interdits, obtient des succès retentissants et émerveille les sportifs de la planète, particulièrement en Europe de l’est, en Chine, au Maghreb et Machreq, au Vietnam…A la fin de la guerre et suite aux accords d’Evian, les joueurs algériens ont vu leurs suspensions levées par la FFF, le 29 juin 1962. Le football français couvait, avec le départ des joueurs algériens, une crise à la limite de l’hémorragie quand on sait que les joueurs issus des colonies françaises, à cette période 56-60, représentaient le 1/3 des effectifs des clubs du championnat. L’effet d’entraînement « contagion » faisait craindre le pire aux dirigeants des clubs français et à la Fédération française de football. En réalité, la casse était déjà signée si on jugeait de la grande qualité des 32 joueurs algériens qui venaient de choisir le devoir contre le confort.
    M. H.
    dz(0000/1111)dz
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