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Poème de l'amour et de la mer

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    Ernest Chausson (1855-1899)

    Poème de l'amour et de la mer, op. 19 (Poem of Love and the Sea / Das Lied von der Liebe und vom Meer)

    I - La Fleur des eaux
    II - Interlude
    III - La Mort de l'Amour

    Irma Kolassi, mezzo-soprano (1918-2012)

    London Philharmonic Orchestra
    Conducted by Louis de Froment
    1955
    ____________
    "La fleur des eaux" (poem by Maurice Bauchor 1855-1929)

    L'air est plein d'une odeur exquise de lilas,
    Qui, fleurissant du haut des murs jusques en bas,
    Embaument les cheveux des femmes.
    La mer au grand soleil va toute s'embraser,
    Et sur le sable fin qu'elles viennent baiser
    Roulent d'éblouissantes lames.

    O ciel qui de ses yeux dois porter la couleur,
    Brise qui vas chanter dans les lilas en fleur
    Pour en sortir tout embaumée,
    Ruisseaux, qui mouillerez sa robe,
    O verts sentiers,
    Vous qui tressaillirez sous ses chers petits pieds,
    Faites-moi voir ma bien aimée!

    Et mon cœur s'est levé par ce matin d'été;
    Car une belle enfant était sur le rivage,
    Laissant errer sur moi des yeux pleins de clarté,
    Et qui me souriait d'un air tendre et sauvage.

    Toi que transfiguraient la Jeunesse et l'Amour,
    Tu m'apparus alors comme l'âme des choses;
    Mon cœur vola vers toi, tu le pris sans retour,
    Et du ciel entr'ouvert pleuvaient sur nous des roses.

    Quel son lamentable et sauvage
    Va sonner l'heure de l'adieu!
    La mer roule sur le rivage,
    Moqueuse, et se souciant peu
    Que ce soit l'heure de l'adieu.

    Des oiseaux passent, l'aile ouverte,
    Sur l'abîme presque joyeux;
    Au grand soleil la mer est verte,
    Et je saigne, silencieux,
    En regardant briller les cieux.

    Je saigne en regardant ma vie
    Qui va s'éloigner sur les flots;
    Mon âme unique m'est ravie
    Et la sombre clameur des flots
    Couvre le bruit de mes sanglots.

    Qui sait si cette mer cruelle
    La ramènera vers mon cœur?
    Mes regards sont fixés sur elle;
    La mer chante, et le vent moqueur
    Raille l'angoisse de mon cœur.
    dz(0000/1111)dz
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