L'économie des frontières terrestres interétatiques pose des problèmes spécifiques qu'il est aussi difficile d'appréhender que de résoudre.
Les zones frontalières sont, quelque puissants que soient les Etats se partageant ces frontières, des aires où se développe toute une économie parallèle échappant plus ou moins au contrôle des autorités institutionnelles officielles. Les états limitrophes peinent à imposer leurs normes, quelques soient les moyens humains, techniques ou légaux dont ils disposent.
UNE SITUATION DE HORS LA LOI COMMUNE AUX ZONES FRONTALIERES TERRESTRES
Ce type de situation , que l'on peut considérer comme caractéristique des zones frontalières terrestres à travers le monde, est d'autant plus sérieux que les économies des pays limitrophes différent l'une de l'autre en termes de niveau de développement, de politique économique, de ressources naturelles, de politique monétaire et de politique des changes, de taux d'inflation, comme de réglementations en matière de commerce international, comme de législation douanière. Il se développe, dans ces zones, des activités commerciales clandestines, dont l'objectif principal est, pour ceux qui les conduisent, de tirer profit des avantages comparatifs des deux économies qui se partagent une frontière terrestre commune, et de la différence de prix entre les biens transportables d'un pays à l'autre. Cela va des transferts illicites de fonds du pays à taux de change surévalué et à taux d'inflation élevé au pays à taux de change équilibré et à faible taux , d'inflation, en passant par l'introduction de marchandises faiblement taxées dans un pays vers le pays où cette taxation est forte, sans oublier l'écoulement de produits subventionnés dans un pays vers le pays où leur prix est libres .
LA CONTREBANDE : UNE ACTIVITE OPPORTUNISTE
La contrebande est une activité particulièrement opportuniste, et la recherche du gain rapide est sa seule motivation ; donc la nature des produits transférés illicitement d'un pays à l'autre, à travers les frontières terrestres communes, change avec l'évolution de l'économie dans chacun de ces pays, avec les transformations dans les besoins des populations en cause, avec les modifications dans les revenus des populations des deux côtés des frontières. Le contrebandier, par définition, est indifférent aux intérêts stratégiques et politiques qui déterminent les échanges commerciaux, et est à la recherche de toute occasion de faire rapidement fortune, que cela porte ou non préjudice économique, social, ou sécuritaire au pays dont il assume la citoyenneté. Quelle que soit la marchandise objet de la contrebande, ce qui compte n'est pas sa nature particulière ou le besoin qu'elle est censée satisfaire chez son consommateur, c'est essentiellement le rapport bénéfice/prix qu'elle génère.
Plus le rapport est élevé, plus le risque que le contrebandier est disposé à accepter en faisant commerce du produit en cause est fort, plus son incitation à commercer clandestinement de ce produit est aigüe.
LES AVANTAGES EMPOISONNES DE LA CONTREBANDE TERRESTRE
Souvent, les états, incapables de mobiliser les ressources nécessaires pour développer leurs zones frontalières, ferment les yeux sur le commerce illicite qui est d'autant plus florissant qu'il échappe à tout contrôle fiscal ou de qualité et qu'il draine des produits à forte capacité de générer des bénéfices. Des arguments de type social sont alors avancés pour justifier cette politique de laissez-faire poursuivie par certains pays à l'égard de leurs zones frontalières. Ce commerce, tout illicite qu'il soit, à selon les autorités de ces pays, l'avantage de fournir des emplois, donc de contribuer à la réduction du chômage, d'approvisionner en produits de consommation à faible prix des populations en général éloignées des régions de production ou des zones portuaires où ces produits sont débarqués, lorsqu'ils sont importés.
Ainsi peut-on lire dans une étude consacrée à ce sujet et portant sur l'Afrique de l'Est-ce qui suit :
« Le commerce informel transfrontalier reste un secteur très important en Afrique en général et dans la région du Marché commun d'Afrique orientale et australe (COMESA) en particulier. Il contribue à la croissance économique, la création d'emplois et la sécurité alimentaire pour une majeure partie de la population de la région. Selon les estimations de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) en 2009, 20 à 75% de la population africaine est employée dans le secteur informel, dont le commerce informel transfrontalier fait partie. L'OCDE (2003) estime que le commerce informel transfrontalier est une source de revenu pour environ 43% de la population africaine avec une forte présence des femmes qui représentent 70% dans ce secteur. Les raisons majeures qui justifient le développement du commerce informel transfrontalier ont été largement documentées par diverses études en Afrique. Plusieurs facteurs sociaux, économiques, naturels et politiques expliquent la grande vitalité de ce commerce. (dans : Daniel Njiwa : »Commerce informel transfrontalier dans la zone COMESA: opportunités et risques du régime commercial simplifié» ; Passerelles Volume 14 Numéro 1 Mars 2013) »
La tentation est grande parmi les autorités officielles de ne pas intervenir pour mettre fin à cette situation de non-état à leurs frontières. Sommes toutes, les contrebandiers ne font que profiter des distorsions dans la formations des prix, distorsions créées par les politiques économiques, sociales et monétaires mises en œuvre dans les pays qui se partagent des frontières terrestres.
Ces mêmes contrebandiers facilitent également l'approvisionnement réciproque des populations frontalières en produits à meilleur marché dans le pays voisin ; de plus ils fournissent des opportunités d'affaires à ceux qui ont l'esprit d'entreprise et sont disposés à prendre des risques pour récolter des bénéfices élevés et créent des emplois au profit des petites mains chargées de redistribuer les produits introduits en fraude dans le territoire voisin. Bref ,selon cette approche, la population tout comme les autorités officielles gagneraient à fermer les yeux sur des transactions commerciales certes illicites, certes échappant aux contrôles du fisc et des services douaniers, transactions qui assurent un minimum de tranquillité sociale dans les régions frontalières en général pauvres en ressources naturelles et offrant peu d'opportunités de travail à la population locale.
LES LONGUES FRONTIERES TERRESTRES ALGERIENNES
L'Algérie a le désavantage d'avoir des frontières terrestres particulièrement longues, qu'elle partage avec 7 pays sur trois points cardinaux aux niveaux de développement et aux ressources naturelles très différentes d'une frontière à l'autre et plus ou moins éloignées des centres de décision et d'approvisionnement localisés entièrement au nord du pays. Selon les caractéristiques économiques propres à chacun de ces pays frontaliers, le flux de marchandises venant du territoire algérien vers ces pays ou en provenance de ces pays, change de contenu et d'intensité. Ce n'est pas un secret que tous les produits alimentaires subventionnés trouvent un chemin dans les marchés africains limitrophes subsahariens et ce, depuis des décennies, du sucre à la farine, en passant par le lait en poudre. A la frontière Est-ce sont les produits alimentaires subventionnés ou non qui forment une bonne partie des transactions, mais le plus important est le trafic des carburants en provenance de l'Algérie et écoulés par les contrebandiers en Tunisie, la contrepartie étant essentiellement les cigarettes et les produits électroniques.
La frontière terrestre la plus longue est celle que l'Algérie partage avec le Maroc : elle est de 1559 kms, suivant les documents de ratification établis, et donc officialisés par les autorités des deux pays. Cependant la majeure partie des populations sur ces frontières se concentre sur une distance d'environ 50 kms, s'étendant, du côté algérien de Marsa bel Mhidi à Zouj Bghel. Cette frontière nord-ouest a toujours été la principale zone de contrebande entre l'Algérie et le Maroc au temps de la période coloniale.
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Les zones frontalières sont, quelque puissants que soient les Etats se partageant ces frontières, des aires où se développe toute une économie parallèle échappant plus ou moins au contrôle des autorités institutionnelles officielles. Les états limitrophes peinent à imposer leurs normes, quelques soient les moyens humains, techniques ou légaux dont ils disposent.
UNE SITUATION DE HORS LA LOI COMMUNE AUX ZONES FRONTALIERES TERRESTRES
Ce type de situation , que l'on peut considérer comme caractéristique des zones frontalières terrestres à travers le monde, est d'autant plus sérieux que les économies des pays limitrophes différent l'une de l'autre en termes de niveau de développement, de politique économique, de ressources naturelles, de politique monétaire et de politique des changes, de taux d'inflation, comme de réglementations en matière de commerce international, comme de législation douanière. Il se développe, dans ces zones, des activités commerciales clandestines, dont l'objectif principal est, pour ceux qui les conduisent, de tirer profit des avantages comparatifs des deux économies qui se partagent une frontière terrestre commune, et de la différence de prix entre les biens transportables d'un pays à l'autre. Cela va des transferts illicites de fonds du pays à taux de change surévalué et à taux d'inflation élevé au pays à taux de change équilibré et à faible taux , d'inflation, en passant par l'introduction de marchandises faiblement taxées dans un pays vers le pays où cette taxation est forte, sans oublier l'écoulement de produits subventionnés dans un pays vers le pays où leur prix est libres .
LA CONTREBANDE : UNE ACTIVITE OPPORTUNISTE
La contrebande est une activité particulièrement opportuniste, et la recherche du gain rapide est sa seule motivation ; donc la nature des produits transférés illicitement d'un pays à l'autre, à travers les frontières terrestres communes, change avec l'évolution de l'économie dans chacun de ces pays, avec les transformations dans les besoins des populations en cause, avec les modifications dans les revenus des populations des deux côtés des frontières. Le contrebandier, par définition, est indifférent aux intérêts stratégiques et politiques qui déterminent les échanges commerciaux, et est à la recherche de toute occasion de faire rapidement fortune, que cela porte ou non préjudice économique, social, ou sécuritaire au pays dont il assume la citoyenneté. Quelle que soit la marchandise objet de la contrebande, ce qui compte n'est pas sa nature particulière ou le besoin qu'elle est censée satisfaire chez son consommateur, c'est essentiellement le rapport bénéfice/prix qu'elle génère.
Plus le rapport est élevé, plus le risque que le contrebandier est disposé à accepter en faisant commerce du produit en cause est fort, plus son incitation à commercer clandestinement de ce produit est aigüe.
LES AVANTAGES EMPOISONNES DE LA CONTREBANDE TERRESTRE
Souvent, les états, incapables de mobiliser les ressources nécessaires pour développer leurs zones frontalières, ferment les yeux sur le commerce illicite qui est d'autant plus florissant qu'il échappe à tout contrôle fiscal ou de qualité et qu'il draine des produits à forte capacité de générer des bénéfices. Des arguments de type social sont alors avancés pour justifier cette politique de laissez-faire poursuivie par certains pays à l'égard de leurs zones frontalières. Ce commerce, tout illicite qu'il soit, à selon les autorités de ces pays, l'avantage de fournir des emplois, donc de contribuer à la réduction du chômage, d'approvisionner en produits de consommation à faible prix des populations en général éloignées des régions de production ou des zones portuaires où ces produits sont débarqués, lorsqu'ils sont importés.
Ainsi peut-on lire dans une étude consacrée à ce sujet et portant sur l'Afrique de l'Est-ce qui suit :
« Le commerce informel transfrontalier reste un secteur très important en Afrique en général et dans la région du Marché commun d'Afrique orientale et australe (COMESA) en particulier. Il contribue à la croissance économique, la création d'emplois et la sécurité alimentaire pour une majeure partie de la population de la région. Selon les estimations de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) en 2009, 20 à 75% de la population africaine est employée dans le secteur informel, dont le commerce informel transfrontalier fait partie. L'OCDE (2003) estime que le commerce informel transfrontalier est une source de revenu pour environ 43% de la population africaine avec une forte présence des femmes qui représentent 70% dans ce secteur. Les raisons majeures qui justifient le développement du commerce informel transfrontalier ont été largement documentées par diverses études en Afrique. Plusieurs facteurs sociaux, économiques, naturels et politiques expliquent la grande vitalité de ce commerce. (dans : Daniel Njiwa : »Commerce informel transfrontalier dans la zone COMESA: opportunités et risques du régime commercial simplifié» ; Passerelles Volume 14 Numéro 1 Mars 2013) »
La tentation est grande parmi les autorités officielles de ne pas intervenir pour mettre fin à cette situation de non-état à leurs frontières. Sommes toutes, les contrebandiers ne font que profiter des distorsions dans la formations des prix, distorsions créées par les politiques économiques, sociales et monétaires mises en œuvre dans les pays qui se partagent des frontières terrestres.
Ces mêmes contrebandiers facilitent également l'approvisionnement réciproque des populations frontalières en produits à meilleur marché dans le pays voisin ; de plus ils fournissent des opportunités d'affaires à ceux qui ont l'esprit d'entreprise et sont disposés à prendre des risques pour récolter des bénéfices élevés et créent des emplois au profit des petites mains chargées de redistribuer les produits introduits en fraude dans le territoire voisin. Bref ,selon cette approche, la population tout comme les autorités officielles gagneraient à fermer les yeux sur des transactions commerciales certes illicites, certes échappant aux contrôles du fisc et des services douaniers, transactions qui assurent un minimum de tranquillité sociale dans les régions frontalières en général pauvres en ressources naturelles et offrant peu d'opportunités de travail à la population locale.
LES LONGUES FRONTIERES TERRESTRES ALGERIENNES
L'Algérie a le désavantage d'avoir des frontières terrestres particulièrement longues, qu'elle partage avec 7 pays sur trois points cardinaux aux niveaux de développement et aux ressources naturelles très différentes d'une frontière à l'autre et plus ou moins éloignées des centres de décision et d'approvisionnement localisés entièrement au nord du pays. Selon les caractéristiques économiques propres à chacun de ces pays frontaliers, le flux de marchandises venant du territoire algérien vers ces pays ou en provenance de ces pays, change de contenu et d'intensité. Ce n'est pas un secret que tous les produits alimentaires subventionnés trouvent un chemin dans les marchés africains limitrophes subsahariens et ce, depuis des décennies, du sucre à la farine, en passant par le lait en poudre. A la frontière Est-ce sont les produits alimentaires subventionnés ou non qui forment une bonne partie des transactions, mais le plus important est le trafic des carburants en provenance de l'Algérie et écoulés par les contrebandiers en Tunisie, la contrepartie étant essentiellement les cigarettes et les produits électroniques.
La frontière terrestre la plus longue est celle que l'Algérie partage avec le Maroc : elle est de 1559 kms, suivant les documents de ratification établis, et donc officialisés par les autorités des deux pays. Cependant la majeure partie des populations sur ces frontières se concentre sur une distance d'environ 50 kms, s'étendant, du côté algérien de Marsa bel Mhidi à Zouj Bghel. Cette frontière nord-ouest a toujours été la principale zone de contrebande entre l'Algérie et le Maroc au temps de la période coloniale.
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