Madani Mezrag prône une amnistie générale et le retour des cadres du FIS dissous à la vie politique. En qualité de quoi Madani Mezrag s’exprime t-il ?
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Madani Mezrag a affirmé que les islamistes n’ont eu que “le minimum”
“La prochaine étape... l’amnistie”
Par Djilali B.
Journal Liberté
30/08/2006
Pour l’ex-emir de l’AIS, les récents attentats commis par le GSPC "sont calculés".
L’ex-“émir” de l’AIS, Madani Mezrag, promet d’être au rendez-vous électoral de 2007. Candidat ? Certainement. Mais il ne précise pas sous quelle forme et sous quelle bannière. Cela s’inscrit dans la logique des accords conclus entre l’ANP et l’AIS auxquels a donné le président Bouteflika une assise politique, à travers la politique de concorde civile. C’est sous le parrainage de l’organisation nationale pour la continuité entre les générations (ONCG) qu’il a organisé en catimini une conférence de presse hier.
Ceci semble être le premier message de l’ex-chef du groupe terroriste dont le propos a surtout été de scinder les algériens en deux catégories, les partisans de l’Algérie et donc de la réconciliation nationale, et les partisans de la fitna, dont ils tirent les profits. Dans cette dernière catégorie qu’il définit par “hizb frança” (parti de la France), maffia politico-financière et lobby anti-algérien, on retrouve, selon lui, des officiers supérieurs de l’armée, des responsables de partis politiques laïcs, des responsables syndicaux, des responsables dans l’administration, des journaux et des journalistes. “Ces étrangers” à l’Algérie en sont ses ennemis et sont, selon lui, derrière les blocages administratifs qui entravent l’application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
La charte, une étape de la réconciliation
Ces blocages sont une des raisons de la revendication de prorogation du délai de l’application de la charte. “Je suis contre le délai dans la loi, parce que cette idée même de délai est de mauvaise foi”, dit-il en appelant à laisser “la porte du dialogue ouverte” avec l’espoir de convaincre les terroristes réticents. Dans son optique, le texte de la charte permettant au président de prendre des mesures supplémentaires, le président Bouteflika est appelé par Madani Mezrag — qui parle avec le “on” pluriel — à produire “un autre texte plus fort”. La finalité, selon lui, est d’arriver à “l’amnistie générale” pour clore définitivement le dossier de la crise algérienne. Aussi considère-t-il la charte pour la paix et la réconciliation nationale comme une étape d’un grand projet qui doit se poursuivre. Car, a-t-il indiqué, la loi ne comprend pas le volet politique. Il faut donc aller plus loin et régler ce problème. En fait, pour lui, il s’agit de réhabiliter les cadres du FIS, de leur ouvrir le champ politique. “Ce sont des algériens, ils ont les mêmes droits”, a-t-il appuyé, arguant que c’est “le pouvoir qui a commis des fautes en arrêtant le processus électoral” et toutes les mesures de représailles prises contre les cadres et militants du parti dissous. D’ailleurs, rappelle-t-il en omettant la polémique qui s’en est suivie, les accords de l’AIS avec l’ANP leur accordent à tous, sans exception, leurs droits civiques et politiques.
Revenant à la réconciliation nationale, il a souligné que la commission nationale de suivi et ses démembrements au niveau des wilayas est un organisme officiel, donc pas neutre. C’est pour cela qu’il réclame la mise en place d’un instrument indépendant doté de moyens et de prérogatives, y compris celle de prendre des initiatives pour convaincre les derniers terroristes qui sont encore au maquis. L’instrument doit être composé d’hommes qui croient en la réconciliation et soient prêts au sacrifice. La mission de cette “commission” sera de suivre de près l’application de la charte et de poursuivre le travail pour amener les derniers “groupuscules” à déposer les armes. Ces hommes pourraient se recruter parmi “les nationalistes, les islamistes et les dignes démocrates qui doivent jouer leur rôle”, a-t-il ajouté. Cette option est d’autant plus possible, selon lui, qu’il se permet de s’accorder un an pour en finir avec les maquis. “Laissez-nous les convaincre et dans un an ce sera fini”, dit-il. Dans le cas contraire, “si les frères des maquis ne veulent pas descendre, nous irons les combattre”, a-t-il tranché.
“Hizb frança” qui bloque
Sur sa rencontre avec le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, il dira qu’il s’agissait de lui remettre un listing des cas d’entraves des commissions de wilaya de suivi de l’application de la charte. Indirectement, il justifiera sa préférence pour Belkhadem. Il reconnaît à Ahmed Ouyahia son travail, mais il le catalogue de “occidentaliste, laïc”, implicitement du “hizb frança”. Par contre, Belkhadem est nationaliste, conservateur, arabiste et “éduqué”. Même s’il ne tape pas sur la table, il a créé un consensus autour de lui, dit-il, tout en reconnaissant qu’il ne peut rien contre l’administration.
Interrogé à propos de son insistance sur l’amnistie générale, alors que le président de la république l’a catégoriquement refusée, Mezrag répond en apportant des arguments à Bouteflika. “Le président ne veut pas inclure ceux qui cherchent l’amnistie fiscale et l’effacement de leurs dettes”, a-t-il argué. Ce sont ces mêmes gens qui ont profité de la décennie passée qui, selon lui, veulent profiter de cette loi. D’ailleurs, a-t-il affirmé, ils ont tout intérêt à ce que la crise perdure. “Ils feront l’impossible pour que la fitna dure encore”, dit-il.
Quant aux derniers attentats commis par le GSPC, il a avancé qu’“ils sont calculés”. “À chaque fois qu’il y a une initiative dans le sens de la réconciliation, il y a des attentats”, dit-il. Et il soupçonne “des gens d’utiliser les frères (du GSPC)”. Car, selon lui, les groupuscules (du GSPC) sont éparpillés et n’ont pas les moyens de s’organiser. Main étrangère ? Il ne l’écarte pas même si son opinion discrédite “ses frères rebelles”, comme il les désigne.
Mais c’est un détail puisque le principal objectif pour lui est l’amnistie générale et le retour des cadres du FIS dissous à la vie politique. C’est cela la réconciliation version Madani Mezrag. Son second message.
Djilali B.
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Madani Mezrag a affirmé que les islamistes n’ont eu que “le minimum”
“La prochaine étape... l’amnistie”
Par Djilali B.
Journal Liberté
30/08/2006
Pour l’ex-emir de l’AIS, les récents attentats commis par le GSPC "sont calculés".
L’ex-“émir” de l’AIS, Madani Mezrag, promet d’être au rendez-vous électoral de 2007. Candidat ? Certainement. Mais il ne précise pas sous quelle forme et sous quelle bannière. Cela s’inscrit dans la logique des accords conclus entre l’ANP et l’AIS auxquels a donné le président Bouteflika une assise politique, à travers la politique de concorde civile. C’est sous le parrainage de l’organisation nationale pour la continuité entre les générations (ONCG) qu’il a organisé en catimini une conférence de presse hier.
Ceci semble être le premier message de l’ex-chef du groupe terroriste dont le propos a surtout été de scinder les algériens en deux catégories, les partisans de l’Algérie et donc de la réconciliation nationale, et les partisans de la fitna, dont ils tirent les profits. Dans cette dernière catégorie qu’il définit par “hizb frança” (parti de la France), maffia politico-financière et lobby anti-algérien, on retrouve, selon lui, des officiers supérieurs de l’armée, des responsables de partis politiques laïcs, des responsables syndicaux, des responsables dans l’administration, des journaux et des journalistes. “Ces étrangers” à l’Algérie en sont ses ennemis et sont, selon lui, derrière les blocages administratifs qui entravent l’application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
La charte, une étape de la réconciliation
Ces blocages sont une des raisons de la revendication de prorogation du délai de l’application de la charte. “Je suis contre le délai dans la loi, parce que cette idée même de délai est de mauvaise foi”, dit-il en appelant à laisser “la porte du dialogue ouverte” avec l’espoir de convaincre les terroristes réticents. Dans son optique, le texte de la charte permettant au président de prendre des mesures supplémentaires, le président Bouteflika est appelé par Madani Mezrag — qui parle avec le “on” pluriel — à produire “un autre texte plus fort”. La finalité, selon lui, est d’arriver à “l’amnistie générale” pour clore définitivement le dossier de la crise algérienne. Aussi considère-t-il la charte pour la paix et la réconciliation nationale comme une étape d’un grand projet qui doit se poursuivre. Car, a-t-il indiqué, la loi ne comprend pas le volet politique. Il faut donc aller plus loin et régler ce problème. En fait, pour lui, il s’agit de réhabiliter les cadres du FIS, de leur ouvrir le champ politique. “Ce sont des algériens, ils ont les mêmes droits”, a-t-il appuyé, arguant que c’est “le pouvoir qui a commis des fautes en arrêtant le processus électoral” et toutes les mesures de représailles prises contre les cadres et militants du parti dissous. D’ailleurs, rappelle-t-il en omettant la polémique qui s’en est suivie, les accords de l’AIS avec l’ANP leur accordent à tous, sans exception, leurs droits civiques et politiques.
Revenant à la réconciliation nationale, il a souligné que la commission nationale de suivi et ses démembrements au niveau des wilayas est un organisme officiel, donc pas neutre. C’est pour cela qu’il réclame la mise en place d’un instrument indépendant doté de moyens et de prérogatives, y compris celle de prendre des initiatives pour convaincre les derniers terroristes qui sont encore au maquis. L’instrument doit être composé d’hommes qui croient en la réconciliation et soient prêts au sacrifice. La mission de cette “commission” sera de suivre de près l’application de la charte et de poursuivre le travail pour amener les derniers “groupuscules” à déposer les armes. Ces hommes pourraient se recruter parmi “les nationalistes, les islamistes et les dignes démocrates qui doivent jouer leur rôle”, a-t-il ajouté. Cette option est d’autant plus possible, selon lui, qu’il se permet de s’accorder un an pour en finir avec les maquis. “Laissez-nous les convaincre et dans un an ce sera fini”, dit-il. Dans le cas contraire, “si les frères des maquis ne veulent pas descendre, nous irons les combattre”, a-t-il tranché.
“Hizb frança” qui bloque
Sur sa rencontre avec le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, il dira qu’il s’agissait de lui remettre un listing des cas d’entraves des commissions de wilaya de suivi de l’application de la charte. Indirectement, il justifiera sa préférence pour Belkhadem. Il reconnaît à Ahmed Ouyahia son travail, mais il le catalogue de “occidentaliste, laïc”, implicitement du “hizb frança”. Par contre, Belkhadem est nationaliste, conservateur, arabiste et “éduqué”. Même s’il ne tape pas sur la table, il a créé un consensus autour de lui, dit-il, tout en reconnaissant qu’il ne peut rien contre l’administration.
Interrogé à propos de son insistance sur l’amnistie générale, alors que le président de la république l’a catégoriquement refusée, Mezrag répond en apportant des arguments à Bouteflika. “Le président ne veut pas inclure ceux qui cherchent l’amnistie fiscale et l’effacement de leurs dettes”, a-t-il argué. Ce sont ces mêmes gens qui ont profité de la décennie passée qui, selon lui, veulent profiter de cette loi. D’ailleurs, a-t-il affirmé, ils ont tout intérêt à ce que la crise perdure. “Ils feront l’impossible pour que la fitna dure encore”, dit-il.
Quant aux derniers attentats commis par le GSPC, il a avancé qu’“ils sont calculés”. “À chaque fois qu’il y a une initiative dans le sens de la réconciliation, il y a des attentats”, dit-il. Et il soupçonne “des gens d’utiliser les frères (du GSPC)”. Car, selon lui, les groupuscules (du GSPC) sont éparpillés et n’ont pas les moyens de s’organiser. Main étrangère ? Il ne l’écarte pas même si son opinion discrédite “ses frères rebelles”, comme il les désigne.
Mais c’est un détail puisque le principal objectif pour lui est l’amnistie générale et le retour des cadres du FIS dissous à la vie politique. C’est cela la réconciliation version Madani Mezrag. Son second message.
Djilali B.
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