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Les infrastructures touristiques font défaut : les algériens privés de vacances

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  • Les infrastructures touristiques font défaut : les algériens privés de vacances

    La fin de l’année scolaire signe le retour des grandes vacances d’été, une période synonyme de repos, loisirs, divertissement, séjour en bord de mer et évasion avec toutes les nouvelles destinations qu’affichent les agences de voyages. Si pour certains privilégiés, notamment la haute sphère de la société, le programme est déjà tracé, pour bon nombre d’Algériens, c’est un luxe de s’offrir une petite semaine de vacances dans un site balnéaire loin du vacarme et de la canicule de la ville. Faute de moyens financiers, difficile de fuir l’oisiveté et l’ennui permanents en cette période caniculaire.

    Les tarifs appliqués dans les hôtels, les quelques complexes touristiques existants et par les particuliers qui louent leur maison en bord de mer cet été sont inabordables. Ils sont en effet loin d’être à la portée des bourses moyennes. Passer quelques jours de vacances reste donc un privilège réservé aux plus aisés. Quelles alternatives face à une telle situation aux ménages à revenus limités ? Aucune sinon rester cloîtré à la maison et priver les enfants de détente au moment où ils en ont grand besoin. Car, si sur le plan financier il est quasiment impossible pour la majorité des Algériens de partir en vacances ou de se rendre régulièrement en famille à la mer avec une sortie qui coûte en moyenne entre 2000 et 3000 dinars par jour, en matière d’infrastructures d’accueil et de centres de loisirs, c’est également la dénuement.

    Déficit en lieux de divertissement

    Nos communes, qu’elles soient urbaines ou rurales, souffrent d’un manque criant en lieux de divertissements. Ainsi, face à ce déficit en moyens de détente, la quasi-totalité des enfants et des jeunes se retrouvent souvent livrés à la rue et à ses risques en cette saison estivale. «Déjà qu’en temps normal, nous n’avons pas assez de structures sportives pour accueillir nos enfants. Et pourtant, on ne cesse de nous rappeler les dépenses consenties à cet effet», nous fera remarquer un père de famille avant de poursuivre : «Libérer un budget d’au moins 100 000 dinars, ce n’est pas chose aisée pour moi avec la cherté de la vie et le mois de Ramadhan qui arrive. A défaut d’offrir des vacances à mes enfants, je me contenterais de les faire sortir de temps en temps, mais là aussi il faut trouver les endroits idéals, sinon il y a les visites familiales.»

    Une autre maman, enseignante à l’université soulève un autre problème : «Avant de parler de vacances, je préfère souligner le manque flagrant en infrastructures sportives. Ma fille de cinq ans, autiste et trisomique, excelle en natation. Mais pas de place pour elle ne serait-ce que pour lui permettre de montrer ses capacités.»

    Des exemples parmi tant d’autres, qui illustrent le retard enregistré en Algérie en structures sportives et autres lieux de loisirs nécessaires pour l’épanouissement des enfants et des jeunes. «Investir dans la ressource humaine pour préparer l’encadrement du pays passe impérativement par la mise en place d’un environnement fiable au développement de l’enfant à tous les niveaux, que ce soit pour les loisirs ou autres. Or, même à l’école, les moyens ne sont pas assurés. Il n’y a qu’à voir l’état d’hygiène dans lequel baignent les établissements scolaires où les espaces dédiés au sport sont aussi quasi absents», avancera pour sa part une représentante d’une association de défense des droits des enfants.

    Et d’évoquer dans le même sillage le peu d’importance accordée à cette frange de la société en ce concerne l’accès aux loisirs : «L’enfant en Algérie de 0 à 18 ans est diminué de ses droits les moyens ne sont pas assurés. Pas d’équilibre entre l’offre et la demande. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’enfant et le jeune ne sont pas au centre des préoccupations des pouvoirs publics.» «Quand on construit une cité, on ne pense pas à réserver une aire de jeux mais aux garages», résumera de son côté une représentante d’une autre association dédiée à la protection des enfants abandonnés. «Ce qui manque le plus c’est un plan national en direction des enfants. Il est en élaboration depuis des années, mais tarde à arriver. Côté argent on dit qu’il y en a. Est-ce qu’il est bien utilisé ou non ?», s’interroge notre interlocutrice pour qui il est nécessaire d’investir en urgence dans l’enfance pour construire le pays.

    Une question relevée par de nombreux sociologues qui soulignent la nécessité de mettre en place les moyens nécessaires pour permettre aux jeunes Algériens de bien profiter de leur temps libre, notamment en période de vacances. Et dire que ce ne sont pas le budget et les programmes déployés par le gouvernement via le ministère de la Jeunesse et des Sports qui manquent.

    Des budgets et des promesses sans lendemain

    A chaque visite officielle ou réunion, on énumère ces projets qui tardent à voir le jour. Que ce soit dans les grandes villes ou à l’intérieur du pays, les besoins des jeunes en matière de divertissement sont loin d’être pris en charge. Stades, piscines, salles de cinéma, maisons de jeunes équipées, auberges, et autres structures de divertissement continuent à faire défaut dans un pays où les jeunes représentent plus de 70% de la population.

    Et pour cause, il y absence de plans, d’une stratégie adéquate, mais aussi de gestion transparente de l’argent destiné à la création des espaces de loisirs pour jeunes. Un point noir qui vient s’ajouter à celui de l’emploi.
    Une situation que les promesses d’un meilleur environnement à travers la construction d’une maison de jeunes dans chaque commune du pays, d’un club de jeunes dans chaque quartier et d’une maison pour les associations dans toutes les wilayas du pays, n’ont malheureusement pas réglée. Il était même prévu la réalisation de foyers de jeunes à travers le territoire national pour servir de liaison entre le mouvement associatif et l’administration.

    Pour rappel, le programme quinquennal 2010-2014 prévoit la réalisation de plus de 5000 infrastructures pour la jeunesse et les sports dont 80 stades, 160 salles polyvalentes, 400 piscines et plus de 200 auberges et maisons de jeunes. Au menu également, 750 complexes de proximité et plus de 150 centres de loisirs scientifiques.

    Où en sont tous ces chantiers pour lesquels il a été débloqué plus de 380 milliards de dinars ? Même si l’évaluation promise des projets n’a pas été faite, il est clair que le rythme de réalisation de toutes ces infrastructures n’avance pas comme souhaité.
    Ce qui risque de compromettre l’atteinte des objectifs à l’échéance fixée, c’est-à-dire dans moins d’une année. En attendant, les sorties des jeunes restent limitées aux regroupements dans les quartiers au bas des immeubles (avec tous les désagréments causés au voisinage), dans les cafés et les cybercafés des lieux considérés comme l’unique espace de rencontres de jeunes en quête d’évasion.

    Par ailleurs, les retenues collinaires, les mares, les oueds continuent à être l’ultime espace de baignade pour des enfants qui viennent des communes où les piscines font défaut. Des enfants qui meurent chaque été par noyade. Rien que la semaine dernière, les éléments de la Protection civile ont repêché trois corps inanimés. Celui d’un enfant qui s’est noyé dans une mare d’eau dans la commune de Tidjelabine (Boumerdès) et deux autres à Tizi Ouzou, vendredi dans deux points d’eau distincts. Ce n’est que le début de l’été pour des enfants chez qui les vacances sont loin de rimer avec détente, mais surtout avec risque et danger. Car, en plus des baignades interdites, il y a le travail des enfants pendant l’été, une manière d’aider les familles à subvenir à leurs besoins. Pour les colonies, ce ne sont que les entreprises se portant bien financièrement qui offrent ce genre de service à leurs employés. Là aussi, les chances ne sont pas égales.

    Structures de détente, un facteur de développement local


    Pour développer le tourisme, il ne suffit pas de valoriser la destination Algérie auprès des pays émetteurs de touristes, d’améliorer la qualité de l’hébergement et la qualification des personnes, mais d’aller vers une meilleure gouvernance plus adaptée aux exigences des touristes et de répondre parallèlement à une demande de plus en plus importante au prés de la population nationale en termes de loisirs. En plus des nouveaux projets, il y a lieu dans ce cadre d’investir dans des travaux d’équipement, d’aménagement et d’entretien des infrastructures existantes.

    Selon un rapport du Conseil national économique et social (CNES) qui considère cette demande comme une expression de l’amélioration du niveau de vie, c’est une manière de contribuer au développement local et des territoires.
    Ce sont là les principales attentes des populations, particulièrement les jeunes, et ce, d’autant, qu’à l’horizon 2025, le départ en vacances concernera plus de 11 millions d’Algériens selon le Schéma directeur d’aménagement du territoire (SDAT).


    Samira Imadalou- El Watan
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