Les réseaux sociaux sont devenus un catalyseur des mouvements contestataires dans le monde. Le Brésil ne fait pas exception. Fort de ces internautes, c’est à coup de tweets, vidéos virales, statuts Facebook que le mouvement s’organise dans le pays depuis quelques jours.
Ces derniers jours, la presse étrangère a essayé de décortiquer les raisons qui ont mené les Brésiliens à descendre en bloc dans la rue. Ce lundi, 250 000 personnes ont manifesté partout dans le pays. Pourquoi le Brésil, devenu une puissance économique ces dernières années, connaît-il maintenant ses plus importantes protestations depuis 20 ans ?
On sait que l'augmentation du prix des tarifs dans les transports à Sao Paulo a été l’élément déclencheur de la contestation, mais depuis, d'autres revendications ont émergé. On sait aussi que l'ascension d'une classe moyenne mieux formée, plus consommatrice a changé la donne : elle attend du gouvernement un service public de qualité qui n'existe pas dans le pays. Au Brésil, tout est payant : la santé, l'éducation, et même la sécurité. Dans les grandes villes, pour survivre à la criminalité, il faut blinder sa voiture et habiter dans des forteresses ultra-sécurisées.
Le mécontentement brésilien avait donc besoin d'un catalyseur pour exploser, explique le spécialiste Celso Figueiredo, professeur de communication politique à l'Université Mackenzie, à Sao Paulo. C’est pourquoi Facebook, le réseau social le plus populaire du pays, est devenu le vecteur par excellence de cette contestation. La plate-forme a nourri l'insatisfaction et les débats, et relaye aujourd'hui tout ce qu'il se passe autour des manifestations au Brésil : vidéos, photos, documents. Le réseau est à la fois une base de données et un lieu de débat ouvert, où différents milieux et tendances politiques se côtoient, non sans heurts, parfois. Au total, on estime que 54 millions de Brésiliens possèdent un compte Facebook.
« Ce n'est pas mai 68, c'est mai 2.0 »
Les discussions sont animées par des groupes d'origines diverses, comme par exemple la très active branche brésilienne des Anonymous. Ce mercredi, les pirates virtuels ont mis en ligne la liste complète des biens, téléphones et d'autres informations personnelles de la président Dilma Rousseff, de son rival de l'opposition, le sénateur Aécio Neves, ainsi que d'autres parlementaires. Même le président Lula n'a pas été épargné. Rapidement, ce fichier a été partagé sur Facebook et d'autres réseaux.
« On assiste à un nouveau modèle de protestation : d'abord le mouvement n'est pas politique, n'est pas conduit par un parti, même si quelques-uns essaient de bénéficier de la contestation. Ce n'est pas mai 68, c'est mai 2.0 », explique M Figueiredo . « Ces dernières années, une partie importante de la population a aussi accédé à l'Université, et par conséquent il y a plus des gens qui ont un « esprit critique », déclare-t-il. Ce qui nourrit cette insatisfaction et ce débat ce sont les réseaux sociaux, et surtout Facebook, rajoute le spécialiste. « Les réseaux fournissent un nouveau chemin dans la construction de l'identité. Ils sont une alternative au modèle auquel on est habitués au Brésil, où 5 familles partagent le contrôle des médias, et ont un rôle déterminant dans la culture. Les réseaux sociaux, donc, ont le pouvoir de conjuguer une multiplicité de sources distinctes, c'est pourquoi ils sont si attirants », remarque-t-il.
Selon lui, au Brésil, et pour cet événement en particulier, les réseaux exercent une influence directe dans la formation de l'opinion publique. Cela provoque, par conséquent, un rejet des médias traditionnels. Un exemple a été la campagne menée depuis quelques jours sur Facebook contre Rede Globo , la chaîne de télé la plus puissante du pays, longtemps considérée comme un pouvoir parallèle. A tel point que ses reporters ont été obligés de couvrir les manifestations en cachette, sans afficher le logo de la chaîne.
Les internautes se sont moqués de la naïveté du roi Pelé
Hier mercredi, une vidéo polémique publiée sur You Tube, a aussi échauffé les esprits sur Facebook. Pelé, le roi du football, et véritable légende du sport mondial, a décidé de faire un appel aux manifestants et de leur demander leur soutien à l'équipe brésilienne dans la Coupe des Confédérations. Un message qui a été mal perçu par les internautes, qui se sont moqués de la naïveté de l’athlète.
Avoir Facebook comme principal moyen de communication est une caractéristique typique des mouvements similaires à ceux du Printemps Arabe, ou encore des Indignés, affirme M. Figueiredo. « Il existe aussi quelque chose commun à ces mouvements : le fait qu'ils aient du mal à matérialiser leurs demandes en questions objectives. » Reste donc à savoir, selon lui, si la génération 2.0, qui a quitté Facebook pour descendre dans la rue, saura articuler son discours à long terme. Quoiqu'il en soit, les manifestations ont déjà porté leurs fruits : 12 villes au Brésil ont déjà accepté de maintenir les prix des tarifs dans le transports, comme demandait le mouvement Passe Livre, qui a organisé les manifestations.
Par RFI
Ces derniers jours, la presse étrangère a essayé de décortiquer les raisons qui ont mené les Brésiliens à descendre en bloc dans la rue. Ce lundi, 250 000 personnes ont manifesté partout dans le pays. Pourquoi le Brésil, devenu une puissance économique ces dernières années, connaît-il maintenant ses plus importantes protestations depuis 20 ans ?
On sait que l'augmentation du prix des tarifs dans les transports à Sao Paulo a été l’élément déclencheur de la contestation, mais depuis, d'autres revendications ont émergé. On sait aussi que l'ascension d'une classe moyenne mieux formée, plus consommatrice a changé la donne : elle attend du gouvernement un service public de qualité qui n'existe pas dans le pays. Au Brésil, tout est payant : la santé, l'éducation, et même la sécurité. Dans les grandes villes, pour survivre à la criminalité, il faut blinder sa voiture et habiter dans des forteresses ultra-sécurisées.
Le mécontentement brésilien avait donc besoin d'un catalyseur pour exploser, explique le spécialiste Celso Figueiredo, professeur de communication politique à l'Université Mackenzie, à Sao Paulo. C’est pourquoi Facebook, le réseau social le plus populaire du pays, est devenu le vecteur par excellence de cette contestation. La plate-forme a nourri l'insatisfaction et les débats, et relaye aujourd'hui tout ce qu'il se passe autour des manifestations au Brésil : vidéos, photos, documents. Le réseau est à la fois une base de données et un lieu de débat ouvert, où différents milieux et tendances politiques se côtoient, non sans heurts, parfois. Au total, on estime que 54 millions de Brésiliens possèdent un compte Facebook.
« Ce n'est pas mai 68, c'est mai 2.0 »
Les discussions sont animées par des groupes d'origines diverses, comme par exemple la très active branche brésilienne des Anonymous. Ce mercredi, les pirates virtuels ont mis en ligne la liste complète des biens, téléphones et d'autres informations personnelles de la président Dilma Rousseff, de son rival de l'opposition, le sénateur Aécio Neves, ainsi que d'autres parlementaires. Même le président Lula n'a pas été épargné. Rapidement, ce fichier a été partagé sur Facebook et d'autres réseaux.
« On assiste à un nouveau modèle de protestation : d'abord le mouvement n'est pas politique, n'est pas conduit par un parti, même si quelques-uns essaient de bénéficier de la contestation. Ce n'est pas mai 68, c'est mai 2.0 », explique M Figueiredo . « Ces dernières années, une partie importante de la population a aussi accédé à l'Université, et par conséquent il y a plus des gens qui ont un « esprit critique », déclare-t-il. Ce qui nourrit cette insatisfaction et ce débat ce sont les réseaux sociaux, et surtout Facebook, rajoute le spécialiste. « Les réseaux fournissent un nouveau chemin dans la construction de l'identité. Ils sont une alternative au modèle auquel on est habitués au Brésil, où 5 familles partagent le contrôle des médias, et ont un rôle déterminant dans la culture. Les réseaux sociaux, donc, ont le pouvoir de conjuguer une multiplicité de sources distinctes, c'est pourquoi ils sont si attirants », remarque-t-il.
Selon lui, au Brésil, et pour cet événement en particulier, les réseaux exercent une influence directe dans la formation de l'opinion publique. Cela provoque, par conséquent, un rejet des médias traditionnels. Un exemple a été la campagne menée depuis quelques jours sur Facebook contre Rede Globo , la chaîne de télé la plus puissante du pays, longtemps considérée comme un pouvoir parallèle. A tel point que ses reporters ont été obligés de couvrir les manifestations en cachette, sans afficher le logo de la chaîne.
Les internautes se sont moqués de la naïveté du roi Pelé
Hier mercredi, une vidéo polémique publiée sur You Tube, a aussi échauffé les esprits sur Facebook. Pelé, le roi du football, et véritable légende du sport mondial, a décidé de faire un appel aux manifestants et de leur demander leur soutien à l'équipe brésilienne dans la Coupe des Confédérations. Un message qui a été mal perçu par les internautes, qui se sont moqués de la naïveté de l’athlète.
Avoir Facebook comme principal moyen de communication est une caractéristique typique des mouvements similaires à ceux du Printemps Arabe, ou encore des Indignés, affirme M. Figueiredo. « Il existe aussi quelque chose commun à ces mouvements : le fait qu'ils aient du mal à matérialiser leurs demandes en questions objectives. » Reste donc à savoir, selon lui, si la génération 2.0, qui a quitté Facebook pour descendre dans la rue, saura articuler son discours à long terme. Quoiqu'il en soit, les manifestations ont déjà porté leurs fruits : 12 villes au Brésil ont déjà accepté de maintenir les prix des tarifs dans le transports, comme demandait le mouvement Passe Livre, qui a organisé les manifestations.
Par RFI
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